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Vincent Raynaud (Traducteur)
EAN : 9782070123667
204 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.38/5   4 notes
Résumé :
L'avion de Lorenzo se pose à Bucarest, où le jeune homme est venu assister aux funérailles de sa mère Lula. Celle-ci les a abandonnés il y a des années, son père adoptif et lui, pour créer une entreprise en Roumanie en compagnie de son associé Anselmi. Tandis qu'il découvre le monde dans lequel vivait Lula et dont il ne savait rien, Lorenzo se remémore la lente dérive de sa mère, qui s'est d'abord fâchée avec ses riches parents, puis a eu un enfant avec un amant de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Je suppose que pour toi aussi ça s'est passé de cette manière, la première fois que tu es arrivée ici. Un homme t'attendait, avec ton nom sur une feuille blanche, juste après la zone franche de retrait des bagages, et scrutait les visages un par un afin de deviner lequel associer à sa pancarte. L'homme qui m'attendait, moi, poussait contre les barrières de sécurité et levait sa feuille plus haut que les autres, et, davantage qu'une procédure d'accueil, avec ces pancartes en l'air on aurait dit un mouvement de protestation. Puis nous nous sommes reconnus, moi qui suis allé vers lui, et lui qui a plié sa feuille en quatre et l'a fait disparaître dans la poche intérieure de sa veste. Dessus, il y avait ton nom et ton prénom, comme si c'était toi qui devait arriver, et non moi qui venais te voir finir sous terre."

Cette fois, ce n'est pas sa mère qui part, ce n'est pas elle non plus qui débarque dans cet aéroport de Bucarest, mais lui Lorenzo, le fils, lui qui l'a tellement attendue tout au long de ces années, depuis l'enfance...
Le roman commence par un message, une adresse à la mère absente - cette fois à jamais, - avec cette étrange impression que lui, le fils, marche à présent sur ses traces, reprend le même chemin, revit les mêmes épisodes d'une histoire, d'un exil... Un peu comme s'il retrouvait l'amour passionné et fusionnel qui les unissait tous les deux, lien pourtant brisé, malmené.
Il y a quelques jours que Lula, sa mère, est morte brutalement, loin des siens, en Roumanie, dans ce pays qu'elle aimait décrire à son fils comme son Far West, un territoire à conquérir, celui des pionniers et des indiens, là où tout était encore possible. Elle avait tout quitté plus d'une dizaine d'années plus tôt pour "entreprendre", en délocalisant sa petite entreprise de produits de beauté et d' amincissement, en compagnie de son associé et amant. Derrière elle, elle avait laissé son fils et son mari, le prénommé "papa" qui en vérité n'en était pas un (le vrai père était parti bien avant la naissance) mais qui finira lentement, et plus sûrement, à ressembler à la figure même du Père, dans sa plus pure et plus belle acceptation.
Lula n'était pas une mère comme les autres, mais bien plutôt une grande soeur, une adulte jamais sortie de l'enfance, une écorchée vive. Entre elle et son fils s'était créée, au fil des ans, une relation complexe et dense, entremêlée de jeux et de confidences. Lula, la grande petite fille, Lorenzo, le petit garçon un peu trop soucieux pour son âge.
Partie pour toujours alors que son fils n'était encore qu'un petit garçon, elle reste pour lui, et dans sa mémoire, éternellement, la femme encore jeune qui jouait à cache-cache ("je me mettais toujours sous le lit, et toi dans la baignoire) , dansait tard avec lui dans le salon, l'amant affalé sur le canapé... Une mère enfant, une mère lunatique, une mère enjouée comme une petite fille. Mais les années ont passé, et le voyage entrepris n'est pas celui des retrouvailles, ou peut-être que si..... Mais des retrouvailles un peu spéciales et par-delà la mort. ll lui faudra aussi, à lui le fils, accepter de confronter la réalité de la vieillesse et de la maladie de sa mère, avec celle de ses souvenirs, la femme encore belle et séduisante, à l'image de celle qui l'avait laissé, dans un coin du salon, alors qu'il n'avait pas dix ans *... Il lui faudra l'accepter pour finalement dépasser cette histoire de temps qui les avait séparés tout autant que la distance et l'incompréhension. Car pour elle comme pour lui, le temps s'était brusquement figé, le jour où elle était partie pour de bon. Il restera à jamais pour elle le petit gamin qui l'attend, elle restera pour lui, jusqu'à ce voyage, une femme insouciante et jeune.
C'est ainsi que passé et présent se téléscopent, cohabitent parfois cruellement (Lorenzo, après l'enterrement, prend physiquement possession de l'appartement de sa mère en se glissant dans ses draps. " (...) je suis allé jusqu'à ton lit. Je me suis laissé tomber dessus, je voulais rebondir, puis je me suis glissé à l'intérieur. J'avais l'impression de sentir tes os, là-dedans, d'être allongé entre ton squelette et tes muscles, je ne devais pas bouger pour ne pas te faire mal.".

Andrea Bajani décrit l'absence, la douleur, l'amour filial, le rejet puis le pardon avec une force sans pareille.
C'est beau, émouvant, triste à en pleurer et pourtant finalement apaisé.
J'ai beaucoup, beaucoup aimé.
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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« Je suppose que pour toi aussi ça s'est passé de cette manière, la première fois que tu es arrivée ici. Un homme t'attendait, avec ton nom sur une feuille blanche, juste après la zone franche de retrait des bagages, et scrutait les visages un par un afin de deviner lequel associer à sa pancarte. »

Lorenzo sera accueilli par Christian à Bucarest. Il vient à l'enterrement de Lula sa mère. Celle-ci avait laissé derrière elle, en Italie ce fils et son père adoptif. Pour une industrie de matériel à faire maigrir les gros, ou pour l'amour ou peut-être l'espérance.

Le voyage dans cet ailleurs étrange, sera aussi une confrontation aux souvenirs, aux histoires, aux promesses non tenues.

Dès la première page, la qualité de l'écriture, cet alignement de petits chapitres, vous font basculer dans cet entre-deux-mondes, les espérances et cette Europe qui ne fait plus rêver.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je rentre vite, tu as répété, et j'ai compris que je devais rester où j'étais. Et donc j'étais là, debout, je te regardais t'en aller et j'apercevais la voiture de ton associé par la porte ouverte. J'étais là, à quelques mètres de toi, et je t'observais comme font les chiens quand ils comprennent qu'ils resteront à la maison. Et, comme les chiens, j'ai continué, même après ton départ à fixer la porte fermée.
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C'était de plus en plus difficile de trouver de la place pour exposer les souvenirs que tu m'avais achetés sans en recouvrir d'autres. Il y en avait de tous les pays, des quatre coins du globe, voyage après voyage ma chambre devenait la mappemonde de ton absence quotidienne.
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Je suppose que pour toi aussi ça s’est passé de cette manière, la première fois que tu es arrivée ici. Un homme t’attendait, avec ton nom sur une feuille blanche, juste après la zone franche de retrait des bagages, et scrutait les visages un par un afin de deviner lequel associer à sa pancarte.
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