Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio et les éditions “L'Attente”, pour m'avoir envoyé le livre dans le cadre de l'opération Masse Critique !
Cette critique est probablement la plus difficile que j'ai eu à écrire de ma vie. Parce que je n'ai pas détesté le livre, je ne l'ai pas adoré pour autant. En fait, pendant la moitié de ma lecture, je suis restée extrêmement hermétique face à l'exercice de style de l'auteur alors même que celui-ci était assez réussi. J'ai apprécié qu'il s'amuse autant avec les mots, jouant sur différentes assonances et allitérations, homonymes and co et passant ainsi du coq à l'âne, jouant aussi sur la forme du monologue et de sa typographie. Mais une fois l'amusement passé, il ne restait plus qu'une grande difficulté à tenter de suivre le fil de ma lecture sans relire trois fois la même phrase. Evidemment, je sais que c'était le but du livre; le personnage raconte des choses sans queue ni tête, se mélange et s'égare. J'étais prévenue et je n'ai pas détesté cette manière d'écrire. Mais j'étais trop noyée sous les mots (comme le personnage) et j'avais l'impression désagréable que beaucoup de sens cachés m'échappaient : pourquoi tant de haine envers cette machine à écrire de la marque Remington ? Il cite aussi de nombreuses références que soit je n'avaient pas; soit je les avaient mais seulement de nom. Il y avait donc quelque chose d'extrêmement frustrant de ne pas tout comprendre, en plus du monologue sans queue ni tête du personnage qui n'arrangeait pas les choses.
Cependant, j'ai tenu. Et à partir de la fin du troisième jour, j'ai commencé à percevoir plus de choses : le personnage se perd tellement qu'il oublie à plusieurs reprises si il a bien dit bonjour ou non au risque de se répéter; il parle de moins en moins mais a des réflexions de plus en plus sensées. Et c'est là que toute la description de la déchéance de l'humanité devient intéressante (j'ai retenu quelques-unes des phrases en citations mais il y en avait d'autres tout aussi pertinentes !). Et c'est finalement quelques pages avant la fin du livre que j'en ai compris le sens, ou plutôt le message, que je me suis prise au jeu et que j'ai décidé que je ne le détestais pas. Mais puisque ma lecture a parfois été éprouvante, il n'aura malheureusement pas plus de trois étoiles. Peut-être que je suis encore trop jeune; je le relirai dans quelques années, je comprendrai peut-être de nouvelles choses ou aurai un autre angle de lecture. Cependant, c'était une expérience extrêmement intéressante, donc je ne le déconseille pas, même si les potentiels lecteurs sauront à quoi s'en tenir.
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Un vrai Micmac digne de Novarina !
Ça s'enchaîne comme une mécanique bien huilée, ça s'emballe, il y a des à-coups mais ça s'articule toujours bien.
On lit un flot ininterrompu de pensées et de divagations d'un protagoniste qui assemble et désassemble des mots, des machines, des idées. La machine s'enraye pour repartir à 1000 à l'heure. Et si c'est quelque chose à lire... c'est une sacrée expérience de dire ce texte : à voix haute, la machine humaine est encore plus présente.
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- je t'ai dit que les listes nous sauverons ? Toutes les listes, toutes les dénominations ? Les machines n'y pourront plus rien, nous serons plus machines encore que les machines, tout sera dit, plus d'espace entre elles & nous, nous serons fiers, fiers-à-bras, à bras raccourcis, nous serons fiers & tristes sires qu'on scie (p.101)
C'est quelque chose quand même que d'associer à la voyelle près, à la consonne exacte, la chose & le mot pour la désigner
ça c'est une chance (p.39)
la langue aussi est un excès, trop de menthe dans le sirop, mais y'en a besoin pour le récit. Un mot, un autre mot, un outre concept, une idée, encore un mot, un fagot de mots, de motus, d'intrants lexicaux, d'intrus qui jouent aux Legos (p.31)
le savon s'amenuise entre les mains, entre les doigts, sous les ongles, à l'orée des poignets, la vie aussi s'éreinte, la vie entre les mains s'usine, s'élucubre, s'ajuste, se façonne, se déforme (p.14)
la machine machine, la machine mâche, mâchonne, la machine marche, massicote, annone, ahane, la machine amoche, faut du pognon mon petit marmiton, un pognon de dingo mon salopiot (p.61)