La loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public a profondément déstabilisé l’appréhension commune de la portée du principe de laïcité, et même de son contenu.
Souvent citée – y compris par les plus hautes autorités publiques – comme une « loi de laïcité », elle poursuit pourtant trois objectifs tout à fait étrangers à la séparation des Églises (ou des religions) et de l’État : protection de la sécurité publique, défense de la liberté et de l’égalité face à la « situation d’exclusion et d’infériorité » où se trouvent placées, aux yeux du législateur, les femmes qui dissimulent leur visage, et sauvegarde des « exigences minimales de la vie en société ».
Bien plus qu’une forme d’organisation du pouvoir, la République est, en France, un ensemble de principes, de valeurs, de lieux et de symboles qui renvoient à notre histoire contemporaine » : le programme La République en actes veut annoncer un nouveau départ, mais cristallise en réalité une évolution amorcée au début des années 2000. Lorsqu’il proclame qu’il faut mieux faire connaître les « principes, valeurs, lieux et symboles » de la République, le gouvernement ne fait que reprendre des propositions formulées dans de nombreux rapports publics, et déjà mises en œuvre dans certains secteurs de l’action administrative.