Billet-confession ou "Orgueil et préjugés dans Les Hommes viennent de Mars, les Femmes viennent de Vénus..."
Je poursuis par
le lys dans la Vallée mon commentaire de l'oeuvre
De Balzac, bien modeste puisque je n'ai lu que 8 oeuvres sur les 90 que comprend la Comédie Humaine. le Lys fait partie des Scènes de la vie de campagne, et a pour thème la passion platonique entre Felix de Vandenesse, personnage presque secondaire se confondant aisément avec son créateur, et madame de Mortsauf, icône de pureté et de dévouement.
Sous une forme épistolaire, ce roman est donc avant une histoire d'amour très romantique, le lys s'épanouissant -avant de mourir dramatiquement - dans l'écrin de la campagne tourangelle, décrit avec beaucoup de lyrisme poétique par
Balzac.
Mais pourquoi diable ai-je aimé ce roman d'amour, alors que la plupart du temps ce genre de littérature m'évoque le roman de gare ? ? Et pourquoi est-il devenu un mythe tel que
Gide,
Flaubert et
Proust s'en sont inspirés par la suite ?
D'abord, parce que l'inspiration amoureuse a certes donné naissance à beaucoup de romans de gare, mais aussi à certaines des plus belles pages de la littérature et de la poésie française, l'émotion n'étant d'ailleurs jamais si belle que lorsqu'un
Alexandre Dumas ou un
Paul Valéry rompent -pour un temps seulement- leur cuirasse de misogynes...
"C'est souvent la femme qui nous inspire les grandes choses qu'elle nous empêche d'accomplir."
Alexandre Dumas Fils (1824-1895)
"Dieu créa l'homme et, ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour mieux lui faire sentir sa solitude."
Paul Valery (1871-1945)
Le lys dans la Vallée fait partie de ces belles pages où se révèle l'idéal féminin... tel que le confesse parfois l'homme.
S. Zweig -autre formidable peintre de la passion amoureuse- a d'ailleurs écrit à propos de ce "personnage" balzacien : "« Sa raillerie caresse et sa critique ne blesse point […] elle ne vous fatigue jamais, et vous laisse satisfait d'elle et de vous. Chez elle, tout flatte la vue, et vous y respirez comme l'air d'une patrie […] Cette femme est naturelle. Franche, elle sait n'offenser aucun amour-propre ; elle accepte les hommes comme Dieu les a faits […] À la fois tendre et gaie, elle oblige avant de consoler;" : tout est dit sur l'art et la manière de séduire durablement -pour un soir, bien sûr, les choses sont beaucoup plus simples- un homme, point besoin de s'empêtrer dans la lecture redondante des magazines people...
Ainsi, si
Balzac s'éloignera pas la suite de "die blaue Blume der Romantik", il y a pourtant excellé, sans doute parce que cet homme "à femmes", repoussé par sa mère, n'a cessé durant sa courte vie -quand il prenait le temps de poser sa plume bien sûr- de rechercher sa femme idéale, restant coincé, comme beaucoup d'hommes, dans le complexe de la madone et de la putain. Fort heureusement, la plupart des hommes parviennent à des compromis avec le temps, mais je me demande d'ailleurs si l'on en sort complètement un jour, comme persiste toujours un peu chez ces dames le syndrome du prince charmant, même nié, même enterré...
L'impossible synthèse à laquelle se heurte le jeune homme du Lys dans la Vallée le pousse dans les bras de la brûlante Lady Dudley. En amant attentionné -et habile-,
Balzac s'efface dans son roman, se faisant narrateur, pour mieux laisser le premier rôle à Mme de Mortsauf. Il y parvient si bien que la femme qu'il entend épouser préférera -cruelle et réaliste ironie- s'enfuir, ne se sentant pas de rivaliser avec ce fantasme si parfait.
Ainsi, il n'est pas étonnant que
le Lys dans la Vallée, même si
Balzac s'est par la suite éloigné du "genre", reste un grand classique. Quant au plaisir que j'ai pris à le lire, peut-être me faut-il alors reconnaître que l'on peut aussi bien s'enflammer pour les aventures exotiques d'Henri de Monfreid, pour celles , hétérodoxes, du marquis de
Sade, et pour les amours "fleur bleue" de ce livre, du Grand Meaulnes ou de Paul et Virginie. D'ailleurs, le lys et le myosotis ne sont-ils pas mes fleurs préférées ? hélas hélas, nulle ne m'en a jamais offert pour la St Valentin... peur sans doute de froisser nos virilités ? Putain, merde, on est au XXIème siècle, oui non ?