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Michel Laclos (Autre)
EAN : 9782253013655
314 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Fondateur du Petit Corbillard illustré, collaborateur de plusieurs périodiques, dont Le Journal, où il tient la rubrique créée par Alphonse Allais - "La vie drôle" -, puis, à partir de 1933, L'Illustration, où paraît la "Semaine camique", Cami publie son premier recueil, Pour lire sous la douche, en 1913. Il recevra le grand prix d'Humour international en 1953. "L'humour, affirmait Cami, est une langue internationale, une sorte d'espéranto. Aussi, malgré les différe... >Voir plus
Que lire après Pour lire sous la doucheVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Connaissez-vous Cami ? Non ? Alors il est temps pour vous de combler une grave lacune. C'est bien simple, Charlie Chaplin disait de lui : c'est le plus grand humoriste "in the world". Avouez qu'un tel compliment, venant d'un tel artiste, vaut bien son pesant de cacahuètes !
Pierre-Henri Cami est né en 1884 à Pau (ce qui d'emblée le rend sympathique à mes yeux) et mort à Paris en 1958. Il laisse une oeuvre importante : romans, et surtout théâtre, sous formes de courtes saynètes où le loufoque côtoie l'absurde, où le burlesque se déverse dans un fantastique complètement déjanté. Il y a un côté surréaliste dans cette oeuvre, mais plus sûrement encore un côté complètement délirant. Tenez par exemple, les titres de ses romans sont à eux seuls tout un programme :
"Vendetta ! ou Une aventure corsée" 1926
"Le Jugement dernier, roman prématuré" 1928
"Le Scaphandrier de la Tour Eiffel" 1929
"Le Fils des Trois Mousquetaires, roman héroï-camique" 1929
"Les Mémoires de Dieu le père" 1930
"Christophe Colomb ou La Véritable Découverte de l'Amérique, roman sonore" 1931
"Les Chevaliers du gai, roman de jaquette et d'épée" 1935
"Quand j'étais jeune fille…, mémoires d'un gendarme" 1937
"La Ceinture de dame Alix, roman à clé" 1946
"Je ferai cocu le percepteur, roman fiscal et passionnel" 1949

Ses saynètes, en un deux ou trois actes très courts sont des petits modèles de non-sens, où l'auteur démonte tous les rouages du théâtre traditionnel, par une intrigue tirée par les cheveux où le langage tient la meilleure part : le calembour y est roi, les personnages simplifiés à l'extrême et flanqués de noms invraisemblables. Comme dit Prévert, un de ses fans : "Tous les personnages de Cami, le jeune-et-beau-vilain, le grand-père-conteur-automatique, le domestique-ex-albinos, le président-du-Cerceau-Club, l'Archer-aux-dents-creuses, le tailleur-au-regard-oblique, le poète-aux-cheveux-rejetés-en-arrière, l'épouse-dévouée-et-en-caraco, Loufock-Holmès, la marchande-de-quatre-saisons-et-à-colères-rentrées, se passent de commentaires...)

Vous trouverez en citation quelques saynètes issues de ce recueil, qui vous donneront je pense une idée assez juste de Cami, précurseur on le voit bien, de Pierre Dac et de Raymond Devos.

Et si vous faites du théâtre en amateur, amusez-vous (c'est le cas de le dire) à monter ces petites pièces, je vous garantis des fous rires en pagaille, autant sur la scène que dans le public !

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J'aime la brièveté. Non je ne renie en rien ces journées de ma jeunesse à lire la Recherche, ni le rythme, ni la profondeur de la langue de Marcel Proust. Mais je dois bien l'avouer, ces auteurs qui font naître un monde en quelques pages savent me transporter plus que d'autres.
Cami fait partie de ceux-là. Il est l'inventeur du théâtre de poche - non je veux pas parler d'une troupe ou d'une salle de spectacle mais bien d'un style de théâtre qui comme le livre du même nom se transporte partout, sans comédien, sans décor, sans costumes. Ou plutôt, si ! Tout se faufile dans votre poche et revit instantanément, les premier mots parcourus de vos yeux ébahis.
Ancêtre probablement de beaucoup d'humoriste français (pour qui la parodie est pain quotidien) mais aussi sans l'ombre d'un doute du théâtre de l'absurde (Ionesco et Cie), Cami nous emmène dans de courtes saynètes où la cruauté du monde fait place à la cruauté des personnages, toujours en porte-à-faux, n'apportant aucune solution à aucun problème et montrant plus de nous-mêmes que nous n'oserions en cacher !
À redécouvrir en toute hâte !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
UN ETRANGE SUICIDE

Premier tableau

Le mort qui parle

(La scène représente le cabinet de consultation de Loufock-Holmès)

LE VISITEUR INCONNU, entrant : Monsieur, je viens soumettre à votre génial talent déductif ma mystérieuse et inexplicable situation : j'exerçais depuis dix ans la profession de bourreaux de sardines…
LOUFOCK-HOLMES : Bourreau de sardines?
LE VISITEUR INCONNU : Oui. Bourreau dans une grande maison de conserves. J'étais chargé, avant la mise en boîtes, de décapiter les sardines. A force de voir tomber les têtes, je devins neurasthénique. Je résolus de me suicider. Avant de continuer mon récit, permettez-moi une question. Suis-je visible à l'œil nu?
LOUFOCK-HOLMES : Parfaitement. D'ailleurs c'est très naturel.
LE VISITEUR INCONNU : Vous ne direz plus que c'est naturel lorsque vous saurez que je suis mort depuis bientôt deux heures.
LOUFOCK-HOLMES : Vous dites?
LE VISITEUR INCONNU : Je dis que ce matin je mis mon projet de suicide à exécution. A l'aide d'une solide corde, je me suis pendu au plafond de ma salle à manger, 7, rue de la Tombe-Issoire.
LOUFOCK-HOLMES : C'est impossible, puisque vous êtes là.
LE VISITEUR INCONNU : C'est la vérité cependant. A l'heure qu'il est, je suis pendu chez moi et je suis ici en même temps.
LOUFOCK-HOLMES : Tout cela est étrange. Je vais me rendre à votre domicile pour constater par moi-même si vous êtes bien pendu au plafond de votre salle à manger. Je déduis dès à présent que vous avez été le jouet d'une hallucination. Vous allez m''attendre ici, en compagnie de mon fidèle disciple.


Deuxième tableau

Le suicidé distrait

(Même décor)

LOUFOCK-HOLMES, revenant : Vous aviez raison, monsieur. Votre corps est en effet pendu au plafond de votre salle à manger.
LE VISITEUR INCONNU, affolé : Alors, qui suis-je? Qui suis-je?
LOUFOCK-HOLMES : Rassurez-vous. J'ai fait mes déductions en chemin. Vous êtes sûrement l'esprit du corps pendu chez vous. Vous vous êtes matérialisé immédiatement après votre suicide et vous avez pris l'apparence du corps que vous veniez de quitter. Un détail m'a frappé, cependant.
LE VISITEUR INCONNU, anxieux : Quel détail?
LOUFOCK-HOLMES. : Vous portez des bottines noires et le corps pendu chez vous porte des bottines jaunes.
LE VISITEUR INCONNU : Jaunes! Vous avez dit jaunes!
LOUFOCK-HOLMES. : Oui, jaunes. J'en ai déduit…
LE VISITEUR INCONNU: Allez au diable avec vos déductions! Je comprends tout à présent! Je suis un assassin!
LOUFOCK-HOLMES : Un assassin?
LE VISITEUR INCONNU : Oui. J'habitais avec mon frère jumeau. A part les bottines, nous nous ressemblions d'une façon surprenante. Alors c'est bien simple: au lieu de me passer la corde au cou, je me suis trompé et…
LOUFOCK-HOLMES : Vous l'avez passée autour du cou de monsieur votre frère?
LE VISITEUR INCONNU; Oui. Je me suis confondu avec mon frère jumeau. En croyant me pendre, je l'ai pendu. Suis-je distrait, tout de même!

Rideau

*
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TARDIVE REVELATION

Drame en un acte dont un prologue

Prologue

L’ENFANT DU PECHE

(Devant le château féodal)

LE SEIGNEUR. – Je dissimule sous ma sombre cape le fruit des coupables amours de ma noble compagne. Ce fils de l’adultère doit disparaître.

(Il aperçoit un manant)

Holà manant !
LE MANANT. – Votre Seigneurie désire ?
LE SEIGNEUR. – Quel est ton métier, manant ?
LE MANANT. – Je suis commissionnaire.
LE SEIGNEUR. – Ca tombe à pic ! Je vais te charger d’une commission : prends cet enfant et cours le jeter à l’eau. J’y aurais bien été moi-même, mais la rivière est assez éloignée et je me sens un peu fatigué ce soir.
LE MANANT. – Le fait est que nous avons eu une chaleur accablante cet après-midi.
LE SEIGNEUR. – Allons ! Prends ces écus, et dépêche-toi. Ah ! J’oubliais : attache-lui une lourde pierre autour du cou.
LE MANANT. – Oh ! Ce n’est pas la peine. Il ne sait sûrement pas nager, à son âge.
LE SEIGNEUR. – Fais ce que je te dis !

(A part)

Ce manant ignore que cet enfant est le fils d’un plongeur de restaurant…et alors, par atavisme…on ne sait jamais.


Premier et dernier acte

L’ AVEU

(Vingt ans après – Dans la demeure du manant)

LE MANANT, sur son lit d’agonie. – Approche un peu, Isabelle, je sens que mon dernier soupir arrive à grands pas. Je vais te révéler le mystère de ta naissance. Il y a de cela vingt ans (comme le temps passe !) un riche seigneur me chargea de noyer un enfant. Mais je n’eus pas le courage d’accomplir ce crime atroce. Le pauvre innocent était si mignon dans ses petits langes que je résolus de l’adopter. Seulement, pour mieux le cacher et le soustraire à toutes recherches, j’eus l’idée géniale de le travestir en fille. L’enfant grandit ainsi, vêtu d’habits féminins, dans la plus complète ignorance de son véritable sexe. Et cet enfant, Isabelle, c’était toi ! Oui, apprends-le aujourd’hui : ma fille, tu es un garçon !
ISABELLE, s’effondrant. – Enfer et damnation ! Vous ne pouviez pas m’avertir plus tôt ?... J’ai un amant !!!

Rideau

*
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L’ECHO PATRIOTE


Premier tableau

LES FRANCS-PECHEURS

(La scène se passe dans un bois).

1er FRANC-PECHEUR : L’ennemi s’avance dans le pays. Tous les moyens sont bons pour le repousser. Déjà de courageux citoyens ont formé le bataillon des Paratonnerres de la mort.
2ème et 3eme FRANCS-PECHEURS, étonnés : Paratonnerres de la mort ?
1er FRANC-PECHEUR : Oui. Le bataillon a pour mission de poser, pendant le sommeil des Prussiens, des paratonnerres sur les casques pointus. Plusieurs régiments ont déjà péri ainsi, victimes de la foudre. De notre côté, nous avons formé à nous trois le bataillon des Francs-Pêcheurs. J’espère qu’il sera de quelque utilité à la Patrie.
2ème FRANC-PECHEUR : Et maintenant, chacun a son poste.
(Chaque Franc-Pêcheur, muni d’une canne à pêche, monte sur un arbre et s’embusque dans les plus hautes branches).
1er FRANC-PECHEUR : Lancez !...lignes !
(Les trois lignes sont lancées vers le sol. Au bout de chaque hameçon est accrochée une grosse poire).
3ème FRANC-PECHEUR : Grâce au merveilleux Echo de cette colline nous serons avertis de l’arrivée des uhlans. Attendons.


Deuxième tableau

LA PECHE FATALE

(Même décor).
(L’Echo annonce le pas d’un cheval dans le lointain).
1er FRANC-PECHEUR : C’est sûrement un uhlan.
2ème et 3ème FRANCS-PECHEURS : C’est sûrement un uhlan. Attention !
LE UHLAN, arrivant et apercevant les poires : Tiens, des poires ! Etanchons notre soif.
(Il descend de cheval et porte goulûment une poire à sa bouche. Aussitôt il est enlevé dans les airs, suspendu à l’hameçon).
1er FRANC-PECHEUR, tirant sa ligne avec précaution : Il frétille comme une vraie carpe. Pourvu que la ligne ne cède pas !
(C’est ce qui arrive. Le uhlan en se débattant casse le fil. Il retombe sur son cheval et part ventre à terre chercher des renforts. Un quart d’heure plus tard, les trois Francs-pêcheurs sont prisonniers des Allemands).


Troisième tableau

L’ECHO FRANÇAIS

(Même décor).

L’OFFICIER ALLEMAND : Que l’on fusille ces trois Francs-Pêcheurs sur-le-champ.
(On place les prisonniers en face du peloton d’exécution).
1er FRANC-PECHEUR : Avant de mourir, crions encore une fois : « Vive la France ! »
L’OFFICIER ALLEMAND : En joue ! Feu !
LES FRANCS-PECHEURS, ensemble : Vive la France !
(Ils tombent foudroyés. Dans le lointain l’Echo répète : Vive la France !)
L’OFFICIER ALLEMAND, rageur : Qui a crié : Vive la France ! là-bas ?
UN UHLAN : C’est l’Echo.
L’OFFICIER ALLEMAND, de plus en plus rageur : Ah ! C’est l’Echo ! Eh bien, crions aussi tous ensemble : « Vive l’Allemagne ! » pour que l’Echo français le répète après nous.
TOUS LES UHLANS, en chœur : Vive l’Allemagne !
L’ECHO-PATRIOTE : Merde !!!

Rideau
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LE-CUL-DE-JATTE-HÉRÉTIQUE, à l’ignifugeur. -Il n'y a pas trp de clients à servir avant moi?
L’IGNIFUGEUR. - Deux hérétiques seulement. Ces merrieurs sont convoqués pour cet après-midi devant le tribunal de l'Inquisition.
LE-CUL-DE-JATTE-HÉRÉTIQUE. - Moi aussi. C'est pour cette raison que je viens me faire ignifuger. Par ces temps d'inquisition, ion ne saurait prendre trop de précautions.
L’IGNIFUGEUR. - C'est une heureuse idée que j'ai eue de m'établir en face du tribunal.
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