On retrouve tout ce qu'on apprécie dans cette série, à savoir le talent inimitable que possède l'auteur à jouer sur ces trois tableaux que sont
L Histoire, la fiction, et l'humour. le contexte est toujours bien restitué et cette sympathique novella est prétexte à nous raconter (de façon romancée, certes, mais avec quelle plume!) la course à l'Académie du Sieur
Voltaire. Ce siège,
Voltaire en a toujours voulu, mais sa réputation et ses trop nombreuses querelles avec le gratin du monde littéraire de l'époque constituent des points faibles d'envergure. Points faibles que le vrai
Voltaire a sans doute essayé de minimiser avec autant de verve que le
Voltaire de F.Lenormand. Toujours est-il que le philosophe, comble de l'étonnement, fut effectivement élu à l'unanimité ; certaines répliques acides et piquantes à souhait en réaction à cet événement dans cette novella sont très inspirées des vrais écrits qui circulèrent de l'époque concernant cette élection.
Voltaire est prêt à aller hurler avec les loups afin de s'attirer la sympathie des académiciens – ou du moins, leur vote. Pour gagner à ce petit jeu des faux-semblants, mieux vaut compter sur l'influence de Claudine de Tencin, véritable salonnière au passé mouvementé (et au présent, disons, encore un peu secoué : il faut admettre qu'il y a du passage, dans son boudoir) connue pour avoir donné naissance au mathématicien et encyclopédiste d'Aeambert avant de l'abandonner. En quelques lignes, l'auteur restitue tout ce qui a fait le charisme et la réputation de cette femme : à travers son dialogue avec
Voltaire et même si elle est tournée juste ce qu'il faut en ridicule, elle est aussi mise en avant en tant que véritable autodidacte. le portrait reflète très fidèlement les parts d'ombre et de lumière de cette figure à la fois respectée et contestée.
Voilà pour
L Histoire. La fiction et l'humour interviennent dès que la course au fauteuil académique se voit doublée d'une chasse à l'assassin – et à la Tencin. L'auteur s'amuse de parallèles hilarants avec l'actualité médiatique ou l'époque moderne, que ce soit quand
Voltaire prépare son élection à la façon d'une campagne politique d'aujourd'hui (distribuant des tracts à son effigie) ou quand on apprend au détour d'un paragraphe que la Pompadour s'est faite corrompre à coups de jolies robes gratuites. Des clins d'oeil d'une impertinence désopilante du style de ceux qu'on avait adorés dans le premier opus de "Au service secret de
Marie-Antoinette". Les répliques, d'une subtilité et d'un humour érudit, s'enchainent avec une virtuosité délicieuse et les "easter eggs" abondent. Il en va ainsi des nombreux détournements humoristiques du prénom de Madame de Tencin, Claudine, sujet à s'amuser avec l'oeuvre de Colette plusieurs siècles avant sa naissance. On n'est même plus surpris de voir la bonne de la salonnière baptisée du nom de la célèbre écrivaine, clin d'oeil savoureux parmi tant d'autres.
L'ultime régal – dans tous les sens du terme – de ce tome, c'est de s'attarder sur la cuisine du XVIIIème siècle. L'auteur l'avait déjà fait dans "
Crimes et condiments", le quatrième tome de la série "
Voltaire mène l'enquête" parue chez Lattès. On se réjouit de cette nouvelle incursion dans la gastronomie de l'Ancien Régime, l'occasion de citer de nombreuses recettes authentiques de l'époque, aux noms et à la composition aussi alléchants que surprenants.
En bref : Un nouvel opus qui vaut largement ses prédécesseurs grâce au mélange justement dosé d'Histoire, de fiction, et d'humour. le tout est relevé d'un sens inné du style et saupoudré d'anecdotes culinaires fascinantes. On ne s'en lasse pas!
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