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Première Décénnie : Survivre » m'avait été présentée par l'auteure
Domino Milot comme la première décennie d'une saga familiale s'étendant sur 40 ans, il s'avère que nous sommes plutôt dans une autobiographie ancrée dans la réalité. Et quelle réalité ! En effet les 10 premières années de vie de
Domino Milot relève du calvaire.
Elle est abandonnée dès son plus jeune âge par sa « mère », son père se révèle plutôt absent (en particulier les premières années de sa vie) et coupablement bien trop souvent passif même s'il lui arrive d'avoir quelques sursauts pour soutenir ou aimer sa fille. Des familles d'accueil (parfois des oncles et tantes) plus ignobles les uns que les autres (sauf un couple) et une belle famille tout autant à jeter mis à part une vibrante exception. Quant à sa belle-mère affligée d'une phobie des microbes et de la saleté, elle a tout de même - parfois - quelques bons moments.
L'auteur nous déverse donc tous les souvenirs de ses 2-10 ans dans une nécessité de dévoiler son Enfer, mais sans aucun doute aussi, de s'en libérer (n'ai-je pas fait de même de manière dissimulée dans le Cycle de l'Éveil !). Sa logorrhée est incontestablement chargée d'émotions. Même si le pardon est magnifiquement évoqué aux deux tiers du livre, il me semble évident qu'une rancoeur légitime est présente. Certains actes ne pourront jamais être pardonné à 100%, ce quelle que soit la volonté de la victime. Un sentiment qu'au vu de ma propre expérience, je comprends et partage. Les mots envers ses tourmenteurs sont souvent durs et sans concessions, même pour sa belle-mère qui semble pourtant avoir fait prendre conscience au père de la situation dans laquelle était sa fille dans sa dernière famille d'accueil (un oncle). Celle-ci était (est encore ?) clairement malade ; sa psychose et ses TOC en résultants sont une réalité sans doute très mal considérée il y a 40 ans.
Un livre fort sur le fond, plus faible à mon goût sur la forme. Clairement l'auteure a choisi de nous livrer chronologiquement ses souvenirs comme ils lui venaient.
Ainsi, nous nous confrontons à 130 pages non chapitrés, aux paragraphes systématiquement longs, voire très longs (jusqu'à 3 pages). Et les phrases sont du même acabit, longues, trop longues, jouant des virgules, jamais de ce point-virgule que nous sommes quelques-uns à apprécier, en particulier lorsque le sujet change dans la même phrase. Parfois (rarement) la lecture en devient un peu confuse. de même, les dialogues sont malheureusement intégrés aux paragraphes ne permettant aucune aération du texte. Par ce choix, l'écriture devient visuellement compacte ce qui alourdit la lecture qui manque de souffles.
D'autre part, si le récit se déroule globalement dans le passé, avec parfois des incartades abruptes sur les sentiments de l'auteur au moment où elle écrit, le temps de na ration passe du présent au passé sans justification.
Et comme toujours, je ne suis pas très fan des « témoignages » de lecteurs en fin de livre. Sur un site oui, pas à la suite du texte.
Je regrette donc le style et pourtant, je ne peux m'empêcher de me demander si le texte aurait été aussi fort s'il avait été retravaillé et structuré.
Au total, « Première décennie » est un vibrant et douloureux témoignage sur des événements impossibles à admettre d'autant plus à notre époque. Une maltraitance physique et psychologique qui justifie très largement le sous-titre de survivre, car clairement l'auteure
Domino Milot est une survivante, sans aucun doute poursuivie aujourd'hui encore par ces horribles cicatrices du passé. Comment se construire sereinement après tant de vilenie ?
Un récit puissant, quelque peu affaibli par la forme d'où ma note mitigée.
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