L'absorption du travail vivant dans le cycle d'accumulation n'est jamais entière et l'individu ne se sépare jamais totalement de ses capacités d'agir
Le dossier est axé sur la domination du et au travail. Il s'agit pour les auteur-e-s de « Contribuer à relever le défi politique et théorique constitué par les nouvelles formes de domination du travail » et « Développer une analyse critique des formes de déni de la domination en sociologie (et en psychologie) du travail, tout en examinant comment ces disciplines décrivent les transformations de la domination au travail, tel est le second objectif. »
Signalée mais non approfondie, l'imbrication « de nouvelles manières dans les rapports sociaux de sexe, de classe et de ‘race' », contrairement à ce qui est indiqué en introduction, ne se cantonne pas aux emplois de service à domicile ou à l'internationalisation du travail du care. Sur les caractères imbriqués, consubstantiels et coextensifs des rapports de pouvoir, de la division sexuelle et raciale du travail, je renvoie aux multiples travaux féministes et, par exemple, à l'ouvrage sous la direction d'
Elsa Dorlin :
Sexe, race, classe, pour une épistémologie de la domination, dans la même collection.
Pour introduire les débats et la diversité des niveaux d'approche de la domination et du travail chez Marx, je souligne le texte très complet d'
Emmanuel Renault.
En complément de son beau livre (
Franz Kafka, Éléments pour une théorie de la création littéraire, Editions La découverte, Paris 2010)
Bernard Lahire nous offre une analyse sur « Kafka et le travail de la domination ». J'indique cependant que je ne partage pas l'extension de la « servitude volontaire » ou « involontaire » au capitalisme.
En complément, ici aussi, d'un ouvrage paru (Coordonné par Stephen Bouquin : Résistances au travail. Éditions Syllepse, Paris 2008) Stephen Bouquin examine « La question des résistances au travail dans la sociologie du travail française » et souligne, en faisant référence à Jean-Marie
Vincent que « la plupart des analyses traitent de la domination au travail et nullement de la domination du travail, ou plus particulièrement du ‘travail abstrait'. ». L'auteur ajoute « En s'abstenant de faire remonter l'analyse de la domination au travail jusqu'au travail lui-même – le travail non pas comme réalité ahistorique, mais comme réalité concrète qui prend la forme d'une abstraction imposée à la volonté des individus -, c'est bien la domination de la logique de valorisation sur la matérialité des relations sociales qui se retrouve méconnue. »
Jean Philippe Deranty traite, entre autres, des nouvelles formes de management « Travail et expérience de la domination dans le néolibéralisme contemporain ».
C'est aussi, en parti le cas de
Danièle Linhart « de la domination et de son déni » qui insiste particulièrement sur les conséquences de l'individualisation, la substitution de la souffrance à la critique. Elle revient aussi sur la notion d'incomplétude du contrat de travail, en effet l'employeur achète essentiellement du temps au travailleur, il lui faut donc en permanence organiser ce temps de travail pour le rendre plus « efficace », plus « rentable ».
Enfin Natacha Borgeaud-Garciandia et
Bruno Lautier « La personnalisation de la relation de domination au travail : les ouvrières des maquilas et les employées domestiques en Amérique Latine », grâce à une analyse comparative font ressortir la « réalité des fiction », ces fictions qui « pénètrent et huilent les rouages de la domination à travers la personnalisation des rapports ».
Un dossier permettant d'éclairer les débats sur la domination et le travail.
J'ai, de plus, été intéressé par le texte de
Franck Fischbach « Les mésaventure de la critique . Réflexions à partir de
Jacques Rancière » dont le maintien de « l'idée qu'un processus émancipateur ne peut pas en être vraiment un s'il ne met pas déjà en oeuvre en lui-même cet élément décisif de l'émancipation qu'est l'égalité »