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EAN : 9782812624155
112 pages
Editions du Rouergue (04/01/2023)
3.16/5   38 notes
Résumé :
Agnès n’a jamais quitté la ferme de Jean, son père. Après que sa mère a disparu, alors qu’elle était adolescente, elle a peu à peu pris sa place. Mais de la forêt vient une bête qu’on croyait disparue, qui décime les troupeaux. Jean n’est pas de ces hommes qui se résignent. Il prend un fusil et suivi de son chien, Pentecôte, passe l’orée du bois, les limites du monde.

Avec ce premier roman d’une puissante poésie, Philippe Alauzet nous fait entrer dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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C'est avec tristesse et colère que Baron assiste à l'enlèvement des cadavres de ses brebis, attaquée par le loup. Perte financière mais aussi affective, pour cet homme qui vit seul avec sa fille. Des années plus tôt, sa femme a disparu sans laisser de trace.
C'est la rage au ventre qu'il part, fusil à l'épaule sur les traces du prédateur. S'il s'y perd rapidement, y trouvera t-il ce qu'il y cherche ?

C'est un texte très lyrique, qui surfe sur la frontière avec le rêve, dans des zones floues difficiles à identifier. Hallucinations ou rêve éveillé, où est la vérité et est-elle vraiment l'objet de la quête ?

Le récit est très sombre, peuplé de personnages taiseux, portant au plus profond d'eux-même les blessures qui ont jalonné leur vie. L'ambiguïté est une constante tout au long du roman, depuis la première scène jusque dans les scènes au coeur de la forêt;

On peut saluer la qualité de l'écriture, l'art de la description des paysages dont la forêt qui est presque un personnage elle-même, pour ce premier roman qui évoque l'univers littéraire de Franck Bouysse.


112 pages Rouergue 4 janvier 2023
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La solitude, la forêt et le loup

Avec ce premier roman très noir, Philippe Alauzet confronte une nouvelle fois le loup et l'homme. Sauf que l'histoire n'est pas aussi simple qu'elle y paraît. Qui s'attaque à son troupeau ? Et qui est le plus solitaire des deux ? le combat s'engage.

La cohabitation de l'homme et du loup n'a jamais été simple. Nombreux sont les paysans qui se sont opposés aux campagnes de réintroduction de la bête qui s'attaquait à leurs troupeaux. Aussi quand s'ouvre ce roman, la découverte de brebis égorgées ravive la colère des bergers qui n'ont qu'une envie, aller abattre au plus vite ce prédateur qui demain peut s'en prendre à leurs bêtes. Mais Jean, la victime, refuse leur proposition. Il n'a besoin de personne pour régler le problème et préfère partir seul traquer la bête. Car Jean est un solitaire. Après avoir perdu sa femme, il a construit sa vie autour de sa ferme, son coin de terre, sa fille Agnès et son chien Pentecôte. À leurs côtés, Pàl, l'ouvrier immigré, est lui aussi un taiseux, enfermé dans un son exil douloureux. Plus qu'un groupe, ils forment un trio de solitudes qui cohabitent. Chacun avec son histoire, ils se sont construits de solides remparts. Jean préfère la forêt aux hommes. Agnès rêve d'ailleurs mais la quarantaine passée, elle ne se berce plus d'illusions. Tout juste accepte-t-elle une relation à minima avec Pàl, car il faut bien que le corps exulte. Puis elle retourne à ses occupations domestiques. Finalement, le seul qui fait le lien entre eux, le seul à ne pas avoir d'états d'âme et de pensées parasites, c'est le chien. S'il suit volontiers Jean dans la forêt, il aime aussi retrouver Agnès et Pàl, de retour de ses expéditions.
La forêt, c'est d'ailleurs le personnage inattendu de ce conte noir, l'endroit qui grouille de vie, où l'horizon est certes limité, mais où tout peut se passer. La compagne de Jean : «Cette forêt qu'il connaît comme personne, c'est comme si elle l'avait vu naître. Parfois, il la sent battre dans ses veines. Il en a étudié chaque arbre, chaque pousse, chaque herbe, chaque être qu'il pourrait nommer, fourrant dans sa mémoire rétive à tout autre sujet un trésor de savoirs dont on serait bien en mal de connaître la source. Et là, pourtant, cerné par les odeurs de la terre et des bois, par les mille voix du vent caressant ses oreilles, Jean se sent subitement le coeur aussi lourd que le ciel qui plombe. Ça lui tombe dessus comme une fiente.»
Car au fur et à mesure qu'il progresse dans sa traque, il chemine aussi dans son esprit. Ses souvenirs viennent le hanter, sa solitude le consume, ses certitudes vacillent. Alors, il n'est plus un roc quand il se retrouve nez à nez face à «une masse musculaire roulant sur son dos et ses épaules, une allure lourde et puissante, près de quatre-vingts kilos de force et de longues pattes nerveuses prêtes à bondir: un loup à robe grise nervurée de crème et de charbon, la fourrure grossière et longue dressée sur son échine». le loup dont «les babines retroussées laissaient voir, tout en grand, canines et incisives, terribles, mortelles, machine à rompre et à broyer n'attendant qu'un geste de l'homme pour déchaîner l'enfer.» Mais l'enfer n'est jamais sûr et Philippe Alauzet va alors imaginer une issue surprenante à cette confrontation. Avec une écriture poétique, à la fois proche de la terre et des humeurs de l'esprit, le primo-romancier nous livre une réflexion sur l'enfermement, la prison intérieure qui se construit insidieusement. Mais aussi sur les forces qui poussent à sortir de cette aliénation. Voilà des débuts en littérature plus qu'encourageants, qui ne sont pas sans rappeler ceux de Franck Bouysse.


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Agnès est une jeune fille attachante, bien qu'elle se terre dans une existence vide de tout sentiment depuis que sa mère a mystérieusement disparu. Même avec l'employé de son père avec qui elle pourrait avoir une aventure, elle ne cède rien. Quant à son père, Jean, il n'a que son chien et encore. de sa fille, il n'accepte que les services de la maison et il ne lui donne rien non plus.
L'univers de l'auteur est noir, conformément au genre. Agnès est absente aux autres, même au lycée. On dirait qu'elle est absente à elle-même. Mais pour moi, la noirceur de ce climat est excessive et perd de sa crédibilité. Par ailleurs, certaines scènes qui devraient donner quelques explications au drame restent si obscures que j'ai parfois eu du mal à comprendre de quoi il retournait.
Pourtant le style est sûr. Les personnages et les paysages sont décrits avec poésie sans fioriture inutile.
Rendez-vous manqué. Mais la plume de cet auteur pourrait m'emmener dans d'autres univers et je sens qu'il est capable de maîtriser un récit en lui offrant un scénario solide.
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Roman qui m'a laissé vraiment perplexe. Alors il faut louer les qualité d'écriture d'ALAUZET qui a une magnifique plume faite de poésie, que ce soit pour décrire les paysages sauvages mais également le caractère sauvage de l'être humain. Les deux fonctionnent d'ailleurs en miroir à mon sens. C'est un roman très introspectif, les personnages cherchant leur place dans ce monde. Mais personnellement j'ai trouvé une attente inassouvie qu'il se passe quelque chose. J'ai eu un espoir avec la rencontre de Jean et du loup, qui m'a fasciné dans leurs attitudes respectives, mais ce moment est vite retombé selon moi. Je dois avouer avoir un peu plus survolé la fin n'étant pas rentré dans ce roman. Je pense tout simplement ne pas être totalement sensible à ce genre de lecture, car je reconnais vraiment la qualité de cette plume. A lire pour vous faire votre propre avis.
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Dans les murmures de la forêt ravie
.
le livre s'ouvre sur une scène de carnage. le loup a ravagé le troupeau de Jean Baron, un paysan rugueux et taiseux qui vit seul avec sa fille Agnes, depuis la disparition de sa femme,15 ans plus tôt. Mais point de résignation face à ce drame mais colère et soif de vengeance. Refusant toute alliance avec les autres éleveurs, il se lance dans une traque solitaire au coeur de la forêt qui le confrontera à ses zones d'ombre et à ses secrets enfouis.
.
Mi conte, mi roman noir, ce livre nous plonge dans une atmosphère envoûtante, un univers angoissant ou sourd le drame et la noirceur. Ça poisse, ça rugit, c'est pesant, ça pue, et le sang est omniprésent comme une métaphore du drame originel qui lie le père et la fille. Un duo singulier, lui, rude et taciturne, « un homme de colère », elle, sacrifiée et hermétique aux sentiments, rêvant d'ailleurs mais résignée. Deux solitaires enfermés dans leur souffrance et prisonniers du silence. Dans cette ferme isolée, c'est finalement le chien qui a le plus d'humanité, animal loyal et attaché à son maître, témoin impuissant d'une drame silencieux. Et puis il y a la forêt, personnage à part entière, la forêt qui n'a de cesse d'attirer Jean depuis sa prime enfance, cette forêt hantée par une meute de loups sanguinaires, cette forêt symbole de sa part d'ombres, de sa noirceur, de sa violence.
J'ai aimé ce livre, beaucoup, et il est impossible de ne pas en saluer l'écriture, magnétique et poétique. J'ai aimé aussi son intensité dramatique,mais sa similitude avec les romans de Franck Bouysse, a altéré mon enthousiasme. Pour moi il est le maître incontesté de ces ambiances de ruralité âpre et il dépeint comme personne ces personnalités sombres et torturées.
Une comparaison lourde à porter, mais un auteur a suivre, assurément.
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critiques presse (1)
Telerama
27 février 2023
Pris au piège de la solitude et d'une existence douloureuse en rase campagne, un éleveur de brebis bascule dans la haine et la violence après le massacre de ses bêtes. Un premier roman d'une singulière noirceur, et à ne surtout pas manquer.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Ils étaient une dizaine autour de Baron, de Péchac.
Baron, il serrait les poings de rage. Il avait des larmes dans les yeux, et on savait pourquoi : ils auraient tous eu la même rage et la même peine s’ils avaient été à sa place.
La machine faisait un bruit d’enfer, avec ses puissants vérins. Un gars attachait la bête par une patte, puis le bras articulé montait, déposait la carcasse dans la benne. On défaisait la sangle. La bête tombait dans un vacarme lourd et
sec.
Au début, ça avait résonné contre la tôle, puis les carcasses s’étaient entassées les unes sur les autres avec un bruit sourd de sacs et de carton.
Dans cette benne, il n’y avait pas seulement l’outil de travail de Baron, il y avait surtout sa motivation, son courage, son goût pour cette vie-là.
La femme de Baron le tenait par l’épaule. Elle lui caressait la joue et le front, comme si elle avait cherché à éponger toute sa rage et sa peine. Il lui serrait la main.
Jean regardait ces mains – celles qui se serrent, celle sur le front. Il n’y aurait pas eu de mains pour éponger son front si ça lui était arrivé, à lui. Il se disait : « Il a de la chance dans son malheur, le Baron, il va pas nous faire chier. » Il aimait pas grand monde, Jean, à part Pentecôte, son border collie qui justement était là, à ses pieds, le museau levé vers lui, la langue pendante, attendant un signe, n’importe lequel. Son monde se résumait à Jean. Son champ de vision s’était définitivement réduit à l’homme et à ce que l’homme attendait de lui : rassembler les bêtes, les tenir dans le cercle, les mener de la pâture à l’étable, de l’étable à la pâture.
Jean sentit la présence du chien à ses pieds, lui caressa la tête d’un geste appuyé, comme pour se donner un peu de réconfort.
– Il va nous ruiner si ça continue comme ça.
– Il m’en a pris une dizaine, le salaud.
Ils avaient tous le même discours, les Marty, les Roussignac, les Costes, les Raynal, les Lacombe. Un de ceux qui avaient parlé était une grande bringue à la pomme d’Adam surdimensionnée. Il regardait en direction d’une masse sombre, toute proche, échevelée, hirsute, compacte comme une boule. Il y avait des rochers çà et là, rongés de mousse et de ronces, des bouquets de jeunes arbres stoïques, un fouillis de buissons ternes et revêches, serrés les uns aux autres. Derrière venait le monstre, replié sur lui-même, agité faiblement par le vent froid et sec, emmêlé de fougères, de branches mortes, de baies piquantes, de troncs envahis de lichen, parfois pourris sur pied, sans ciel, avare de lumière, patient et attentif – et mauvais, nul n’en doutait dans le coin, mauvais comme une vieille fille sans âge, et avec ça une odeur de terre lourde, une odeur brune, presque noire. L’homme regardait vers la forêt. Une enceinte lointaine et proche qui encerclait le pays, bouchant tout horizon. N’importe où que se pose le regard, elle était là, barbouillée de brume. Comme elle était impénétrable, ses yeux y cherchaient les bêtes d’avant, celles des nuits de pleine lune, celles qui se cachaient derrière les portes, sous les lits. Il était là, le monstre, celui qui avait planté ses crocs et ses griffes dans le cou des brebis, à peine bu leur sang, négligé leur chair (d’où les bêtes fauves tuaient-elles sans nécessité, par seul goût du carnage ?). Comme il fallait bien un coupable, il était là, caché, à l’affût. Nul ne le voyait, mais il les voyait tous, un par un, choisissant sa future proie.
– Et les gars de la ligue, ils font quoi ?
Un des types cracha par terre.
– S’ils manquent de fusils, j’en suis, et plutôt deux fois
qu’une.
La ligue, elle est censée protéger les brebis et le mode de vie des loups. Ici, on s’en fout pas mal du mode de vie du loup : depuis qu’il est de retour, on compte les cadavres d’ovins par dizaines. Personne n’a les moyens d’encaisser une telle perte sans broncher. L’été, les brebis dorment le jour, à cause de la chaleur, elles ne sortent manger que la nuit. Et aucun des bergers présents ne peut se permettre de négliger toutes les autres activités que nécessite une exploitation. C’est une rude vie. Rien que la traite, ça prend des heures, et chaque jour il faut recommencer. C’est pas une vie, on pourrait dire, c’est un piège. Pas moyen de lever le pied, pas le droit de se reposer, de s’arrêter, d’être malade – et des vacances, on en parle même pas. Les brebis, si on s’occupe pas d’elles, elles vont pas le faire toutes seules. Y en a sans doute qui parfois rêvent de décrocher, d’envoyer balader tout ça, de foutre le feu à l’étable avec ces putains de chieuses dedans, de tout faire cramer et de se poser sur un rocher pour regarder passer les nuages et les heures. Mais si certains se le disent dans les moments de découragement, ça ne dure pas longtemps : cette vie, ils l’aiment, c’est la leur, sinon ils tiendraient pas une semaine.
Mais là, Baron, qui est pas loin d’avoir soixante ans, s’il les a pas, il a pris un sacré coup. Il serre la main de sa femme qui a posé sa tête sur son épaule. Il s’essuie le nez d’un revers de manche.
– Pour moi c’est bon, je raccroche.
Elle lève à peine la tête vers lui, elle s’attendait pas à ça, mais elle est d’accord.
– Y a un gars qui m’a approché. S’il a pas trouvé ailleurs, je lui vends. Place aux jeunes.
Il a dit ça avec quelque chose de méchant dans la voix. Et il tourne les talons. Il va vers ceux qui manœuvrent le bras articulé. Ils échangent deux mots. Les types semblent sur leur réserve, comme si le malheur c’était contagieux (ça l’est peut-être).
Il signe un papier. On lui tend un bordereau détaché d’un bloc. Et il s’éloigne sans se retourner.
Du coup, les autres aussi se dispersent. C’est sinistre, cet amas de charognes, sous ce ciel incolore, battu par une gifle qui tire la peau et sèche les lèvres. Et ils ont du boulot, qu’ils vont accomplir en savourant la chance d’en avoir encore sur la planche, jusqu’à pas d’heure.
Jean baisse la tête vers Pentecôte. Lui aussi il va partir. Le chien comprend et fait des ronds autour de lui.
– T’es un bon tireur. Si on organise une battue pour buter ce fumier, t’en es ?
Le gars qui a parlé, la grande bringue à la pomme d’Adam surdimensionnée, est un des derniers à rester. Il y en a deux autres avec lui. Ils ont un air farouche. Y en a un qui jette un doigt accusateur vers la forêt. La grande bringue regarde Jean fixement – il a peut-être un air de défi, mais pas beaucoup d’illusions. Ils ne l’aiment pas. Tous, ici, ont fait de longues études, les jeunes en tout cas, et les moins jeunes c’est à peu près pareil. Tous ont étudié, réfléchi, acquis une expertise qui n’a rien à envier aux autres professions, sont des techniciens dans leur domaine, des entrepreneurs au
rendez-vous de fortunes diverses, mais des chefs d’entreprise performants. Jean, à leurs yeux, c’est la caricature du paysan tel que l’imaginent ceux de la ville : un péquenaud taiseux, fruste, méchant, arriéré, arc-bouté sur sa bêtise. Il les ferait tous passer pour des sauvages, ça les dégonde.
Jean mâchouille quelque chose (sans doute sa rancœur envers tous et tout). Il regarde vers la forêt comme s’il la fouillait. Puis il lâche :
– C’est pas mon problème. Et si c’était mon problème, j’aurais besoin de personne pour le régler.
C’est dit, et c’est clos. On n’en aura pas plus.
Il a déjà tourné casaque, Pentecôte en éclaireur. L’autre gars lance dans le vide :
– T’as pas toujours dit ça. C’est quand ça t’arrange, pas vrai ?
Mais Jean est déjà loin. Ce qu’on pense de lui, pareil, c’est pas son problème.
Agnès a l’impression d’avoir l’âge de son père. Elle sent la paille, le foin, l’étable. Elle y passe ses journées, les mains calleuses à cause de la fourche avec laquelle elle balance des paquets de paille, des pis qu’elle malaxe, même si la traite est automatisée, on est plus au Moyen Âge, des barrières pleines d’échardes. Elle a la peau tannée par le froid, le vent, et le soleil d’été qui brûle comme brûle l’hiver dès l’automne venu, y a pas de mesure.
Pàl a débarqué il y a un an ou deux, il est resté. Tout ça, pour lui, c’est de la rigolade: dans son pays, on vit dans la boue, on connaît la faim, et le froid, n’en parlons pas, vingt au-dessous de zéro, c’est pas loin de six mois sur douze, et le reste du temps on boit pour oublier.
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Cette forêt qu’il connaît comme personne, c'est comme si elle l’avait vu naître. Parfois, il la sent battre dans ses veines. Il en a étudié chaque arbre, chaque pousse, chaque herbe, chaque être qu’il pourrait nommer, fourrant dans sa mémoire rétive à tout autre sujet un trésor de savoirs dont on serait bien en mal de connaître la source. Et là, pourtant, cerné par les odeurs de la terre et des bois, par les mille voix du vent caressant ses oreilles, Jean se sent subitement le cœur aussi lourd que le ciel qui plombe. Ça lui tombe dessus comme une fiente. p. 39
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Il faut pas s’approcher, c’est dangereux, d’ailleurs ça pue la mort, pas vrai, la charogne à cent mètres au moins, et peut-être même de plus loin encore, et comme la forêt est partout, on est jamais assez loin, alors en fait, ça pue de partout, et c’est pour ça que le pays est presque invisible, que personne e vient, que c’est rayé de la carte on dirait, on est dans le cercle, pardi, et au-delà du cercle, il n’y a rien
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"Il y a le ciel, et la terre [...] les champs mis à nu, les rivières contraintes, les routes noires et grises, l'ordre des hommes, leurs toits serrés les uns contre les autres [...] leur ignoble façon de dessiner un monde qui ne leur appartient pas [...]. De si haut, tout est minuscule et il n'y a de grand que l'homme qui regarde de loin, impuissant à saisir, forcé à l'inaction, inoffensif, étranger aux lignes qui s'écrivent, tout en bas, qui semblent impérieuses et qui ne sont rien quand le temps est passé."
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Pour le reste, il pourrait bien mourir ou disparaître, rien ne lui manquerait de ce qu’elle n’a pas eu.
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