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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre qui parle des mécanismes de l'emprise et de la maltraitance, ici un père ultra catholique qui torture ses enfants (doigts cassés, ébouillantages) et sa femme (coups répétés) lorsque ces derniers commentent des péchés tels que : parler à des « païens ».
Et pourtant, Jaja et Kambili aiment leur père, ont foi dans son jugement et considèrent que ses châtiments sont justes et mérités. Ce père est aussi un personnage complexe, ambivalent, presque « double » dans sa manière d'être généreux et de financer la scolarité de dizaines d'étudiant·es, nourrir des dizaines de voisins, donner des fortunes à des oeuvres de charité.
Ça me laisse perplexe en tant que lectrice, car j'ai peiné à comprendre si cet homme était bon ou mauvais… et je crois que c'est toute la force de ce livre. Sa foi et son interprétation personnelle (et extrême) de la pratique de la religion le poussent à la fois à récompenser/encourager généreusement celles et ceux qu'il juge dignes et réprimer/sanctionner brutalement ceux qu'il juge indignes. Les coups tombent sur les gens les plus proches de lui, ses enfants et son épouse. Sans doute parce que ces gens-là lui sont « acquis ». Il n'a rien à leur prouver, il n'a pas de rôle social à jouer avec eux, pas de paraître ?
Je suis restée un peu sur ma faim quant à la renaissance de Kambili auprès de ses cousins et cousines, j'espérais assister à une prise de conscience suivie peut-être, d'une revolte. Mais l'autrice est plus fine que ça, et l'emprise plus forte que dans les contes où la gentille orpheline affronte son tortionnaire. La transformation de Kambili est subtile, intime, et ses transgressions plus mentales que physiques. C'était un beau livre, très sincère sur le Nigeria et la diversité de sa population.

Bechdel oui
Diversité : pas de blancs ;-)
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Une écriture douce malgré parfois la violence des scènes contées : c'est là le génie de cette écrivaine, pour moi. Une histoire dans laquelle un frère et une soeur vont remettre en question la place du père et son fanatisme. On vibre avec eux.
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Conseillé par ma libraire, 1er roman de cette auteure, c est un regard sur le Nigéria dans les années 80 en proie à de profonds troubles politiques et économiques, on suit le parcours d une jeune fille de 15 ans dans une famille aisée, on est horrifié par la violence de son père, extrémiste religieux, pervers, tyran et violent avec sa femme et ses enfants alors qu il les aime et fait le bien à l extérieur de son foyer, il fait aussi preuve de courage politique, la mère est soumise, kambili aime son père malgré tout alors que son frère le hait, la peur les tétanise, des vacances chez leur tante vont leur ouvrir les yeux, à découvrir !
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Kambili, Jaja et leur mère vivent sous le joug du père de famille. C'est un véritable monstre sous ses airs d'homme respectable, industriel ayant pignon sur rue et fortuné. La famille vit un enfer. Les enfants ont un emploi du temps digne d'un ministre. Et encore, un ministre à des moments de loisirs et eux n'en n'ont pas. Et gare, s'ils ne sont pas les Premiers de la classe. Jaja en a fait les frais. Son père n'a pas hésité à lui coupé un doigt. Quant à la mère, elle est soumise et vit un véritable calvaire, mais ne bronche pas.

Les choses commencent à changer, lorsque les enfants ont ENFIN la possibilité d'aller chez leur tante Ifeoma, qui elle, ne vit pas sur l'or, loin de là et qui élève seule ses enfants. Ils auront également la possibilité de rencontrer leur Grand-Père paternel que leur père interdit quasiment de voir.

Ce roman aurait pu se passer dans tous les autres pays du monde. La maltraitance est toujours la même, le pouvoir d'un sur les autres.

Un bon roman, que j'ai beaucoup apprécié de par l'écriture et de l'histoire.
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Voilà un roman que j'ai beaucoup beaucoup aimé. La narratrice, une jeune fille Nigériane de 15 ans, raconte les quelques mois de sa vie où tout a basculé pour elle et sa famille. Sa famille, c'est tout d'abord son père, un homme tout-puissant que l'on découvre généreux, pieux et courageux mais aussi obsédé par la religion et le péché, véritable oppresseur au sein de sa famille et violent envers les siens, à l'abri des regards. Ensuite la maman, en épouse soumise qui subit tous les sévices et n'arrive pas à protéger ses enfants ... jusqu'à ce qu'elle craque...
Ensuite le frère, surnommé Jaja, compagnon de galère de la jeune fille qui sera celui qui se rebellera contre le despotisme du père.
Ce moment crucial, révolutionnaire, interviendra après une longue visite chez la tante et les cousins, où la religion se vit dans la joie et le bon sens, où l'on accueille et soigne le grand-père "païen", où l'on vit de peu, mais où l'on parle librement... et, chose totalement inconnue pour notre jeune héroïne, on se taquine et on rit !!
Un roman que j'ai dévoré, très bien écrit, très bien construit, sans niaiserie.

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Kambili, 15 ans, est une jeune fille avec laquelle il est difficile de se lier d'amitié : elle parle peu, s'enfuit en courant une fois que la cloche de l'école a sonnée et semble être un fantôme, comme si elle n'existait pas.

Il me fut difficile de m'attacher à elle, alors que son frère, Jaja, est plus présent, bien que ce ne soit pas lui que l'on suive dans ce roman. Quant à leur Tatie Ifeoma, elle, c'est un personnage marquant, flamboyant.

L'intégrisme religieux chez les cathos dans une société africaine… Voilà comment on aurait pu nommer ce roman.

Eugène, le père de nos deux personnages, est plus catholique que le pape, plus catholique que Saint-Antoine et d'une rigidité exacerbée. Benoît XVI est moins rigide que lui, je parie ! On aurait d'ailleurs plus de chance de croiser le Benoît en tutu rose, faisant des entrechats sur la place Saint-Pierre que de voir l'Eugène sourire (ou même rire).

Le péché est son cheval de bataille. Il le traque partout, surtout chez lui. Ils ont la parabole pour la télé, mais ne la regarde jamais. Sans doute n'était-ce pas la bonne parabole (oups, un péché, j'ai fait de l'humour).

La musique ? Oui, dans la voiture, on écoute l'Ave Maria. Et puis de temps en temps, l'Ave Maria et, coup de folie ultime, l'Ave Maria (et non Lavez Maria, oups, encore un péché). Les mecs, ne vous branlez pas, sinon, vous finirez avec les deux mains dans un bol d'eau trèèèès chaude.

Bref, le père de ces enfants est un homme intransigeant. Il a la main lourde et je peux vous assurer que certains passages sont plus glaçants qu'une nouvelle d'épouvante de Stephen King ! Et son épouse qui fait comme si de rien n'était. Terrible. Sans jamais sombrer dans le pathos.

Dans le patois wallon, il existe une expression pour désigner les gens tels que lui, qui, d'un côté sont pieux et de l'autre, violents. On dit que ce sont des mangeurs de Bon Dieu et des chieur de Diable (Mougneû d'bon Dieu èt dès tchiyeu d'jiale – impossible à écrire sans google et ce n'est pas vraiment le patois de mon bled).

Anybref, vous l'aurez compris, dans ce roman, il est beaucoup question de religion catholique, Eugène étant un peu produit du colonialisme, reniant même son père païen, baisant les pieds des missionnaires et s'étant fait tout seul. Il est riche.

Il est aussi question d'émancipation, d'ouverture d'esprit et de décalage entre Kambili et ses cousins, lorsqu'elle ira chez sa tante Ifeoma (pauvre), où l'on rit, sourit, où on écoute de la musique, où les prières avant de manger ne durent que quelques instants (et pas 30 minutes). le décalage entre les deux mondes est énorme pour Kambili et son frère, qui s'adaptera plus vite qu'elle.

C'est aussi une page sur la culture nigériane, sur la cuisine, sur les moeurs et sur l'aspect politique. le Nigeria est en pleine révolution estudiantine, il est aussi question des riches qui ont la possibilité de fuir le pays, laissant là les autres, les pauvres. de savoir s'il faut se battre et risquer de perdre le peu que l'on a, ou continuer de courber l'échine et de tenter de passer entre les gouttes.

N'allez pas croire que les choix sont faciles, que du contraire. Partir est aussi un acte difficile, car on abandonne sa culture, ses amis, sa famille.

Les points faibles de ce roman, ce sont l'écriture assez froide et la lenteur du récit qui va sans se presser. C'est plus réaliste, je sais, plus naturel que les choses prennent le temps de bouger, mais il n'aurait pas fallu 100 pages de plus, sinon, c'était l'enlisement.

Les quelques coups de fouet qui claquent (au sens figuré) ne sont pas assez nombreux pour donner du rythme à l'ensemble et le récit retombe ensuite dans l'apathie.

Dommage, parce qu'avec un peu plus de rythme et n style moins froid, ce roman aurait une claque plus forte. Il l'est déjà grâce à ce qu'il nous raconte, cette plongée dans un pays dont nous ne connaissons que peu de choses (si pas "rien") et au coeur d'une famille où le père est un tyran qui lit la Bible (et vous frappe avec).

En fait, ce qui tire le récit vers le haut, c'est Tatie Ifeoma et ses enfants. Eux, ils m'ont marqué et je leur réserve une petite place dans ma mémoire.

Malgré ma mini-déception, cette lecture n'est pas un foirage, que du contraire. C'est une réussite puisque je suis sortie de mes sentiers littéraires habituels, que j'ai découvert un autre pays, une autre culture et que cela m'a donné envie de lire d'autres romans de l'autrice.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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"Frère" Eugène est un gros businessman nigérian, propriétaire de multiples usines agro-alimentaires et du principal journal d'opposition au gouvernement. C'est également un grand mécène à l'innombrable clientèle.
Mais c'est aussi un intégriste religieux dément et violent, faisant vivre dans la terreur son épouse et ses deux enfants adolescents. La narratrice est sa fille Kambili âgée de 15 ans, et le roman est écrit comme un journal intime sans en avoir la forme.
Kambili vit dans la terreur mais sous emprise, enfant quasi muette cherchant éperdument à plaire au tyran domestique.
La lente émancipation des deux enfants débute lors d'un séjour chez une tante enseignante où ils découvrent la pauvreté, mais aussi la liberté de parole et la joie de vivre.
Et pour son frère Jaja, le jardinage, avec ses boutures d'hibiscus pourpre dont la floraison incarne la naissance de la révolte.
Chimamanda Ngozi Adichie dresse dans cet excellent premier roman un tableau extrêmement sombre des inégalités sociales et des difficultés de la vie quotidienne dans son pays d'origine. La vie de famille de ce Tartuffe nigérian illustre à merveille la corruption, le clientélisme et l'intolérance religieuse qui poussent à l'exil les éléments les plus progressistes de la société.
La traduction de Mona de Pracontal est très bien, par contre le lexique des mots ibo employés dans le roman est incomplet et bâclé ("Variété d'arbre", bof bof).
LC thématique d'août 2022 : "Lire en couleurs"
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Au Nigeria, Kambili, 15 ans, vit avec ses parents et son frère aîné Jaja dans l'opulence et la sécurité. Son père est un riche entrepreneur et un homme très pieux et généreux, mécène de nombreuses oeuvres de charité. Il est également propriétaire du seul journal indépendant du pays, ce qui, au Nigeria, est synonyme d'un courage politique indéniable. L'homme est donc adulé par toute sa communauté.

La vie de Kambili, Jaja et leur mère est cependant loin d'être idyllique, car ce père et mari est un véritable tyran domestique doublé d'un catholique fondamentaliste, qui enferme ses enfants dans un emploi du temps très strict, dans lequel seules l'étude et la prière trouvent place. le moindre écart de conduite ou de langage vaut aux enfants de cruelles punitions. En dépit de cela, ceux-ci, totalement sous son emprise, adorent leur père.

Après un coup d'Etat et une crise politique à laquelle leur père est mêlé, Kambili et Jaja sont envoyés chez leur tante, où ils découvrent un autre monde : la pauvreté, la simplicité, le bruit, la musique, le temps libre, les rires, la joie, l'amitié et la chaleur humaine. Elevés jusque là dans la croyance qu'une telle vie dissolue et hérétique conduisait droit en enfer, ils prennent peu à peu conscience du fait que leur père est un homme violent et fanatique. Leur retour au bercail, une fois le chaos politique calmé, sonnera l'heure de leur rébellion, pour le meilleur ou pour le pire.

« L'hibiscus pourpre » est un roman tout en contrastes.
Ceux d'un pays, tendu entre riches et pauvres, puissants et anonymes, catholicisme et religion traditionnelle, percée démocratique, corruption et dictature militaire.

Ceux d'un homme, à la fois admirable pour son courage et sa générosité, et haïssable pour ce qu'il fait subir à ses proches à l'abri des regards.

C'est là tout le sujet du livre : comment la perception que Kambili et son frère ont de l'ambivalence de leur père va évoluer tout au long des pages, de l'adoration et de la terreur à la conviction qu'ils ne veulent plus avoir affaire à pareil tyran. L'évolution est lente et difficile, parce que l'emprise psychologique était terrible et que les enfants n'avaient jamais appris à penser par eux-mêmes, mais l'espoir est permis.

Ce premier roman de l'auteure est donc un roman d'apprentissage et d'émancipation, sur fond de violences domestiques, d'intolérance religieuse et de tensions politiques. Un roman dont les personnages sont attachants et psychologiquement très convaincants, et qui dresse aussi un portrait du Nigeria, de son instabilité chronique, de sa culture et de ses traditions. Intéressant, beau et touchant.
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Kambili a quinze ans et vit au Nigéria, avec ses parents et son frère dans une résidence luxueuse. Son père, notable et très religieux, se présente comme un héros auprès des habitants d'Enugu... mais la réalité est tout autre.

Catholique intégriste, il est d'une grande violence quand il est question de l'éducation de ses enfants, mais aussi de sa femme... la religion revient la justification à toutes ses folies.

Kambili et son frère Jaja sont envoyés chez leur tante après un coup d'état. Ils y découvrent une nouvelle vie, la précarité, la ménage, les chants lors de la prière, les rires... Ils sont secoués et Jaja se rebelle contre leur père...

Je ne m'attendais pas à cela en ouvrant L'Hibiscus pourpre 🌹 de Chimamanda Ngozi Adichie. Sur fond de conflit national, une bombe familiale explose. D'un côté, la richesse de certaines familles, de l'autre, la misère du peuple qui ne peut rien faire d'autre qu'attendre un changement. L'ambivalence du père est si forte, un dieu pour les autres, un diable pour ses proches.

Ce roman est très dur, mais il est nécessaire pour comprendre un pays qui n'est pas le nôtre, mais aussi voir ce que la religion peut engendrer...
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Chimamanda Ngozi Adichie nous brosse le portrait d'un véritable pervers narcissique dans un pays, le Nigeria, en proie à de profonds troubles politiques et économiques. Eugène, le père de Jaja et Kambili, est un homme riche et soucieux de son peuple, qui sait se faire aimer, luttant courageusement contre la corruption, distribuant généreusement son argent, finançant église, écoles, oeuvres de charité. de toutes apparences un homme bon, religieux, soucieux de sa famille. Or sous prétexte de religion – il interprète de manière excessive et fanatique les évangiles pour justifier sa propre violence et sa soif de domination – il règne en tyran sur ses proches. L'accusant de pécher au moindre signe de fatigue, il bat sa femme, provocant des fausses couches à répétition, il inflige à ses enfants des châtiments corporels cruels, allant jusqu'à manquer de tuer sa propre fille. Il refuse de voir son père qu'il considère comme un païen et n'entretient que peu de relations avec sa soeur Ifeoma, professeur d'université, qui élève seule ses trois enfants.

Kambili a 15 ans et vit dans la peur de ce père qu'elle aime autant qu'elle le craint. Considérée comme une « bêcheuse » par ses camarades de classe, elle n'a qu'une obsession, plaire à Papa, être la première, ne lui dire que ce qu'il veut entendre, accepter les châtiments qu'il lui inflige, participer à ses interminables prières. Avec Mama et Jaja elle parle peu, même si une sourde entente s'est installée entre eux.
Eugène accepte, contre toute attente, que ses enfants soient invités chez leur tante. Kambili va découvrir une autre manière de vivre et rencontrer le père Amadi, qui lui donne une image différente de la religion, lui qui croit en la jeunesse et consacre beaucoup de son temps à s'occuper des jeunes du quartier mais ose prononcer la messe dans sa langue africaine, l'igbo ! Inconvenance pour son père. Elle tombe secrètement amoureuse de lui. Et c'est surtout le début d'une prise de conscience qui s'achèvera tragiquement…

Un très beau livre sur une famille qui va mal dans un pays tombé dans le chaos, menacé par la violence, gangrené par la corruption, oublieux de ses ancêtres. La majorité de la population vit dans la misère, soumise à des violences policières, pendant qu'une minorité confisque l'argent qui serait utile à la population. Beaucoup n'ont qu'un désir, partir, comme ce sera le cas pour la famille d'Ifeoma, les Etats-Unis représentant pour eux la terre promise…Heureusement joie de vivre, sagesse et espérance viennent atténuer le tableau d'une réalité plutôt sombre et d'un avenir très incertain.
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