Variations polyphoniques autour de la faim : à la recherche d'une écriture par-delà la mort.
Maryse EMEL
« La poésie est une façon d'affirmer que nous ne voulons pas être de bons esclaves, que nous refusons de nous livrer gratuitement aux mains rapaces, aux coeurs de roc des héritiers de Caïn ». L'écriture pour
Claude Vigée est rédemption, transmission de la vie, au-delà du constat de la démence meurtrière des hommes.
Séverine Danflous, en s'inscrivant dans ce questionnement, propose une lecture de trois auteurs – Franz Kaka,
Paul Auster et
Primo Levi – qui en « écrivant la faim » permettent de comprendre la tâche douloureuse et salvatrice de l'écriture, en lutte contre l'oubli des tragédies de l'Histoire et des histoires propres à chacun. C'est à
F. Kafka que l'on doit l'expression « artiste de la faim ». En travaillant sur cette thématique de la faim chez ces trois auteurs, le projet de
Séverine Danflous est surtout d'en montrer les variations. Etre « poète » de la faim - au sens de poiesis, artisan du texte – c'est se risquer à la solitude de l'enfermement, expérimenter l'impossible retour à l'originaire réplétion, donner la vie au surgissement d'une nouvelle écriture qui transgresse le silence. Une écriture d'affamé, agonisante, animale, rajoute l'auteur-e . L'écriture de
F. Kafka se bat avec sa propre disparition, elle a faim tandis que lui s'épuise dans la lutte avec l'advenue de sa propre mort. Acte sacrificiel de l'écrivain et de son écriture sur la table du tragique de l'existence.
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