Tribus

Bonjour, je ne suis pas de votre avis. Cette fois-ci vous ne jugez pas la littérature, comme vous l'aviez si bien fait précédemment, mais vous jugez la vision politique de l'auteur. C'est dommage. Il y a une citation bien connue qui dit : « Tous les optimistes ont fini à Auschwitz ». Dans son dernier coffret, Goncourt de la nouvelle 2021, la dernière nouvelle de Kibboutz finissait par « Nous allons vers l'effroi ». STM fait partie d'une génération arrivée en Israël en 1980 oui, qui avait un idéal sioniste. Comme beaucoup. Il y a de quoi être déçu. Mais parlons Litterature, car il n'est pas objectif de juger un ouvrage « amère » Tout simplement parce qu'on n'est pas du même avis politique. Auriez-vous jugé de la même façon, Amos Oz ou D. Grossman, ou Meyer Shalev, qui sont pessimistes tout autant. Comme d'habitude, l'écriture de STM est magnifiquement poétique, Et ses personnages de fiction mettent en lumière tous les doutes que l'on peut rencontrer en Israël. Comme Koby et sa famille nombreuse, cette nouvelle numéro deux, si émouvante. quand on voit ce qui se passe, je ne vois pas comment on peut être optimiste. Je pense que Meyer est tristement lucide. C'est vraiment un conteur extraordinaire que l'on soit d'accord ou pas avec lui. C'est très difficile de rester objectif quand on aime une terre comme sa mère. de nouvelles en nouvelles, de personnages en personnages, il décrit une société en mal d'espoir, et surtout qui n'a de cesse de se poser les questions que l'on devrait se poser. Quant aux différences entre les ashkenazes et les séfarades, abordées dans une nouvelle, À part à Tel Aviv, cela existe. Et depuis longtemps.
J'ai aimé ce livre dont j'offre un
Extrait : le consolateur. « …la bouilloire embua le coin de carreau qui dévisageait la rue silencieuse aux premières heures du matin. Menach'em écoutait, aux aurores, le faux silence de la barre d'immeubles bas où s'entassaient des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui se réveillaient tôt pour les ablutions qui précédaient leur course vers la synagogue du prophète Ézéchiel, ou de la maison d'Ezra, ou celle de Tiferet Israël. Mais, ce matin, le bourdonnement des tuyauteries et des chuchotements étaient amoindri par l'épaisse couche de neige qui couvrait les toits plats encombrés d'antenne et de linge abandonné au givre… »
Très belle écriture.

Tribus, comme les 12 tribus d'Israël... Shmuel T. Meyer raconte en douze nouvelles (dont l'épilogue) Israël avant le 7 octobre 2023, avec un regard très (je dirais trop) critique sur le pays.
Dans ses nouvelles, on rencontre beaucoup de déçus du sionisme, comme l'auteur sans doute... Il fait ressortir les divergences entre les individus, les communautés, le rejet, le racisme entre les communautés (ashkénazes contre séfarades, etc.)... et cela m'a gênée à la lecture. Certes, Shmuel T. Meyer sait d'où il parle, puisqu'il est juif, connaît le pays et a écrit ses textes sur place. Mais il fait partie d'une certaine gauche un peu trop utopiste - la paix maintenant ? -, qui tend à nier la haine contre laquelle les juifs doivent lutter.
Son texte en épilogue, écrit après les attentats du 7 octobre, va dans le même sens malheureusement et laisse un goût amer à la lecture.
Pourtant, ses nouvelles permettent de visiter Jérusalem, de promener le lecteur à travers les paysages de Sion, et c'est le côté agréable du livre, car les personnages contribuent à dresser un portrait injustement pessimiste de ce pays.
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