« J'aime pas le blanc, c'est trop ouvert comme couleur. J'aime le noir. »
Je suis comme le petit narrateur du très grand auteur que j'apprécie tant pour ces facéties. Ici une histoire courte tragi-comique d'une vingtaine de pages. Une histoire qui se déroule autour de différents placards, autant de mitards de circonstance, pourrais-je dire, car comment devient-on gardien de phare si l'on est pas d'abord un peu poète ?
Un brin d'autodérision de l'intérieur, pendant que dehors les embruns marins (ou pas) enveloppent ce nouveau placard, le phare : « Mes écrits sont trop concrets, pas assez abstraits. Mes écrits n'ont aucune valeur, aucun pouvoir, aucune utilité, aucun sens. Alors je continue. Par réflexe, par habitude, par nécessité. Pour lutter contre l'ennui. C'est long, le temps face aux murs, face au son, face à moi. C'est long, le temps sans mouvement, sans réalité, sans rien. C'est long, le temps. C'est bien. C'est parfait. C'est très varié. »
C'est impressionnant cette capacité de synthèse développée par Thierry ici, et déjà de subtils jeux de mots comme celui de la fin : « peut-être qu'on s'y retrouvera ». Non, pas dans l'au-delà, non, je n'aime pas du tout l'idée, mais dans le paradis des auteurs peu connus, c'est bien mieux. Fichtre, la notoriété !
C'est impressionnant comment notre enfant arrive à préserver son jardin secret d'images tout en le cultivant avec soin, mais aussi avec des spectateurs en chair et en os.
Je lève ma plume trempée d'encre rouge à la mémoire de Bistouri, Pomme et Verlan et je continue d'explorer les écrits de mon ami.
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Les objets me fascinent. Ours rassurant, clown farceur, lutin souriant, cheval en plastique. Je leur parle.
Je rentre plus dans mon placard — ma caisse à jouets. Alors je m’adapte. Je décide d’aller me pendre. En grimpant dans le pommier, je découvre un nid. Un nid, c’est bien. Exactement ce qu’il me faut. J’ai plus envie de me pendre.
Texte, collages, construction, musique et vidéo : Thierry Moral
www.thierrymoral.fr