On nous a appris à vénérer ce qui n'existe plus et à nous fonder sur ce qui n'existe plus et ne peut même plus servir de base au réel tel qu'il est mais on continue, on insiste, on enseigne encore L'Art d'être grand-père par exemple, ou Poil de Carotte par exemple, et pourquoi pas Marceline Desbordes-Valmore me suis-je dit à nouveau excédé sur cette banquette ou la comtesse de Noailles, au point où on en est tout est possible.
Je cherchais cette dimension dramatique cette exagération partout déjà, parce qu'enfant on veut que les choses soient très c'est-à-dire très gaies ou très tristes mais très, qu'elles soient entières et poussées à l'extrême, on regarde le jeu. Il faut que les gens jouent.
Nous sommes paralysés face au réel, face au présent ... Et ainsi le nouveau je le gomme je n'ai qu'une hâte c'est qu'il soit du passé et je n'en peux plus de ne vivre que dans l'attente du passé me disais-je là-bas dans la hâte pourtant que ce soit passé et fait, me suis-je dit ici, mais dans des proportions accrues je pensais, et irréparables espérais-je. Que les choses servent à quelque chose, maintenant, enfin.
L'amour n'est que ce qu'on en attend et la rencontre n'est que ce qu'on en attend et la conversation n'est que ce qu'on en fait et c'était pour parler comme on dit, et essayer des phrases entendues ou lues ailleurs, ou pour manifester un intérêt que je ne parvenais pas à éprouver absolument là-bas comme si je me trouvais exactement devant une vitrine me privant du contact des choses.
On va au médiocre bien sûr. On va au plus simple. À ce qui nous est le plus commun et le plus facile. Aux rengaines. Les gens sont fous me suis-je dit extrêmement irrité et les femmes sont folles d'attendre l'amour de Valmont c'est-à-dire des mots parce que les mots ne servent à rien et nous encombrent parce que nous ne sommes que des singes avec des colliers de perles.
Entretien réalisé en février 2008 – Source : Auteurs TV