Dans la certitude où j’étais que c’est nous qui aurions - tout de même ! – choisi la bonne voie, je me sentais plein de mansuétude pour ceux qui s’étaient aussi lourdement trompés [les Pétainistes] . Ce sentiment ne m’a jamais quitté. La vengeance, la rancune m’apparaissaient dès ce moment comme inutiles et funestes. Tant de choses seraient à reconstruire, tant de chantiers à relever dans notre pays si tragiquement écartelé, divisé contre lui-même, qu’une évidence me semblait s’imposer à ceux à qui les évènements donnaient raison. Justice une fois rendue à la « poignée de traîtres » qui, consciemment, avait failli entraîner le pays dans le déshonneur et la ruine de l’Allemagne nazie, les vainqueurs devaient se montrer bons princes, proclamer la réconciliation générale. Comme Saint-Exupéry, j’ai toujours détester le « mythe » de l’épuration.
(...) le texte célèbre de Péguy sur l'Espérance (...):
"Mais l'Espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne moi-même. Que tous ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux. Demain matin. Ça c'est bien étonnant..."
Edmond Michelet - L'Esprit des Lettres