La franchise étant de rigueur dans un sujet comme celui que nous allons traiter, nous déclarerons tout net que la peinture militaire, en France, passe aux yeux de nombreux critiques pour n'être pas de la peinture. Pour de la bonne peinture, s'entend.
En ce qui concerne notre siècle, principalement, la critique a eu pour elle des sévérités, des dédains cruels. On l'a jugée superficielle, peu raffinée, se contentant d'effets faciles et sacrifiant toutes les raretés de la technique, toutes les séductions du coloris ou du dessin, à un mouvement violent, à un épisode mélodramatique.
La vraie "peinture d'histoire" ce n'est pas tant, en dépit de la définition, celle qui retrace des épisodes remâchés des annales grecques ou romaines, que la peinture de la vie contemporaine, et, comme chapitre particulier, la peinture de batailles, celle qui sent encore la poudre. N'eût-elle que cette valeur documentaire, cela vaudrait encore la peine de retracer ses étapes et d'étudier ses principales manifestations.
Aussi la peinture militaire, si elle n'a pas rencontré la faveur des raffinés, a toujours eu pour elle les succès de foule. Succès considérables, presque écrasants. Elle a eu aussi la faveur des gouvernements, qui encouragent volontiers les récits de leurs exploits belliqueux. C'est ce qui explique comment, avec ces deux appuis solides, elle a pu se passer d'approbations plus éclairées.