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EAN : 9782070782949
112 pages
Gallimard (18/01/2007)
3.5/5   8 notes
Résumé :
Narcisse n'aurait vraiment pas dû accourir chez Édith, après l'appel au secours de celle-ci. Il n'aurait pas vu alors sur le carreau du salon le corps de Katouka, et compris qu'il avait partagé la maîtresse d'un homme qui était comme le vice-président du pays. Et, bien sûr, il ne se serait pas trouvé ainsi pris dans l'engrenage d'une disparition forcément suspecte et même menaçante...
Un lieu où il est bien difficile de distinguer le crime de son contraire.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Narcisse se retrouve mêlé bien malgré lui au meurtre d'un militaire très haut placé qui était l'amant d'une de ses propres conquêtes. Or, Narcisse n'est pas un héros. Bien nommé, il ne s'intéresse qu'à lui-même et surtout pas à la politique. C'est un personnage placide, un peu mou qui ne trouve de l'énergie que pour prendre du bon temps, passant des femmes de sa ville aux lycéennes de l'établissement où il enseigne. Il préférerait oublier cette histoire qui le dépasse et poursuivre avec ses petites habitudes.

Mais la situation politique du pays s'emballe. Ils sont nombreux à vouloir profiter de la « disparition » du colonel. C'est une occasion à ne pas manquer pour avancer ses pions et voilà l'heure des manipulations et des micmacs à tout va.

Ce petit roman n'est pas renversant mais il a un style original. Tout ça ne semble pas très sérieux, il y a un ton détaché et ironique pour parler de choses finalement graves. Les personnages sont tous amoraux à leur manière. Le collègue de Narcisse est son opposé. Il ne s'intéresse pas au sexe mais vit pour la politique. Il apporte une gravité au récit par ses réflexions parfois surprenantes sur l'histoire du pays. La narration est aussi étrange puisqu'elle est faite par un personnage qui semble être un étudiant de Narcisse mais qui n'agit pas dans le récit. Ses interventions très succinctes à la première personne apportent un éclairage particulier à la conclusion ouverte de cette intrigante fable politique.
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Ce court roman (une centaine de pages) nous raconte l'histoire de Narcisse, un professeur, mais surtout, un impénitent coureur de jupons, qui appelle un chat un chat. Ce pourrait être un vaudeville, si ce n'est que le second amant de sa seconde maîtresse (respectons l'ordre chronologique) a la mauvaise idée d'être inopinément assassiné chez elle, alors qu'il est le vice-président, et le beau-frère du président en titre. Que faire, que faire ? Narcisse aurait aimé une solution simple : prévenir la police et surtout, ne pas avoir accouru chez Edith ! Edith, qui, devant le manque flagrant de bonne volonté de Narcisse, appelle son troisième amant, le sous-préfet, qui prend les choses en main.
Ce que nous raconte l'auteur n'est ni plus ni moins qu'un coup d'état dans un pays qui n'en demandait pas tant. Narcisse, le personnage principal, ne s'intéresse ni à la politique, ni à l'histoire qu'elle soit passée ou contemporaine, contrairement à son collège Zuptizer, le professeur…. d'histoire, qui apporte un éclairage tout personnel (ou pas ?) sur le rôle des tirailleurs sénégalais. Narcisse, lui, est plus préoccupé par ses conquêtes que par ce qui se passe autour de lui, sauf quand il craint de finir emprisonner pour l'aide qu'il a apporté presque malgré lui à Edith. Il s'inquiète, et ne se pose pas trop de questions – il craint cependant qu'Edith ne craque, après tout, elle est une femme qui bavarde facilement.
Un reptile par habitant est le conte d'un coup d'Etat presque ordinaire, presque prévisible, du moins, si l'on regarde un peu plus loin que son nombril, contrairement à ce que fait Narcisse le bien nommé. Professeur, il ne se pose finalement guère de question sur ce qui s'est réellement passé ce jour-là. Il en pose beaucoup après, dans un pays où les informations parviennent au compte-gouttes, quand elles ne sont tout simplement pas détournées, arrangées, faussées. Il en pose peut-être un peu trop. A voir. La fin est quasiment ouverte, tout en fermant, tout de même, des possibilités pour au moins un des personnages. Que fera Narcisse ? Il est à noter qu'un mystérieux narrateur à la première personne apparaît de temps en temps et semble être un élève de Narcisse. Peut-être est-ce une manière de nous montrer ce qui est advenu après le dernier chapitre du roman.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Un roman court (voire même une nouvelle) qui se lit facilement. Dans un pays africain non nommé mais qui fut occupé par les Allemands et port à esclaves (le Togo pays d'origine de l'auteur correspond), Narcisse est un prof de lycée simplement préoccupé de sexe, qu'il pratique souvent, et à priori bien, avec des demoiselles open. Un crime va lui faire regarder un peu plus loin que le bout de son nez (à peine) et découvrir la politique de "l'info unique, de la manipulation et du coup d'état". Rien d'incroyablement puissant mais une lecture tranquille avec du suspense, autour du thème de la rumeur, de l'implication de chacun dans la société...
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Un drôle de petit livre que Un reptile pour chaque habitant, plus fable morale et politique que roman policier. Ou comment un petit prof de lycée aussi naïf que coureur de jupons se retrouve impliqué indirectement dans le meurtre du chef-adjoint d'état-major d'un pays africain non précisé mais qui pourrait bien être le Togo si l'on en croit les références à une ancienne puissance coloniale allemande.

Narcisse, déjà très occupé par ses conquêtes (présentes et à venir) se serait bien dispensé d'avoir à prêter mains forte au sous-préfet pour enterrer nuitamment le corps du brillant officier sorti de Saint-Cyr, bras droit du Président (père de la nation et élu à vie, on peut le penser), assassiné chez sa maîtresse. Mais la disparition de Katouka va avoir des conséquences politiques que personne n'aurait pu imaginer : arrestations, manifestations de soutien au Président-fondateur et quelques cadavres. Mais n'est-il pas plus facile d'accuser un haut-gradé disparu de sédition et d'emprisonner ses soi-disant complices que de faire la lumière sur son absence soudaine ?

Ce court roman politico-policier de Théo Ananissoh (né en 1962), histoire d'un vrai-faux coup d'état, apporte une vision aussi absurde que désespérante sur la situation de pays africains et surtout sur les pratiques de ceux qui les gouvernent. Sans tenir vraiment en haleine, l'intrigue est solide, l'écriture est sobre mais efficace, l'humour toujours présent et certains personnages, dont un collègue de Narcisse, sorte de chevalier vengeur aux motivations mystérieuses et aux principes moraux étranges, sont assez savoureux.

Lien : http://www.polars-africains...
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Une robuste "mise en comique" des coups d'état militaires, au ton rabelaisien moderne.

Le second roman de Théo Ananissoh, paru en 2007, explore avec succès la veine du burlesque et du bon sens de la rue, appliqués à des sujets au fond sérieux, comme toute une jeune génération d'auteurs d'Afrique de l'Ouest aime à le pratiquer.

Un professeur de lycée togolais, intense Don Juan à ses heures, se retrouve dans une situation embarrassante lorsque l'une de ses conquêtes l'appelle en pleine nuit (ainsi qu'un autre de ses amants, par ailleurs sous-préfet) pour l'aider à faire face à une situation... compliquée : le chef d'état-major de l'armée vient d'être assassiné chez elle.
Quotidien qui bascule dans l'épique, tout en restant très terre-à-terre, humour des situations, des discussions entre professeurs, du cynisme gentil mais total du héros, de la crudité rabelaisienne du sexe qui irrigue tous les rapports sociaux, et enfin de la mise en comique des coups d'état militaires,...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Vous me comprenez ?
Narcisse secoua la tête sans même prendre le temps de réfléchir. Il voulait entendre le sous-préfet dire tout ce qu'il avait en tête.
« Non. »
Le sous-préfet émit un soupir.
« Si j'en crois Edith, quelqu'un que nul n'a vu est entré dans cette maison et a surpris mortellement le colonel Katouka. Un saint-cyrien quand même... Tué à coups de couteau... Un simple rôdeur, qui n'aurait pas prévu de croiser le colonel ici, aurait-il été aussi... professionnel ? »
Le sous-préfet laissa passer un instant. Narcisse ne répondit pas.
« Si Edith dit vrai, nous ne pouvons exclure qu'il s'agisse d'une affaire qui remonte à... très haut. (...)
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"Que faire alors ?
– Raisonner dans les termes qu'impose la situation : faire semblant, et l'enterrer.
– Pardon ?
– Quelqu'un fait semblant de mourir ; vous faites semblant de l'enterrer."
Narcisse tourna la tête vers le corps de Katouka. Le sous-préfet écrasa un sourire.
"Aucune crainte, il est bien mort. Je voulais dire que nous devons jouer le même jeu que son meurtrier : faire disparaître le corps et la voiture avant demain matin."
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Joséphine était plus âgée que lui (…). A la voir habillée et coiffée avec mesure, on ne devinait pas qu’elle était une personne ardente. Au départ, d’ailleurs, Narcisse, qui ne s’en doutait pas, s’était intéressé à elle presque par amusement. Au guichet de la banque où elle l’accueillait, il avait vite compris que « le coup était jouable » - je reprends son expression. Et dès leur première rencontre, Joséphine révéla une qualité qui euphorisait chaque fois Narcisse : elle gémissait. Elle s’exprimait, chuchotait, câlinait avec des mots qu’il importe peu de reproduire ici. Elle aimait susurrer le prénom de Narcisse. Cela électrisait Narcisse ; il se sentait alors puissant, efficace, performant. Oui, Joséphine avait l’expérience et le talent pour encourager un homme. Son corps était accueillant, et, à la différence de la plupart des femmes de notre pays – les lycéennes en particulier, qui faisaient l’ordinaire de la vie sexuelle de Narcisse -, elle prenait l’initiative, embrassait en retour. Dès la première étreinte, elle avait su découvrir les endroits les plus sensibles de Narcisse, et les exploitait calmement, habilement.
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Comme d'habitude, la foule était celle des fidèles du Parti. Ils chantaient et criaient des slogans sous le soleil. Les badauds se tenaient le long de la rue qui passe devant la place et regardaient les manifestants comme on assiste à un spectacle gratuit. Les officiels – le sous-préfet et le secrétaire régional du Parti en tête, tous les deux vêtus d'un boubou blanc, symbole de paix – arrivèrent vers seize heures, alors que le soleil avait baissé un peu d'intensité. Passons sur les brouhahas et autres hourras qui les accueillirent.

Un membre du Parti prit la parole. Il annonça que la patrie était en danger, que la souffrance guettait les filles et les fils du pays, que quelque chose menaçait, qui était pire que le choléra et le sida réunis. On l'applaudit pour ces prédictions. Il laissa la paroles aux « aînés ». Le secrétaire régional parla en premier. Il bougea les pans de son boubou, protesta, accusa, assura le président du soutien de tous les habitants de notre ville.
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Une troisième fois, dans cette nuit épaisse, Narcisse poussa sa moto sur plusieurs dizaines de mètres, la mit ensuite en marche et prit la direction du quartier où habitait Edith. Il roulait, la mort dans l'âme, accablé, n'ayant pas encore décidé malgré tout d'aller jusqu'au bout. Passé minuit, le centre de la ville qu'il dut traverser était désert. Il prit un itinéraire compliqué, comme s'il voulait semer quelque poursuivant.
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Video de Théo Ananissoh (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théo Ananissoh
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=52548
THÉO ANANISSOH, SONY LABOU TANSI, AMÉLA ET MOI...
Lecture de le soleil sans se brûler de Théo Ananissoh
Bernard Mouralis
Préface par Daniel-Henri Pageaux
Classiques pour demain
Bernard Mouralis sera présent au 31ème Salon du livre et de la presse de Genève
Dans ce livre, Bernard Mouralis retrace l'histoire et les conséquences d'une lecture : celle qu'il fit du roman de Théo Ananissoh, "Le soleil sans se brûler" (2015) et qui relate la rencontre d'un étudiant et de son ancien professeur d'université, Améla. Ce roman a fait surgir, chez Bernard Mouralis, « des interrogations et des problématiques enfouies depuis longtemps » dans sa « mémoire » et dans sa « conscience ». Ce sont ces résonnances que le présent essai se propose d'examiner autour de trois pôles : la destinée littéraire d'un écrivain au centre du dialogue ; la relation entre maître et disciple ; et le parcours d'Améla, dont Bernard Mouralis fut le collègue et l'ami.
Broché ISBN : 978-2-343-10926-8 ? janvier 2017 ? 212 pages
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