Ma douce dame, je ne peux
pas vous regarder dans les yeux,
car un amour vrai me déchire.
Jamais je n'ai osé le dire,
j'avais trop peur d'être éconduit.
Mais ma dame, je n'ai aucun doute.
depuis longtemps mon âme est toute
entière portée par l'amour de vous,
tout en douceur, sans amertume.
De longues heures j'ai observé
votre grâce, j'ai admiré
votre remarquable attitude,
et c'est pourquoi je n'y tiens plus :
il me faut déclarer ma flamme,
car mes sentiments envers vous
ne sont faits que de loyauté.
Ma douce dame adorée,
ne jugez pas les apparences
qui trahissent mon inexpérience.
Je vous en prie, permettez-moi
de devenir votre servant.
Quelle que soit la situation,
dès lors qu'il y sera a question
d'honneur, peu importe le lieu,
toujours je ferai de mon mieux.
C'était en mai, temps où tous les oiseaux se réjouissent d'échapper à la redoutable froidure : une promenade fut lancée dans une verte prairie, près d'une forêt profonde - beau paysage , sur les rives d'une claire fontaine. Cette reverdie m'a poussé à raconter une histoire : j'aimerais relater en détail la vie douce et belle d'une dame qui a toutes les qualités, une dame de toute beauté. Plus qu'aucune autre, elle resplendit de joie, menant une vie vouée aux plaisirs. Elle était noble, de grande famille, réputée partout pour son intelligence. Sa grâce et sa beauté incomparable en faisaient depuis longtemps I'aimée d'un chevalier, merveilleusement vaillant de sa personne. Jusqu'à sa mort, il n'y eut ni jour ni heure où iI ne se déclarât tout entier à elle.
(INCIPIT)
Sa dame vivait dans une contrée lointaine ; il n’osait pas s’y rendre par peur des médisants, toujours prompts à nuire aux amants. Nuit et jour, son cœur soupirait, rien ne pouvait lui procurer le moindre plaisir. Il se lamentait souvent, pleurait à faire peine :
Vrai dieu d’Amour, dont je suis le servant,
J’ai l’amour en partage sans en avoir la joie !
Coupables sont les médisants
Qui interdisent que je voie
Celle que mon cœur aime tant.
Il faut partir et quitter la contrée,
Car en tristesse ma joie s’est transformée.
Le cœur triste, le chevalier partit, en quête d’honneur.
.
C’était en mai, temps où tous les oiseaux se réjouissent d’échapper à la redoutable froidure: une promenade fut lancée dans une verte prairie, près d’une forêt profonde – beau paysage –, sur les rives d’une claire fontaine. Cette reverdie m’a poussé à raconter une histoire: j’aimerais relater en détail la vie douce et belle d’une dame qui a toutes les qualités, une dame de toute beauté. Plus qu’aucune autre, elle resplendit de joie, menant une vie vouée aux plaisirs. Elle était noble, de grande famille, réputée partout pour son intelligence. Sa grâce et sa beauté incomparable en faisaient depuis longtemps l’aimée d’un chevalier, merveilleusement vaillant de sa personne. Jusqu’à sa mort, il n’y eut ni jour ni heure où il ne se déclarât tout entier à elle.