Quelle claque en refermant ce livre...
Premier tome d'une tétralogie de l'historienne Christine Bard, consacré à son père Jack Bard, je dois avouer que j'en ressors bouleversée et reconnaissante d'avoir eu accès à un peu de la vie de cet homme, de cette façon.
Jack Bard, d'abord instituteur puis directeur d'école à Maubeuge, fils d'ouvrier, père, mari, poète, passionné et amoureux de la nature, des fleurs surtout, homme de gauche aux valeurs féministes, humanistes et qui se dévoilera au fil du temps, avec son temps, comme il put.
Voilà l'homme dont on a la chance de découvrir et parcourir la vie et la poésie, à travers le récit de sa fille, mêlant ses talents d'historienne à son amour respectueux et teinté d'admiration pour celui qu'elle a perdu il y a des années.
Quel bel hommage rendu à Jack par Christine, qui nous partage généreusement des poèmes qui émeuvent aux larmes (le poème "À Madame Yannou", sa collègue qui part à la retraite est bouleversant), empreints d'amour, de passé, d'engagements, de nature, mais aussi de douleurs indicibles.
N'étant pourtant pas une férue de poésie, je me suis surprise à apprécier chaque mot écrit par Jack, si juste et rempli d'humilité, faisant de ce livre une ballade imagée dans la vie et l'intimité d'un homme qui mérite d'être connu, découvert et apprécié.
Au-delà de découvrir la vie de l'homme, on perçoit sa forte relation filiale avec l'autrice (à qui, force est de constater en la lisant, il a transmis son talent de poète), respectant la pudeur de leur relation, elle analyse les mots, les non-dits, les poèmes, les photos de son père, avec son regard de féministe engagée, anti-raciste et décolonialiste, ce qui en fait un livre à la fois intime et politique, qui sait être juste et critique même envers ses êtres chers, à l'image d'un
Edouard Louis, d'une
Annie Ernaux ou d'un
Didier Eribon.
C'est beau, c'est passionnant, c'est engagé, ce livre se vit comme un voyage et saura contenter les lecteurices avides de poésie, de nature et d'amour.
MERCI à Christine Bard pour l'écriture de ce bijou, à Jack Bard d'avoir existé, et merci à Babelio et aux Éditions iXe (qui m'ont gentiment glissé une superbe carte avec un petit mot!) pour cette découverte dont on ne ressort pas indemne.
Je finirais avec ces mots du poème "Une histoire" de Jack Bard: " Ne me dis pas la fin, continue, que je vive! "
C'est réussi, il vit!