Evangeline est un monument, presque littéralement car une statue du personnage éponyme est dressée sur le lieu historique national de Grand Pré, en Nouvelle-Écosse (Canada), en hommage à la déportation des Acadiens. C'est dire à quelle point cette oeuvre est devenue emblématique du Grand Dérangement, événement traumatique et fondateur du peuple acadien.
En 1755, les Britanniques décident d'exproprier les habitants francophones de Nouvelle-Écosse, territoire que la France leur a abandonné quelques années plus tôt. Les troupeaux et les terres sont confisqués, les fermes incendiées, les Acadiens embarqués sur des navires et dispersés dans divers territoires anglais, jusqu'en Louisiane et même au Royaume-Uni. Dans la pagaille, des familles sont séparées. le long poème d'Henry Longfellow évoque cette histoire à travers le personnage d'Évangéline, séparée de son fiancé le jour même des fiançailles. Elle va passer des années à le rechercher.
"Évoquer" est le mot juste car Longfellow semble glisser rapidement sur les évènements qu'il relate. Il n'entre pas dans les détails mais cette pudique évocation n'en est que plus poignante car elle laisse toute la place à l'imagination. Les descriptions et les images utilisées en font un texte d'une beauté ensorcelante.
Je l'ai lu (ou plutôt écouté) dans la traduction de le May, réputée très libre. Cela m'a donné envie de lire le texte dans sa version d'origine même si je ne serai sans doute pas à même d'en saisir toute la beauté.
En tous cas, c'est un texte que j'ai trouvé vraiment très touchant. La lecture proposée sur Littérature audio, très sobre, est bien adaptée.
Challenge Romans Jeunesse 2023