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Alexandre Zotos (Traducteur)
EAN : 9782842610579
255 pages
Le Serpent à plumes (14/04/1998)
3.9/5   5 notes
Résumé :
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en Albanie, dans un village tenu par quatre familles, un homme s'approprie un canon abandonné par l'armée italienne en déroute. Ce canon devra être l'instrument de sa vengeance. L'homme au canon nous montre un pays, l'Albanie, à une période cruciale de son histoire où les tensions sont extrêmes. La lutte qui oppose les nationalistes aux communistes et tous aux armées étrangères (l'Italie qui fuit et l'armée nazie qui menace), ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je ne suis pas mécontente du tout d'avoir lu cet auteur albanais. Il faut dire que Dritëro Agolli remporte autant voire plus de succès dans son pays qu'Ismail Kadare. Ce n'est donc pas le premier venu.

Dans ce roman, L'Homme au canon, il met en scène Mato Gruda, homme dont le père a été tué par une autre famille du village, les Fiz. Alors qu'il coupait du bois dans la forêt, Mato est obligé d'abandonner sa mule et d'aller se réfugier dans une grotte en attendant que les tirs cessent. L'histoire se passe sur fond de seconde guerre mondiale. Les italiens et les allemands tirent à tout va. Lorsque le calme est enfin revenu, Mato récupère sa mule, se félicitant qu'elle n'ait rien et parcourt la forêt. Il tombe alors sur le corps d'un soldat italien et sur le fameux canon. Il emporte ce dernier chez lui, au grand dam de sa femme, Zara, qui se demande bien ce qu'il va pouvoir en faire. Sa tante Esma, en revanche, ne dit rien mais on pressent qu'elle soutient Mato… et pour cause : ce canon sera l'instrument de la vengeance. Et si je disais que ce roman se passe sur fond de seconde guerre mondiale, c'est parce que toute l'attention du lecteur se porte sur cette vendetta. On se croirait dans du Shakespeare avec Les Montaigu et les Capulet, l'amour en moins. Bien entendu, Mato ne parle à personne de sa trouvaille, pas même à son meilleur ami, Mourad.

Mato fait partie d'un groupe de partisans qui va accueillir des italiens. Lorsque le sien arrive, Augusto, rebaptisé Agush, Mato va en profiter pour lui demander de lui apprendre à tirer au canon. C'est ce que fait l'italien, ne s'imaginant pas que ses leçons pourraient avoir un dessein de vengeance. Et il ne comprend pas qu'un soir, son élève tire en direction de la maison des Fiz. Lorsqu'une fumée s'élève de la maison, Mato et Esma sont ravis. Augusto est affolé. Cependant, au petit matin, Mato découvre qu'il a raté la maison et qu'il n'a touché qu'une meule de foin. Son acte ne sera pas sans conséquence et Mato ne s'imagine même pas les dégâts que cela va causer…

Je le disais au début de cette critique, je ne regrette vraiment pas d'avoir lu cet auteur. le style est limpide et il n'y a nul besoin de connaitre l'Albanie pour comprendre. Bien au contraire, ce roman est riche d'enseignement et donne envie d'en savoir un peu plus.
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"La population d'Arun se partageait en cinq clans entre lesquels ne régnaient pas toujours une harmonie parfaite".

L'homme au canon commence comme une farce, et finit comme une tragédie.

Nous sommes en Albanie, à la fin de la seconde guerre mondiale, après le départ des Italiens, mais avant l'arrivée des Allemands. Mato Gruda, paysan albanais, trouve, dans la forêt, un canon abandonné par les Italiens lors de leur retraite précipitée. Il projette dès lors d'en faire l'instrument de sa vengeance contre le clan ennemi des Fiz, et se trouve piégé dans un engrenage de violence qui finit par le dépasser.

"Il n'avait guère envie, en un tel moment, de quitter sa maison ; il lui semblait qu'en s'absentant, il exposait son canon à quelque danger. Il éprouvait le besoin de le veiller comme on veille un enfant qui s'agite dans son sommeil et qu'il faut recouvrir de temps à autre".

L'Homme au canon tisse entre elles trois violences : la vengeance traditionnelle et son cycle infernal, les Nazis contre les Albanais, eux-mêmes de plus en plus nettement divisés entre partisans communistes et ballistes (membres du mouvement de résistance anti-italien et anti-communiste). La thématique de la vengeance rappelle évidemment le superbe Avril brisé de Kadaré.

Plutôt en forme de parabole que de roman historique, écriture âpre et dure comme la terre albanaise, mais j'aime quand même mieux, je crois, l'onirisme d'un Kadaré, même s'il manque parfois de renouvellement.
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"Il ne faut jamais placer un fusil chargé sur scène s'il ne va pas être utilisé. C'est mal de faire des promesses que l'on n'a pas l'intention de tenir" (Lettre de Tchekhov à Alexandre Semenovitch Lazarev).


Cette allégation serait à l'origine du principe dramaturgique que l'on désigne comme "le Fusil de Tchekhov", selon lequel chaque détail mémorable dans un récit de fiction doit être nécessaire, irremplaçable et ne peut être supprimé. Dritëro Agolli respecte bien, ici, ce principe. Son canon, qui apparaît dès l'entame de son récit, va y jouer un rôle primordial, presque le rôle principal.

Début des années 40.
Mato Gruda vit à Arun, dans les montagnes albanaises, avec sa femme Zara, leurs deux fils et sa tante Esma. Il trouve dans la forêt un canon de l'armée italienne, mise en déroute par les allemands après la rupture de l'alliance entre leurs deux pays. Il décide de le dissimuler, il pourrait en effet lui être utile pour assouvir enfin sa vengeance à l'encontre des Fiz, le clan le plus puissant de son village, qui a décimé sa famille. Car c'est ainsi que son monde et celui de ses concitoyens fonctionne depuis des générations : sur la base de haines entretenues de pères en fils, fondées sur la quête de pouvoir et l'appropriation de terres, cinq clans, d'influence diverse, se composant d'une poignée de survivants (pour les Gruda) à une quarantaine de foyers (pour les Fiz), se partagent Arun.

Ce cercle vicieux de dissensions et de représailles ponctue la vie du village de drames (meurtres, incendies, amours contrariées car interdites) et le plombe d'une atmosphère tragique et instable. La guerre fournit de nouveaux prétextes aux conflits, les partisans communistes, représentés par Mourad, le meilleur ami de Mato, s'opposant aux sympathisants d'extrême-droite qui se rallient derrière l'inquiétante figure de Tosun Batchi. Et Mourad a bien du mal à convaincre les habitants d'Arun d'unir leurs forces contre l'ennemi allemand commun plutôt que de s'entre-tuer.

Mato lui-même n'est pas convaincu... mais n'en dit rien. A la demande de son ami, il accueille sous son toit un italien ayant rejoint le camp des partisans et qui, heureux hasard, est artilleur. L'initiant à son secret, il apprend ainsi, aux côtés d'Augusto, à manier son canon, devenu pour Mato l'objet d'une véritable obsession, qui fait perdre à cet homme plutôt paisible tout discernement. Son idée fixe, associée au contexte explosif -si vous me pardonnez ce mauvais jeu de mots...- aboutit à un drame dont les conséquences inattendues lui échappent.

"L'Homme au canon", roman riche en rebondissements, fait ainsi s'interpénétrer conflit mondial, luttes intestines et guerre de clans. Ses courts chapitres dynamisent le rythme du récit, très efficace. Dritëro Agolli n'en néglige pas pour autant la dimension psychologique, qui alimente avec justesse le ressort dramatique de son intrigue.

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J'ai terminé il y a peu La chronique de la ville de pierre de Kadaré et voilà que ce roman lui fait écho. Il lui est contemporain et se déroule dans la courte période qui suit la capitulation des Italiens et l'occupation de l'Albanie par les nazis en 1943. Période où les partisans et les ballistes s'opposaient, où les fuyards italiens étaient prisonniers des maquisards.

A l'opposé de la Chronique de la ville de pierre, L'Homme au canon se déroule en milieu rural dans une campagne où règnent encore les traditions de vendetta entre les clans.

Les héros sont aussi très différents : l'enfant de Gjirokastër au regard naïf sur les choses et les gens est remplacé par le paysan Mato Gruda, père de famille, seul rescapé de son clan d'une vengeance. Mato Gruda est un simple paysan proche de sa mule, de son boeuf sa vache et son chien. La naissance du veau en pleine invasion allemande arrive à le réjouir malgré la catastrophe. Il parle même au blé en herbe, noyé sous la pluie d'un orage violent. L'auteur raconte la vie rurale, les travaux des champs ou de la ferme.
C'est surtout un roman d'action, comme on dirait un film d'action. le traducteur le compare même à un western. Ecriture qui a du rythme avec des chapitres courts, des dialogues.

C'est aussi un roman d'amitié virile, amitié entre Mato et Mourad, le communiste, délégué au village pour rallier les paysans au maquis. amitié entre Mato et Augusto, son prisonnier italien, qui deviendra son complice. Les rapports homme/femmes sont aussi évoqués avec beaucoup de délicatesse. Zara, la femme de Mato et Esma la vieille tante ne sont pas des figurantes.

Que fera Mato avec le canon que les italiens ont abandonné dans la forêt pendant leur fuite? Je ne vous le raconterai pas, à vous le lire le roman! Il en vaut la peine.
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Dans un autre style, plus facile, que Kadaré, le monde qui y est décrit n'en reste très proche. Dans ce beau roman qui se lit si bien, les thèmes, si fortement déployés chez Kadaré, comme le Kanoun et son droit du sang, la présence italienne lors de la seconde guerre mondiale, le village accroché sur les pentes de la montagne, et même une référence au conte de la femme emmurée dans la structure du pont animent avec puissance l'histoire de cet homme au canon, ce père de famille à l'épouse si aimante, mais torturé par le passé des conflits entre familles du village, gonflé par l'esprit (le devoir ?) de vengeance.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il n'avait guère envie, en un tel moment, de quitter sa maison ; il lui semblait qu'en s'absentant, il exposait son canon à quelque danger. Il éprouvait le besoin de le veiller comme on veille un enfant qui s'agite dans son sommeil et qu'il faut recouvrir de temps à autre.
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La population d'Arun se partageait en cinq clans entre lesquels ne régnaient pas toujours une harmonie parfaite.
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