Histoires mystérieuses 01

Bon, vu qu'il me reste encore quelques Asimov, autant y aller. Voici un autre recueil de nouvelles toutes anciennes et écrites dans les années 1950 (sauf une, 1939). Elles ont comme point commun l'alchimie entre la Science-Fiction et le policier, deux thèmes chers au Docteur. Elles sont au nombre de 8.

« Le chante-cloche » – Indice de délectation : Bon.
J'ai apprécié l'ambiance et l'univers SF réaliste, mais j'ai moins aimé l'intrigue.

« La pierre parlante » – Indice de délectation : Encore meilleur.
L'être humain n'est pas la seule entité intelligente de la galaxie. Pour preuve cette créature étrange qui vient des astéroïdes.

« Le patronyme accusateur » – Indice de délectation : Pas fameux.
Ici, c'est une intrigue à la Hercule Poirot dans une atmosphère anglaise. Pas vraiment mon style de prédilection. Isaac Asimov l'affirme en avant-propos que la SF est inexistante ici. En fait, le récit est lent.

« La cane aux oeufs d'or » – Indice de délectation : Gros coup de coeur (pas aussi magistrale que la victoire de Thibaut Pinot sur le Tour de Lombardie en 2018)
D'un mélange entre le Fantastique et la Science, Isaac Asimov se permet d'ajouter une touche narcissique de son talent d'écrivain. C'est un récit assez pointu dans le domaine de la chimie et de la biologie. On y apprend pas mal de chose. J'ai même décelé une touche d'humour bien dosée, bien agréable. Notons que le titre original est : «  Pâté de foie gras ».

« Cache-cash » – Indice de délectation : Hein ? C'est déjà fini.
C'est la nouvelle la plus courte, elle ne dure que deux ou trois pages.

« À port Mars sans Hilda » – Indice de délectation : Excellent.
Dans un prélude, Isaac Asimov affirme que son personnage pourrait être un James Bond. On y trouve certes des gadgets, mais ils sont rares et interviennent que sur la fin. J'ai bien ri avec les effets secondaires du médicament miracle et l'histoire se lit très facilement.

« Au large de Vesta » – Indice de délectation : Bon.
Écrit à seulement 19 ans, cette nouvelle fait preuve d'une grande maturité et d'une maîtrise de l'auteur. Elle nous narre un équipage naufragé sur un astéroïde. le dénouement final est digne d'un scientifique. Chapeau bas Docteur.

« Anniversaire » – Indice de délectation : Bon.
Pour fêter les vingt ans de sa première nouvelle (« Au large de Vesta »), Isaac Asimov nous a écrit une suite où les protagonistes fête le vingtième anniversaire de leur aventure. Je me suis bien pris à l'histoire. On pourrait se dire qu'elle a mal vieilli puisque nous avons l'antique ordinateur du nom de Multivac, sorte de Google, qui répond aux demandes par des rubans typographiés.

Je vous mets la liste des nouvelles présentes dans ce recueil, avec les dates, les titres en V. O. ainsi que les différentes parutions en VF.

→ « Le chante-cloche » (The siging bell – 1955).
Également présent dans : Fiction galaxie n°8 (1955) / Fiction n°23 (1955) / « Mortelle est la nuit » (folio)
→ « La pierre parlante » (The talking stone – 1955).
Également présent dans : Fiction n°31 (1956) / « La pierre parlante » (Librio)
→ « Le patronyme accusateur » (What's in a name – 1956
→ « La cane aux oeufs d'or » (Pâté de foie gras – 1956)
Également présent dans : « Le livre d'or de la SF : Isaac Asimov » (Pocket) / Prélude à l'éternité (Pocket)
→ « Cache-cash » (A loint of paw – 1957)
→ « À port Mars sans Hilda » (I'm in Marsport without Hilda – 1957)
Également présent dans : « L'avenir commence demain » (Pocket)
→ « Au large de Vesta » (Marooned off Vesta – 1939)
→ « Anniversaire » (Anniversary – 1959)

Isaac Asimov est un grand maître de la nouvelle, et son talent pour les récits courts s'exprime une fois de plus dans ce recueil. le point commun des nouvelles réunies ici est qu'elles sont toutes au carrefour de la science-fiction et de la littérature policière. Asimov y met en pratique sa conception de la loyauté pour un auteur policier: donner au lecteur tous les éléments nécessaires à la résolution de l'énigme, particulièrement les connaissances scientifiques qui interviennent. Cela donne des récits bien menés, souvent teintés d'humour, et des énigmes habiles. On a même droit à une nouvelle teintée de grivoiserie, ce qui est inhabituel avec Asimov. Les nouvelles n'ont pas de lien entre elles, même si plusieurs mettent en scène un investigateur particulier, le Dr. Wendell Urth, spécialiste des sciences de l'espace qui n'a jamais quitté la terre et ne s'éloigne jamais de sa ville.
Chaque nouvelle est accompagnée d'une notice de l'auteur, sur les circonstances de sa création, ses sources d'inspiration ou les réactions qu'elle a suscité. Ces commentaires éclairent agréablement le travail de l'écrivain et permettent une fois encore de profiter de l'humour d'Asimov.
Seul point négatif, le style est parfois assez ampoulé, sans que cela convienne bien au contexte. Pourquoi écrire "enténébré" plutôt que "sombre" ou "ténébreux" quand on est dans un récit à connotation scientifique et qui est par ailleurs plutôt factuel? Il n'est pas impossible que ce trait vienne de la traduction, mais difficile de l'affirmer sans avoir lu l'original...

Dans ce recueil de nouvelles, le grand Isaac Asimov se livre à des expérimentations sur le thème : qu'arrive-t-il si on mélange science-fiction et policier ? Réponse : toutes sortes de choses. Par exemple, un détective qui s'allie à un scientifique spécialiste de l'espace pour résoudre des affaires réputées impossibles, un criminel qui se joue de la prescription avec une machine à voyager dans le temps, ou encore des survivants d'un naufrage qui cherchent pourquoi l'épave de leur ex-vaisseau a tant de valeur aux yeux de certains. Longueurs et sujets sont parfois inégaux, mais la patte de l'un des maîtres de la science-fiction donne toute leur saveur à ces textes.