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François Ruffin (Autre) Médine (Autre)
EAN : 9782369353379
160 pages
Le Passager Clandestin (06/10/2023)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Le ballet des gants, le bruit sourd des coups, les regards fixes, la sueur. Des cités ouvrières aux quartiers populaires, Selim Derkaoui nous entraîne sur le ring à la rencontre de celles et ceux qui pratiquent le noble art.

Outil d’autodéfense, exutoire, la boxe a historiquement été un puissant instrument d’émancipation pour les classes laborieuses. Sport des « miséreux », largement investi par les héritiers et héritières des immigrations, elle attir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Selim Derkaoui signe un ouvrage au sous-titre explicite : "boxe et lutte des classes". Utilisant en fil rouge le parcours de son père, ancien boxeur et coach, issu de l'immigration postcoloniale, le journaliste signe une enquête sur ce sport à part, ayant fasciné des générations d'artistes.
Riche en entretiens avec des pros, entrecoupé de ses tentatives laborieuses pour se mettre à la pratique, l'auteur propose un livre riche en données statistiques. le propos est clair, documenté, direct comme un jab.

Les deux derniers chapitres sont particulièrement intéressants à mes yeux.
D'abord, celui sur les femmes, et qui rend compte de leur arrivée très très tardive dans la boxe et qui, nourrit des témoignages d'Aya Cissoko et Sarah Ourahmoune et étayé de références à Elsa Dorlin, brosse un tableau rapide mais fourni de la question.
Vient ensuite le contre-point du propos du livre, "cols blancs et chemises brunes". le titre est explicite et aborde la boboïsation d'une part et la fascisation d'autre part de la pratique de la boxe. L'un des axes de ce chapitre est la dénonciation de "l'appropriation culturelle de classe" que Selim Derkaoui met en avant pour tailler une certaine popularité de la boxe. L'ouvrage se voit rattrapé par l"'actualité", des photos présidentielles d'entraînement au sac de frappe ayant été publiées tout récemment.
Je ne connaissais pas cette utilisation du concept "d'appropriation culturelle de classe", et je ne sais pas encore trop quoi en penser - mais c'est intéressant.

Côté négatif, j'ai été un peu déçu, de la part du coauteur d'un livre intitulé "La guerre des mots", de son utilisation de "métropole" ou de "transsexuelles". Pas très à la pointe des luttes tout ça me semble-t-il...

Pour ce livre, Selim Derkaoui s'offre deux invités prestigieux et clivants. Médine à la préface, François Ruffin à la postface. Médine et la boxe, on ne peut pas nier la logique, ni l'intérêt réel porté par celui-ci au noble art. Pour Ruffin, on comprend déjà moins, et lui-même ne sait pas ce qu'il fait là... outre une interview menée il y a dix ans qui ne redorera pas le blason des galas, il nous parle de son expérience de la salle de muscu - c'est un peu gênant, et même carrément quand apparaît un "jeune black à bonnet".

Il n'en reste pas moins un ouvrage intéressant sur un sujet original et précis. Un livre intergénérationnel qui pourra intéresser pugilistes et militant·e·s porté·e·s sur les classes.

Merci à Babelio et au Passager clandestin (dont le catalogue mérite le coup d'oeil) pour ce livre reçu via une Masse critique.
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Et si le boxeur luttait pour un monde sans classe... pour un monde sans boxe ?
Fort de ce paradoxe et riche de cette allégorie, Selim Derkaoui nous emmène dans le vrai monde de la boxe. Celui des salles, de l'entrée du club et la sortie du ring avec ses 12 cordes, des vestiaires... Dans le vrai monde aussi, celui où ces salles fleurissent, près des cités, de l'autre côté du périph', derrière, malgré et contre les barrières...
La richesse des témoignages au fil du livre, l'empathie humble, simple et précise de l'auteur pour chacune de ces rencontres, l'heureux mélange d'engagement et de recul de chacun de ses interlocuteurs, font de cet essai une réussite totale. On le lit d'une traite, comme un roman, sans jamais s'ennuyer. Les propos vifs des champions ou anonymes recueillis scandent et ancrent les idées présentées ici comme de vraies punch-lines et parfaitement organisé. le tout est magistralement lié, fluide et pertinent. de la belle ouvrage qui fait mouche et touche, d'un bout à l'autre. D'autant que, sans le moindre round d'observation le rappeur Médine signe la préface. Et François Ruffin le coup de coeur final juste avant le dernier coup de gong. L'amour de la boxe et l'amour tout court transpercent à chaque ligne. Un livre indispensable à tout amateur du noble art comme à tout acteur, témoin des combats de la vie moderne et soucieux de les comprendre. Oui, le boxeur se bat pour un monde sans classe. Pour un monde sans boxe. Mais voilà, la vie a la dent dure. C'est une lutte et les classes - comme les catégories à la boxe - font partie du combat. Alors, la boxe qui lutte contre la fatalité et la résignation est aussi une profonde école de la vie et de la transmission.
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Voilà un livre qui m'a directement tapé dans l'oeil, pas tout à fait comme un direct, mais pas loin.
On va parler de boxe 🥊 et de lutte des classes.
À titre personnel, j'ai un rapport particulier au noble art... c'est un des rares sports que je n'aime pas regarder (oui on reviendra sur le fait que le sport dans notre société est vraiment problématique sûrement dans une prochaine critique...).
Bref revenons à nos gants. La boxe, j'ai parcontre très envie de la pratiquer. Ce sport fait d'une part vibrer en moi un ressenti révolutionnaire, et d'une autre part me rattache à ma Seine Saint Denis natale.
Et bien ce rapport entre le lien social et le jardin intime est superbement retranscrit par Selim Derkaoui (qui n'est pas fan de boxe d'ailleurs) quand il parle de son père boxeur et de son écosystème. Et à travers cette plongée dans le temps, nous parcourons l'histoire de ce sport principalement dans l'hexagone. Un sport de prolétaires devenu sport de banlieue, récupéré pour calmer les sauvageons et ramener des médailles au masculin comme au féminin.
Aujourd'hui se joue un nouveau type de récupération. Une récupération néolibérale, qui s'approprie un sport de besogneux•ses pour en faire un outil de développement personnel pour CSP+ et autres auto-entrepreneurs.
On finira en pointant que la violence de l'extrême droite vient également mettre son poing d'honneur à salir ce qu'il y a de beau entre ces 4 boules de cuir (végétal ?).
Un chouette ouvrage qui donne envie de remettre les gants, de se tenir prêt•es à tenir sa garde et à rendre les coups.
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Un grand merci aux éditions le Passager Clandestin et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique

Si on me demande qu'elle est le sujet qui m'intéresse le moins dans la vie, je réponds très rapidement : le sport. Je n'aime pas en faire, je n'aime pas en regarder, je n'aime pas en parler. Aucun intérêt pour moi. Tout sport confondu. Si j'ai noté ce livre dans les liste de ceux qui pourraient potentiellement m'intéresser, c'est d'une part car une amie a commencé la boxe récemment, et je me suis dit que si le livre est intéressant, je pourrais lui prêter, en parler avec elle, d'autre part car bien entendu, sous la bon angle et à condition d'être captivant, tout sujet peut devenir intéressant.

Une bonne surprise pour ce livre donc, puisque en choisissant l'angle de la sociologie il a réussi le pari fou de me faire lire (et apprécier) un livre traitant en partie de sport.

Mise à part quelque (rares) longueurs, je ne me suis pas ennuyée, ai trouvé les propos pertinents et les chapitres s'enchaînent de manière cohérente et fluide. Les nombreux exemples et témoignages qui illustrent le livre sont un gros plus.

Seul bémol, la postface de François Ruffin, que j'ai trouvée longue et n'ai pas eu l'impression de comprendre. Sinon, la préface de Médine donne le ton du livre, mêlant musicalité, sport et famille.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En parallèle de sa carrière, Aya Cissoko travaillait en tant que comptable. « Pour une boxeuse de l'époque, il fallait gagner des combats pour être un peu payée et tu pouvais recevoir des primes selon la médaille que tu ramenais », renseigne-t-elle. Elle a imposé à la Fédération la compensation de salaire en cas de déplacement ou de stage en équipe de France. « Pour la bourgeoisie, le sport, c'est un moyen de réussite sociale et individuelle, c'est le fameux mythe de la méritocratie. Alors qu'au contraire, la boxe, en particulier la pro, c'est justement une puissante expression du capitalisme, de I'exploitation des corps. On n'a même pas les protections d'un salarié classique, comme les arrêts maladie, par exemple. C'est dire ! Je me suis intéressée tardivement à ces choses, qui sont finalement devenues si évidentes. La boxe, c'est l'allégorie du capitalisme. Quand on parle d'ascenseur social, moi, ça me fait rire. Même si, oui, de jeunes boxeurs peuvent espérer ça tellement c'est la galère au quotidien ». (77)
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Sous une forme sportive et légale, la boxe anglaise est la manifestation de la violence légitime, celle des opprimés. (57)
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