Si la dernière page du livre indique que
Kathleen Jamie est une poétesse et essayiste écossaise (née en 1962), le texte que le lecteur a entre les mains est celui d'une observatrice ; il est rare de lire des phrases aussi précises sur la nature, des descriptions aussi attentives. Il y a une exigence de vérité assez remarquable.
En quatorze textes relatant des moments de sa vie en rapport avec le dehors, l'extérieur, l'environnement, qu'elle a choisis, l'auteure nous fait partager sa façon de scruter les paysages et les êtres vivants qui les peuplent ; elle va à la rencontre de l'autre avec un plaisir évident et on imagine bien quelle soufrance ce serait pour elle de ne pas explorer.
Le premier chapitre, "Aurore boréale" accroche le lecteur, séduit en même temps par l'écriture et par l'histoire : employés de façon très évocatrice, les mots sont les plus justes et on est directement transporté, conquis par la beauté de cet écrit.
Il y a aussi l'amitié et les rencontres que l'auteure provoque tant son appétit de connaissances est grand : elle va voir tel anatomopathologiste qui va lui montrer sa "nature" à lui : cellules tumorales, bactéries... D'autres chapitres abordent un stage que notre exploratrice a fait à dix-sept ans, des fouilles dans un site néolithique ; un voyage vers une colonie de fous de Bassan et tous les comportements de ces oiseaux à regarder. Et puis il y a les orques, les os de baleine, les nombreuses îles écossaises maintenant dépeuplées, les grottes utilisées par des hommes il y a très longtemps...
La vie de
Kathleen Jamie, c'est visiter, aller voir les îles dont elle entend parler, découvrir par elle-même, toucher, écouter, sentir... C'est une femme que l'on sent curieuse de tout, ouverte à tout, un esprit attentif tendu vers l'exploration.
C'est très original, très riche, et très bien écrit ! Un petit régal pour tous ceux qui aiment observer...
Premières phrases : " Il n'y a pas vraiment de houle, seulement un léger clapotis, donc pour débarquer il suffit d'avancer les zodiacs sur la plage de galets, ce qui nous permet de sauter à terre. Sauter, c'est une façon de parler : nous passons nos jambes par-dessus le bord du canot pneumatique et nous nous laissons glisser à terre, de préférence entre deux vagues. Il vaut mieux ne pas se mouiller les pieds, ils ne tarderaient pas à geler."
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