Identifier le problème consistera donc primordialement à mettre le doigt sur la frustration. Comme cette dernière origine, comme on vient de le dire, de la non-satisfaction du désir, la personne devra (1) identifier ce désir le plus nettement possible et (2) prendre conscience clairement du fait que son désir n’est pas satisfait. Ce qui revient, en termes concrets, à tenter de répondre à la question suivante: «Qu’est-ce que je veux que je n’obtiens pas actuellement?»
À cette question, une même personne pourrait parfois apporter des milliers de réponses. Il n’y a pas de limites à nos désirs et, théoriquement, notre appétit est tel que le reste de la planète ne suffirait pas à le combler. Il s’agira donc de spécifier ce qui semble le plus désirable, c’est-à-dire ce dont l’absence produit la plus désagréable et la plus durable frustration. Cela revient à tenter d’établir une hiérarchie dans les désirs et les objectifs. En effet, l’accomplissement de certains désirs peut amener un plaisir intense mais de brève durée ou encore être accompagné d’effets secondaires désagréables ou nuisibles à l’atteinte d’objectifs plus stables et plus considérablement gratifiants.
Aucun livre ne peut changer vos idées, vos émotions ou vos actions. Tout ce qu'un livre peut faire, c'est vous fournir des indications sur la manière de vous y prendre pour arriver à ce changement, mais tout reste à faire une fois qu'on a tourné la dernière page, tout comme la farine, les œufs, le lait et les pommes restent bien sagement à leur place pendant que vous lisez la recette du clafoutis. Vous y mettrez-vous? Vous seul pouvez répondre à cette question, mais il vaut mieux que vous soyez clairement conscient que vous n'obtiendrez aucun changement durable de vos actions sans un investissement peut-être considérable d'efforts de votre part.
Se blâmer soi-même de quoi que ce soit n’est ni noble ni utile mais constitue plutôt une déperdition insensée d’énergie et un handicap sérieux à toute démarche de changement. Si vous voulez sincèrement changer certains de vos comportements et de vos croyances, voilà où vous avez avantage à faire porter vos efforts d’abord. Une fois que vous serez parvenu à affaiblir notablement cette tendance apprise à vous blâmer de vos erreurs, vous pourrez songer à entreprendre les démarches qui entraîneront les changements que vous désirez obtenir.
La solution d’un problème consiste en une démarche active. Elle comporte l’introduction de nouvelles pensées, de nouvelles actions et une modification de la situation. L’objectif ne sera atteint que si le processus de solution est appliqué avec assez de diligence et pendant assez longtemps. Il est important de ne pas confondre le processus de solution du problème avec l’objectif qu'est la diminution ou la disparition du problème, résultant en un étant de bien-être accru. Si les résultats de l’application de la solution est évidemment le plaisir accru, il se peut bien que l’application de la solution elle-même comporte des aspects pénibles et il ne s’agira pas de s’en étonner.
Un humoriste a dit que le chinois ou le russe sont des langues très faciles, puisque même les petits Chinois et les petits Russes s’expriment facilement dans ces langues. Il suffit cependant d’entreprendre l’étude de ces langues pour constater que leur apprentissage systématique est ordinairement très difficile pour l’adulte parce qu’il lui manque le long apprentissage inconscient qu’on acquiert pendant l’enfance et que, d’autre part, d’autres habitudes sont déjà créées en lui qui entrent en contradiction avec ces nouvelles habitudes qu’il s’efforce d’acquérir.
Nous sommes des sang-mêlés, François Crouzet et Lucien Fevre