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sur 2163 notes
La Seconde guerre mondiale et la Shoah alimentent régulièrement les libraires avec de nouveaux livres. Si Catherine Bardon a choisi ce créneau pour son premier roman, ce n'est toutefois pas par inconscience, mais bien parce qu'elle a découvert un épisode peu connu de ce conflit et qu'elle a eu accès à des documents inédits. Sa plume alerte et sa parfaire connaissance des lieux ont fait le reste, à savoir un roman chargé d'émotion et de suspense.
Tout commence à Vienne en 1932 avec la rencontre de Wilhelm, jeune homme qui entend consacrer sa vie au journalisme et Almah, fille d'une riche famille juive pas très pratiquante. Leur amour va braver leurs différences, religieuses et sociales, pour s'épanouir au pied de la grande roue du Prater. Un feuilleton signé sous pseudonyme dans le quotidien Krone doublé d'en emploi à la Neue Freie Presse, principal quotidien d'Autriche, offrent de belles perspectives. Avec des éditorialistes et chroniqueurs tels que Stefan Zweig, Theodor Herzl, ou Arthur Schnitzler, on ajoutera que l'émulation était de haut niveau.
Mais les années trente vont soudain se voiler d'une menace de plus en plus persistante venue d'Allemagne. Mais Wilhelm et Almah ne veulent pas croire les oiseaux de mauvais augure. Mais la vie devient de plus en plus difficile, la menace de plus en plus forte. Myriam, la soeur d'Almah, choisit de s'exiler à New York avec son mari Aaron. À 19h 45, le 11 mars 1938 une brève allocution annonce l'Anschluss. Wilhelm est arrêté et envoyé dans un camp d'où il ne sortira qu'après avoir abandonné tous ses biens et s'être acquitté d'une taxe exorbitante, sans oublier l'engagement de quitter le Reich avant la fin du mois de janvier 1939. Mais obtenir un visa et un permis de séjour devenait quasi impossible. Après avoir pu séjourner dans un camp en Suisse et tenté en vain de rejoindre New York, ils acceptent l'offre qui leur est faite de s'installer en République dominicaine. Laissant derrière eux «l'Europe malade de la guerre et de la folie des hommes», ils débarquent dans les Caraïbes avec pour objectif de fonder à Sosúa une communauté agricole sur le modèle de Degania, le premier kibboutz fondé en Palestine.
Vont-ils réussir ce pari? Pourront-ils compter sur le soutien de la Diaspora? le dictateur à la tête du pays ne va-t-il pas revenir sur ses promesses? Autant de questions qui vont trouver des réponses dans la seconde partie de ce roman passionnant à bien des égards. le choix de Catherine Bardon de laisser la parole aux acteurs nous offre la possibilité de confronter les points de vue, les aspirations et les doutes. C'est à la fois formidablement documenté et très romanesque. Un vrai coup de coeur!


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Un premier roman très ambitieux. Les déracinés est une vaste fresque romanesque, déployée sur une toile de fond s'étendant d'Europe en Amérique, dans un temps historique particulièrement tourmenté. Sur six cents pages, l'auteure, Catherine Bardon, raconte trois décennies de la vie d'Almah et de Wilhelm depuis leur rencontre et un coup de foudre mutuel, à Vienne, à l'aube des années trente.

Vienne est alors une grande ville moderne, rayonnant intellectuellement sur l'Europe. Près de deux cent mille Juifs y vivent. Pour une large part, de grands bourgeois, cultivés, peu religieux, très intégrés dans la haute société. Almah, fille d'un chirurgien, vient d'obtenir son diplôme de dentiste. La famille de Wilhelm, lui-même journaliste, possède une imprimerie. Contraste, d'autres Juifs sont installés misérablement dans les quartiers populaires, après avoir fui les pogroms de l'Europe de l'Est.

Longtemps sous-jacent, l'antisémitisme des Viennois se dévoile, attisé par l'idéologie nazie qui prolifère de l'autre côté de ce qui est encore une frontière. En 1938, sitôt l'Anschluss, il explose. Pour les Juifs de Vienne, la vie devient de jour en jour plus insupportable. Une escalade sans fin d'obligations et d'interdictions, qui se traduisent par autant d'humiliations quotidiennes. Près de la moitié d'entre eux ont déjà pris le parti de l'exil, souvent vers les Etats-Unis, parfois vers ce qui s'appelle la Palestine. Ils ont sacrément bien fait ! Car tout se complique. Désormais, pour partir, il faut solliciter l'autorisation des autorités nazies, qui la conditionnent à l'abandon de tous les biens. Almah, Wilhelm et leur petit garçon quittent l'Autriche, un maigre pécule en poche.

S'en suivent pour eux plusieurs mois d'errance, voyages interminables en cars, hébergements collectifs précaires, en Suisse, en France, au Portugal. Traversée de l'Atlantique, synonyme d'espoir. Mais l'accès aux Etats-Unis leur est fermé, car des quotas très restrictifs d'immigration juive y ont été décrétés.

En désespoir de cause, Almah et Wilhelm atterrissent en République Dominicaine, où une institution juive a négocié avec les autorités, les conditions de l'immigration de plusieurs dizaines de milliers de Juifs, à charge pour eux d'y créer des exploitations agricoles, sur le modèle des kibboutzim des pionniers sionistes de Palestine. Ils ne seront en fait que quelques centaines à tenter l'expérience.

Une vie nouvelle s'installe pour eux, sous le soleil, sans confort, loin des centres urbains de l'île. Des intellectuels font l'apprentissage de métiers manuels et agricoles. Les mois passent, puis les années, d'abord scandées par les nouvelles en provenance d'Europe, la guerre, le doute, l'espoir, la victoire, la chute finale des nazis, la découverte des camps, l'arrivée de rescapés. Joies, peines, réactions d'horreur, sentiment de culpabilité. Puis c'est la création de l'Etat d'Israël. Enthousiasme et ouverture d'un débat : qui part, qui reste ? Almah et Wilhelm décident de rester, et même de s'enraciner. Car comme le dit Almah, « sans racine, on n'est qu'une ombre ! ».

La plupart des événements sont racontés par Wilhelm, l'auteure reprenant de temps en temps la parole pour une narration classique. Une subtilité qui passe inaperçue. Quelques chapitres sont extraits de « carnets » tenus par Wilhelm, qui s'exprime sur des événements déjà connus sans vraiment apporter d'éclairage nouveau.

Rien à dire sur l'écriture, claire, appliquée, un tout petit peu scolaire. Les chapitres, tous titrés, très courts – souvent pas plus de trois ou quatre pages – rythment agréablement la lecture, mais certains peuvent manquer de consistance, un peu comme ces séries TV étalées sur plusieurs années, diffusées en feuilleton quotidien, dont certains épisodes donnent l'impression qu'il ne se passe rien.

Pour moi, le livre souffre de ce que j'appellerai une manière romantico-sentimentale, une recherche systématique d'un pathos, incontestablement apprécié par une certaine catégorie de lectrices, mais qui agacent des lecteurs comme moi. Ma femme a adoré. Je trouve que les développements auraient mérité plus de concision et de sobriété.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Un roman d'amour et d'Histoire, de l'Autriche à la République dominicaine.

C'est la vie d'un couple qui commence à Vienne, des jeunes gens de milieu favorisé, qui ne se sentaient pas juifs avant que les persécutions des années 30 ne commencent. Quand ils finiront par se résigner à quitter leur patrie, ce sera bien difficile.

Les protagonistes du roman passent par toutes les émotions des déracinés de la guerre. D'abord, ils ne peuvent pas croire que ça arrive chez eux, dans leur si belle paisible ville. Ils se refusent à partir tant qu'il y a un espoir, car c'est impossible que leurs concitoyens deviennent des brutes tortionnaires. Puis c'est la fuite, des promesses qui ne se réalisent pas, l'attente anxieuse dans les camps de réfugiés avec le froid et la faim. Et finalement le sentiment de culpabilité d'avoir fui et puis d'avoir survécu alors que d'autres ont péri dans les chambres à gaz.

La destination finale du couple, ce sera la République dominicaine. On y a établi un projet de « kibboutz », une expérimentation sociale, avec la complicité des États-Unis et du dictateur mégalomane du pays. Un paradis de liberté pour les enfants, mais une dure adaptation pour les parents, avec la chaleur, le travail physique et l'absence d'intimité.

Un roman qui fait découvrir un tout autre aspect de la République dominicaine qui fait partie des destinations « soleil » de bien des Québécois qui pourraient ainsi réaliser qu'il n'y a pas que la plage et les hôtels climatisés…
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C'est un gros pavé, certes très romancé, la première partie où les deux héros Wilhem et Almah évoluent à Vienne, n'est pas sans rappeler La dernière valse à Vienne (publiée en 1984, s'inspirant aussi de faits réels et de familles identifiées). C'est bien écrit, bien détaillé, les informations sur cette colonie juive installée en République dominicaine sont inédites pour moi.
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J'avais lu quelque part, je ne me souviens plus où, qu'un asile avait été proposé aux Juifs en Amérique latine.
Aussi, lorsque j'ai lu, sur Babeli,o une critique sur "Les déracinés" je me suis empressée de l'emprunter à la bibliothèque.
Wilhem et Almah, amoureux fous, autrichiens de coeur et de culture vont, malgré eux, être obligés de fuir leur pays qui succombe à la "lèpre nazie" et perdre leur insouciance de jeunesse : "Désolée Wil, mais je crois que nous n'avons plus le droit d'être légers".
En mars 1938, l'Autriche est envahie. C'est l'Anschluss. Il est plus que temps de partir.
Bien que méthodiquement préparé, leur exil ne se déroulera pas du tout comme prévu.
C'est finalement la République Dominicaine, une république bananière, qui les accueillera. Une nouvelle vie commence pour eux sous l'égide de Trujillo, un dictateur arrivé au pouvoir grâce à des élections truquées.
Catherine Bardon nous conte avec talent leurs pérégrinations.
J'ai beaucoup aimé ce livre. L'auteur a une belle plume et de grandes connaissances. le tout est formidable.
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Dans ce premier roman d'une saga déjà abondamment critiquée sur Babelio, l'auteure nous raconte 30 années de l'histoire de Wilhelm et Almah. Juifs autrichiens, intellectuels et fortunés, ils vont vivre après les années de montée du nazisme en Autriche, où l'étau se resserre petit à petit, l'exil qui les verra arriver en République dominicaine après de nombreuses difficultés. Ils y construiront leur vie dans une petite communauté d'exilés.
J'aime beaucoup les sagas, et ce premier tome m'a bien plu. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les aventures de ce couple, et découvert l'existence de cette colonie de juifs en république dominicaine. J'ai ressenti au travers des descriptions l'amour de l'auteure pour ce pays. J'ai découvert de nombreux personnages, tous différents.
Il m'a sans doute manqué une écriture qui m'emporte un peu plus, qui me fasse vivre et ressentir plus intensément les péripéties pour que ce soit un vrai coup de coeur.
Cela ne m'empêchera pas de lire le tome suivant
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Je vous parle aujourd'hui du premier tome d'une saga magistrale qui m'a laissé KO !

Dans « Les déracinés », nous suivons Wilhelm et Almah en « exilés volontaires » fuyant Vienne et le régime nazi. Destination la République Dominicaine pour y fonder un kibboutz. Ce qui nous permet de vivre de l'intérieur la montée de l'antisémitisme et de découvrir un aspect méconnu de l'Histoire.

Formidable conteuse, l'auteure fait honneur à cette fresque à la fois familiale et mondiale. Sans patho, avec des émotions pleines de justesse. Elle réalise la prouesse de nous transmettre un récit porteur d'espoir prouvant qu'il est possible de rebondir malgré l'adversité.

J'ai ressenti une grande maîtrise dans la forme de ce roman. Les chapitres s'adaptent au récit et esquivent les longueurs inutiles. On passe d'un personnage à un autre, d'un extrait de journal à des descriptions détaillées, mais surtout d'un point de vue à un autre. J'ai été bluffée par ce transfert fréquent du « je » au « il », à peine perceptible et pourtant crucial pour l'immersion du lecteur.

Que les néophytes se rassurent : ce récit est largement abordable, même avec une connaissance superficielle du sujet. de nombreux repères temporels et historiques vous guideront.

En refermant la dernière page, je suis partagée entre l'envie de me jeter sur la suite et le besoin de me remettre de ce pavé chargé en émotions.
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C'est une vaste fresque romanesque qui couvre la période années 30/ années 50 et qui nous conte l'histoire d'une famille juive autrichienne prise dans les tourments de la guerre. Face aux persécutions nazies, Willhelm et Almah Rosenheck décident de quitter l'Autriche. Choix difficile car ils sont attachés à l'atmosphère culturelle de leur ville où vivent alors deux cent mille Juifs pour la grande majorité intégrés depuis longtemps dans la société autrichienne.

Ils partent trop tard pour obtenir l'asile des Etats-Unis et doivent se replier sur la République dominicaine qui leur offre l'asile. Ils arrivent donc à Sosua où le dictateur dominicain Trujillo a imaginé pour eux une colonie agricole juive, vieille proposition faite à l'Alliance israélite universelle en 1882 par le général Luperon qui était un ami des Rothschild.
Sosua va devenir une enclave que les abus du pouvoir de Trujillo ne vont pas atteindre. Pour autant la vie sur place est loin d'être idyllique, tout au moins au début: en plus de l'apprentissage de l'espagnol, il faut apprendre un nouveau métier et créer une nouvelle société.
Les nouvelles qui vont parvenir de l'Europe ne vont pas arranger les choses et causer beaucoup d'angoisses.

C'est sans doute la partie la plus intéressante du livre qui montre comment Almah, dentiste de formation et Wilhelm, journaliste, s'adaptent à leur nouvelle vie. le modèle d'organisation, du moins au départ, s'apparente à celui des kibboutzim.
Le livre est incroyablement documenté, notamment en ce qui concerne la dramatique conférence d'Evian de juillet 1938, qui eut lieu suite à une initiative de Roosevelt pour trouver des terres d'accueil aux réfugiés juifs, conférence à laquelle seulement 32 pays participèrent, dont 20 d'Amérique latine et seulement 9 d'Europe.Un seul pays s'était porté candidat: la République dominicaine.
Le livre rappelle pour le thème choisi l'excellent livre de Louis Philippe Dalembert "Avant que les ombres s'effacent" au sujet d'Haïti et montre à quel point les portes se sont fermées à l'époque face à l'afflux de réfugiés juifs.
On apprend beaucoup sur la vie de ces réfugiés et sur leurs rapports avec les survivants d'Europe et les réfugiés qui avaient pu s'installer, plus tôt aux Etats-Unis.
Un beau travail d'écrivain et d'historien.
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Une lecture à marquer d'une pierre blanche, non point pour le fabuleux coup de coeur qui n'a pas eu lieu, mais pour une extraordinaire "connexion" qui s'est produite, une première dans ma vie de lectrice de soixante balais.
Cet aparté, que je me permets, pourra sembler hors sujet ( mais, comme jusqu'ici, j'ai toujours fait dans la sobriété !) et, au risque de passer pour une mytho ou même une "allumée", je me dois de la relater.
Voici donc les faits, pour les éventuels intéressés ( et ils sont certainement fort nombreux , à n'en pas douter ) qui n'auraient pas "lâché".
En ce dimanche aux relents caniculaires, prenant une pause (bien méritée) à la page 558, évoquant l'assassinat des trois soeurs Mirabal en 1960, je me plante devant la télé, histoire de changer de divertissement, et là, Bingo, je tombe (des nues) en chaine Arte, à 5 mn près, sur le même événement. Je crois halluciner !
A la suite de ce phénoménal télescopage, sans trop grand dommage, et comme si le livre m'avait brûlé les mains, je ne me sentis plus de taille à finir les cinquante dernières pages.

Bon, faut préciser, pour revenir à nos moutons égarés, que le bouquin en question, ne m'a pas spécialement captivée, malgré quelques qualités que je lui reconnais: un fond historique bien exploité, notamment concernant un pays , la "République" dominicaine, dont on ne parle presque jamais, un style soigné, tout en pudeur et élégance, que j'ai apprécié.......mais que de longueurs, de redites (les carnets auraient presque suffi à mon bonheur) et peu d'empathie pour ce couple aisé qui a du s'exiler, galérer ( mais nombreux furent ceux qui n'ont eu d'autre choix que de partir...en fumée !) et se construire un nouvel avenir dans un pays dictatorial imposé.
Bon, vous l'aurez deviné, pour ceux qui sont restés, je laisse tomber cette saga, sans regret !
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C'est avec beaucoup d'émotion que je referme ce livre. le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale fait partie de mes préférés. La vie d'Almah et de Wilhelm vie est une fuite, leur nouvelle vie est une vie faite de hauts et de bas, toujours se battre, s'assurer un avenir. Ils doivent faire une croix sur leur liberté, l'opulence, leurs choix de vie, la sécurité, leur famille...mais ils seront toujours propulser par l'Amour qu'ils se portent. J'ai tellement aimé le personnage d'Almah, une femme forte malgré les épreuves. En revanche, je suis déçue par le comportement de Wilhem (ceux qui l'ont lu savent) et tellement attristée par ce dénouement. (...)

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