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4,26

sur 2144 notes
A tous ceux qui penseraient que ce livre de 750 pages doit être sacrément long à parcourir , mon message sera le suivant : en tournant la dernière page , vous risquez de vous exclamer " déjà !" et de ressentir un grand vide s'installer en vous , de vous retrouver bien seul(e) , comme lorsque , sur un quai de gare , on n'aperçoit plus que les feux rouges du train qui emmène loin de vous une personne que vous aimez plus que tout .....
Ce livre est un premier roman qui montre toutefois déjà tout le talent d'une autrice qui maîtrise tous les codes de l'écriture , tant sur le plan de l'expression , de l'alternance des genres et sur le plan des idées .Nul doute que ce premier ouvrage a été pensé , travaillé, façonné, ciselé avec passion . Catherine Bardon est tombée " amoureuse " de la république dominicaine , cela se voit , cela se sent ,et surtout , cela se vit......
Point de départ du roman: Vienne , ville d'art , de culture ,intellectuelle , ville de beauté mais aussi ville ou retentissent d'inquiétants bruits de bottes.Nous sommes dans les années trente........Juifs non pratiquants , Wilhelm et Almah , se rencontrent , se marient, poussés par un amour beau et absolu , pour le plus grand bonheur de leurs entourages . Hélas ...il faut fuir...la Suisse , un long , très long exil vers ...la dictature dominicaine et une vie nouvelle de colons . C'est ça ou....le néant...
L'épisode historique a existé mais est resté bien confidentiel et c'est , à mon avis , une très belle idée, très originale que de le porter à notre connaissance.Ce sera l'occasion de croiser une pléiade de personnages aux idées et aux comportements bien différents mais poussés par une rage de vivre incroyable , eux tous qui ont bien failli la perdre , cette vie si précieuse . C'est remarquable.
Et puis , il y a cet amour entre ces deux êtres, ces êtres à qui on va rapidement s'identifier . Leur relations sont présentées avec justesse , finesse , pudeur et sensualité .L'émotion nous étreint souvent et certaines situations, de toute beauté ne peuvent avoir été écrites que par une femme....Désolé , les gars , il y a tellement de poésie que nous (..On peut le reconnaitre sans vexer personne , non?...) ne pouvons que tomber sous le charme de cette plume aérienne . Attention , je n'ai jamais dit que ce livre ne s'adressait qu'aux femmes , ne nous égarons pas .Non, c'est un livre universel sur l'amour qui peut souder un couple mais c'est aussi , hélas, un livre qui nous montre que le monde ne change malheureusement pas , car les déracinés, ils sont toujours bien là.....
J'ai rencontré Catherine Bardon , hier , à " lire à Limoges " et , en discutant un peu avec elle , j'ai mieux compris pourquoi cette charmante dame parlait aussi bien de ce pays mystérieux et de cet exil terrible vers cette île de tous ceux dont personne ne voulait....La passion , les yeux plein de soleil ...
Les" Déracinés "vont continuer avec "l'Américaine " et l'histoire de Ruth , la fille de Wil et Almah . J'en suis très heureux car , je vous l'avoue , je n'avais pas trop envie de quitter tout " ce beau monde ".Mais ça , c'est une autre histoire, dont nous reparlerons plus tard.
Allez , n'ayez aucune crainte de vous lancer , vous ouvrez 750 pages superbes qu'il serait bien dommage de rater. C'est mon avis , rien que mon avis mais......
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Voilà très exactement le genre de roman que j'adore lire lors des grandes vacances d'été ! Les Déracinés est un de ces romans qui a le charme et le souffle des grandes sagas populaires, accessible à tous les lecteurs qui ont envie de se laisser entraîner sur les traces de personnages forts, amenés à traverser le tragique de l'Histoire. Si l'écriture, fluide et soignée au demeurant, manque de créativité et d'intensité, ce n'est finalement que pour mieux accompagner un récit qui, lui, en regorge.

J'ai été immédiatement embarquée dans le destin du couple charismatique Almah / Wil que l'on suit de 1921 à 1961 : elle, riche héritière, future dentiste, lui journaliste critique d'art, ils vivent une histoire d'amour flamboyante, d'autant plus vibrante qu'elle se déroule dans le contexte terrible des années 1930-40, et qu'ils sont juifs autrichiens.

Les talents de conteuse de Catherine Bardon sont évidents. Elle a l'intelligence du dosage subtil romanesque individuel / contexte historique collectif. Toute l'histoire des Juifs vivant dans le Grand Reich est brillamment restituée, sans lourdeur, parfaitement intégrée aux destins d'Almah et Wil : montée de l'antisémitisme, à partir de l'arrivée au pouvoir de Hitler, Anschluss ( annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie en 1938 ), persécutions antisémites culminant dans la Nuit de Cristal, immigration massive de la population juive européenne, mise en place de la Shoah.

Surtout, en en faisant son coeur, ce roman dévoile un épisode méconnu de la Deuxième Guerre mondiale : comment la République dominicaine devint une terre d'asile offrant 100.000 visas à des juifs européens, son dictateur Trujillo étant motivé par des intérêts géopolitiques et économiques plus que philanthropiques : restaurer son image après les massacres de milliers d'Haïtiens en 1937, relancer l'économie de l'île, « blanchir » sa population, tout cela sous le regard bienveillant des Etats-Unis. Au final 650 visas seront distribués : la colonie de Sosua se développera comme une communauté agricole de type kibboutz.

Cet incroyable épisode m'a rappelé le très beau roman de Louis-Philippe Dalembert, Avant que les ombres s'effacent, construit autour du décret de naturalisation voté par l'Etat haïtien autorisant ses consulats à délivrer, non pas des visas, mais carrément des passeports à des centaines de juifs fuyant le nazisme.

A partir de cette trame historique très forte, le roman fait la part belle aux enjeux à hauteur d'hommes et de femmes avec une force d'évocation assez enthousiasmante. Difficile d'oublier Almah, Wil et tous les autres personnages. Il y a beaucoup d'ampleur à les voir évoluer dans le chaos de l'histoire, des cafés viennois à la colonie ingrate de Sosua, en passant par les camps de réfugiés suisses, le Portugal ou le jeune Etat israélien, à mesurer toute la richesse des relations humaines dans l'adversité. On vibre avec eux autour de la question centrale de l'identité du déraciné : comment réinventer sa vie dans les épreuves et se mesurer face à soi au fil des amours, des amitiés, des drames et des rencontres ?

Une fresque très prenante que je compte bien poursuivre avec le deuxième volet : L'Américaine, centrée sur Ruth, la fille d'Almah et Wil, à New-York de 1961 à 1967. Je m'en délecte par avance.
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Un livre indispensable !

Il y a plusieurs vies dans une vie, Pour Wilheim et Almah, en tous cas.
Lorsqu'ils se sont connus à Vienne en 1932, leur route semblait toute tracée.
Lui, jeune journaliste était promis à un brillant avenir au sein d'un prestigieux journal autrichien, elle avait choisi une profession médicale pour rester dans la lignée de son père célèbre chirurgien, elle entreprit des études de dentiste.

Une vie de confort, de plaisir et d'amour jusqu'à ce que des bruits de bottes se fassent entendre aux portes de l'Autriche.
Peu à peu l'insouciance laisse place à la peur et aux brimades. L'antisémitisme devient chaque jour plus violent, les artistes, les intellectuels commencent à s'exiler.
En 1939, après mille persécutions, ils partent avec des visas américains qui se révèlent être des faux.
Après une année passée dans un camp en Suisse, ils traversent la France, l'Espagne et embarquent au Portugal pour la République Dominicaine où 100 000 visas ont été accordés à des juifs venant de toute l'Europe pour construire une communauté, sorte de Kibboutz.

A peine arrivés sur une terre hostile, au milieu de nulle part, brulée par un soleil implacable, la vie s'organise et peu à peu, des bâtiments et un village sortent de terre.
Au fil des mois, ils apprennent à relever la tête, à oublier la peur et le besoin vital de passer inaperçu.
La vie reprend son sens avec en souvenir de fond un paradis perdu. Ils deviennent agriculteurs, éleveurs, bâtisseurs et les jours se succèdent dans harmonie tranquille.

« C'était à la fois enivrant, exaltant et émouvant »

« Nous sommes arrivés sans illusions et maintenant nous partageons un rêve ».

Ce livre est à découvrir en priorité, je ne comprends pas que l'on n'en parle pas davantage dans la presse.
J'ai tout aimé dans ce livre, Wil et Almah sont attachants, courageux. Les personnages secondaires tissent des liens d'amitié, d'amour,Il y a des naissances, des mariages, des drames, des rencontres inoubliables.


Catherine Bardon nous propose un profond et superbe roman sur l'amitié, la richesse des relations humaines, l'évolution des individus au fil de la vie ainsi que celle des rapports entre les êtres humains, la nostalgie, l'exil.
« Les déracinés » se lit comme un roman feuilleton, les paysages défilent tant la description en est précise. On sent la chaleur, le vent, la poussière.
Cette lecture m'a bouleversée et n'est pas prêt de quitter ma mémoire.
J'adresse un immense merci à NetGalley et aux Editions Les Escales.


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On va suivre l'histoire d'un couple et de sa famille dont on fait la connaissance en 1921, alors que Vienne rutile de mille feux, tandis que se profile la montée de l'antisémitisme, du nazisme. Il y a d'abord les moments heureux, la rencontre, de Wilhelm et Almah, leurs familles respectives qui ont pignon sur rue : Julius le père d'Almah est un chirurgien renommé, sa mère Hannah, musicienne, le père de Wil Jacob est imprimeur, autoritaire certes, mais qui laissera son fils choisir le métier qu'il veut, alors qu'il rêvait de lui laisser l'imprimerie familiale, dont la femme Esther est en apparence soumise.

Malgré, les corbeaux noirs qui se profilent à l'horizon, on va assister à leur mariage, à la synagogue ; l'antisémitisme rampant va monter crescendo, les violences, les insultes, et certains commencent à fuir dans l'exil ou le suicide ; les droits se réduisent de plus en plus mais chacun espère que cela va s'améliorer, ils sont là depuis des générations, occupent une place dans la société viennoise…

Il est difficile de prendre la décision de s'exiler en laissant les parents derrière soi, la culpabilité s'insinue… Un jour, Myriam, la petite soeur de Wil se fait traitée de « sale truie » et cela va précipiter sa décision de partir. Pour Almah, c'est impossible de partir en laissant ses parents à Vienne, mais Julius et Hannah vont décider d'en finir, la libérant de ses hésitations et de sa culpabilité.

Ainsi commence l'exil, le passage par la Suisse, où ils atterrissent dans un camp où ils vont rester environ un an, puis la traversée de la France direction Lisbonne, où la vie leur sourit un peu plus et enfin l'embarquement vers l'inconnu dans le bateau qui les emmènent en Amérique, où ils espèrent pourvoir rester, Myriam et son époux Aaron habitant New-York : ils découvrent l'humiliation, Ellis Island où les examine comme des animaux… Leur demande est rejetée, ils acceptent alors d'aller avec le groupe à la Dominique.

Tout construire dans l'île où règne le dictateur Trujillo. Ils vont créer une communauté manière Kibboutz, travaillant la terre, construisant un village sur une usine désaffectée…

Peu à peu la communauté augmente avec d'autres arrivées, notamment Svenja et son frère Mirawek, arrivés de l'Est, Emil, mais aussi Markus qui sera un ami solide pour Wil. Une belle histoire d'amitié entre Svenja, libre, volage, et Almah et en miroir celle de Markus et Wil… Des liens qui se renforcent autour de la création du journal, car ils ont dû renoncer à une partie de leurs rêves, le journalisme pour Wil, alors que sa femme peut encore exercer son métier de dentiste.

Almah est le moteur de ce couple extraordinaire qui résiste même s'il doit parfois s'arc-bouter pour tenir ; elle s'accroche à la vie même dans les pires moments…

Ils élèvent leurs enfants, Frederik, né à Vienne et Ruth, conçue probablement lors du « séjour » à Ellis Island, dans cette atmosphère de liberté et de créativité, mais ne parlent jamais du passé, de ceux qui sont restés à Vienne, voulant à tout prix les protéger dans cette bulle… Ruth est le premier bébé né dans la communauté, ce qui lui donne une aura, parfois dure à assumer pour elle.

Il faut se battre tous les jours pour faire sortir quelque chose de cette terre, avec des périodes de doute voire de suspicion car les semences sont imposées par … Monsanto (déjà), les vaccins et les antipaludéens par Bayer…

Un jour, le 23 février 1942, la nouvelle tombe : Stefan Zweig s'est suicidé. C'était le maître à penser de Wil, il l'admirait profondément … Elle connaissait la passion maladive de Wilhelm pour l'écrivain autrichien qu'il avait interviewé avec tant de fierté autrefois. C'était lui qui lui avait donné le goût de la littérature et qui l'avait inspiré par son mode de vie…

Il va lui rendre hommage en publiant la lettre émouvante laissée par Stefan Zweig dans leur journal…

Catherine Bardon évoque aussi avec beaucoup de sensibilité les vagues de nostalgie (Sehnsucht) qui parfois remontent avec une odeur, un mot et les ramènent dix ans en arrière…

Mais peu à peu, la Communauté va s'éloigner des principes qui ont été à la base de sa construction, certains voulant vendre leurs produits directement, faire de l'argent… Et les liens vont se distendre car il y aura la création de l'État d'Israël et certains, comme Svenja et son frère, partiront créer des Kibboutz avec gestion collective, comme si l'expérience de Sosua était le brouillon, la première mouture, mais où se situe la frontière entre réalité et idéal ?

Catherine Bardon aborde dans ce roman l'histoire de cette famille et de leurs amis, entre 1921 et 1961 (avec le procès de Eichmann) en nous rappelant en parallèle la grande Histoire, sans jamais, tomber dans la facilité, ou la caricature, nous livrant les états d'âme de chacun, en les reliant aux grands évènements, aux grands personnages de l'époque.

Elle ne nous brosse pas un tableau idyllique de l'île car le dictateur Trujillo (alias « le bouc » à cause de son appétit pour la chair fraiche) y règne avec une poigne de fer et le narcissisme et le culte de la personnalité sont bien là, même si la petite communauté est loin de la capitale.

Elle ne cherche pas à nous vendre un couple idéal à travers l'histoire de Wil et Almah : c'est un couple qui s'aime très fort car les liens qui se sont tissés entre eux sont basés (et renforcés) par toutes les épreuves qu'ils ont traversées, mais l'amour n'est jamais un long fleuve tranquille et ils auront tous les deux des blessures, des crises à traverser, ce en quoi ils nous ressemblent.

Un petit mot dur le style : l'auteure a choisi d'alterner le récit des faits et les notes du journal tenu par Wilhelm où il exprime son ressenti, ce qui donne une saveur particulière à son livre.

Etan donné ma passion pour cette époque de l'histoire, ce livre était pour moi, mais il m'a tellement emballée que j'ai du mal à faire une synthèse et ma critique, comme toujours dans ces cas-là part un peu dans tous les sens, tellement j'ai envie de partager mon enthousiasme.

J'ai adoré ce roman, volumineux mais qui se dévore, ces héros que je n'avais pas envie de quitter et dont j'ai appris à connaître les états d'âme, les personnalités. Je vais enchaîner avec le tome 2 « L'Américaine ». Je l'ai acheté pour avoir une version papier et revenir sur tous les passages que j'ai soulignés…

Vous l'avez compris, si vous ne l'avez pas lu, précipitez-vous…

Un immense merci à NetGalley et aux éditions « Les Escales » qui m'ont permis de découvrir ce livre magnifique.

#LesDéracinés #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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« Sans racines, nous ne sommes que des ombres . »
«  Nous ne pourrons jamais revenir , ils ne nous pardonneront jamais ce qu'ils nous ont fait. »

Deux extraits de cette fresque fabuleuse au souffle puissant, lue comme un feuilleton, l'histoire d’une longue errance de pays en pays, d’illusions en désillusions , du tourbillon de la vie à Vienne vers 1921 à 1961 en République Dominicaine où les héros apprendront le goût des fruits, les colères du ciel , les caresses du soleil souvent brûlant , les odeurs de la terre, les hamacs et les machettes , Les ventilateurs , les chaises berceuses , le nom des poissons , et des plantes, renonçant à tout superflu , peut- être toucheraient - ils au bonheur ?

Après mille traumatismes, exclusions, exils , renoncements , humiliations , douleurs extrêmes ...










Vienne la fabuleuse , ville d'esprit , d'art et de patrimoine, ses promenades au parc du Prater,

Vienne : insouciante, resplendissante, fourmillante , bruissante , ses concerts ,théâtres , musées,

cafés , une effervescence culturelle , intellectuelle et artistique jusqu'à « la banalité du mal » selon

Hannah Arendt, la traversée d'une guerre, un holocauste, la perte d'un enfant ....

L'auteur conte lors de courts chapitres bien structurés l'histoire passionnante de Wilhem Rosenheck , 25 ans journaliste qui ne se sent pas juif , admirateur fervent de Stefan Zweig, ( effondré lors de l’annonce de son suicide ) seulement profondément autrichien , confiant et en sécurité et Almah , belle , libre, radieuse ....20 ans qui deviendra dentiste .
Ils se rencontrent en 1932, commence un amour vibrant, profond, incommensurable.
Animés d'une puissante rage de vivre , ils devront affronter lors d'un adieu poignant , silencieux et intime leur univers, leur pays , leurs parents, leurs racines...

La montée de l'antisémitisme les obligera à passer un an dans un camp en Suisse.
Empêchés de partir aux Etats - Unis à cause de visas faux , on leur proposera de se rendre en République Dominicaine où le dictateur local offre cent mille visas à des juifs venus du Reich ....

Là , ils tenteront en devenant fermiers de reconstruire leur vie, leur destin, au milieu de la jungle brûlante ...

Fondée sur des faits réels, alternant le journal de Wilhem , ses réflexions parfois désabusées et les faits , c'est une lecture à la fois historique et universelle , entraînante , poignante , bouleversante, riche d’enseignements et de réflexions ....

Wilhem perdra ses illusions de journaliste, l'oubli de ses rêves de jeunesse: douleur de l'exil, : quête de racines , remords .
Almah, , vibrante , courageuse , aimante , fière , déterminée , beaucoup plus forte tentera sa vie entière de continuer à l'aimer ...tout en participant à fonder une communauté agricole , une coopérative à fonctions multiples une espèce de Kibboutz ou plutôt un moshav, le profit bénéficiant à l'ensemble du groupe , les décisions étaient prises collectivement de façon démocratique ....
On pourrait en dire plus mais .....
Les personnages sont vivants et vibrants, terriblement attachants ,pétris d’humanité .
L'écriture est précise , fluide.
Les dates des événements aident à la compréhension de ce pan d'histoire méconnue ....
L'auteure dont c'est le premier roman , fondé sur des faits réels est une amoureuse de la République dominicaine , auteure de guides de voyage et d'un livre de photographies sur ce pays , où elle a passé de nombreuses années ...
Je pense à certaines amies de Babelio qui pourraient apprécier ce gros livre : 650 pages , irradiant de douleur mais aussi d'amour chez des êtres pris dans les turbulences du temps ....
On ne voit pas le temps passer tellement cette lecture romanesque prend aux tripes ....
Un coup de coeur ..mais ce n'est que mon avis..
Merci à ma médiathèque, à Claire , qui avait mis en avant cet ouvrage , paru en mai 2018 .....
Je le conseille ..
Publié aux éditions : Les escales , Domaine Français.

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C'est avec brio et émotion que Catherine Bardon nous raconte l'histoire : Les déracinés.
Ce roman inscrit l'histoire d'une famille dans le Temps universel de l'Histoire.Je veux dire par là que cette histoire est commune à tous les déracinés.
Almah et Wilhelm se rencontrent dans la Vienne fascinante des années 30. La vie n'est qu'un tourbillon joyeux jusqu'à ce que L HISTOiRE prenne le pas et dicte aux individus ce qu'ils doivent faire, ce qu'ils doivent subir. L'antisémitisme encore latent explose avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne et l' Anschluss en Autriche.
Être juif devient une tare, une infamie qui permet tout à leurs bourreaux comme humilier des juifs Autrichiens à nettoyer les pavés avec des brosses à dents .
Almah et Wilhelm n'ont d'autre recours, comme tous les leurs de fuir l'Autriche leur pays bien aimé.Cette tragédie les conduit sur le chemin de l'exil. D'abord en Suisse, puis à New York, mais personne ne veut des juifs qui fuient, on évoque des quotas "dépassés".
Almah et Wilhelm finissent par échouer avec leur jeune fils en République dominicaine ou le dictateur Trujillo les "accueillent".
Mais quand on n'a nulle part où aller...
Alors, Almah et son mari vont vivre dans cette île où la nature luxuriante et la mer les autorisent à vivre une autre vie.
Catherine Bardon nous parle de cette résilience extraordinaire de l'homme, qui peut tout endurer même si le vague à l'âme est toujours présent dans chacun des coeurs, mais c'est la vie qui triomphe , l'espoir d'un lendemain qui donne l'énergie de lutter.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous transperce le coeur et je le dédie à tous les exilés du monde d'Hier comme hélas celui d'aujourd'hui.
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1931, Vienne resplendissante. Ville de patrimoine et d'esprit. Une jeunesse dorée celle d'Almah, celle plus ancrée dans le concret de Wilhelm. L'insouciance des années d'avant la montée de l'antisémitisme, de la folie meurtrière propagée par Aldof Hitler.

Catherine Bardon nous plonge dans un pan de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale méconnu pour sublimer une histoire d'Amour vibrante, une histoire de vies qui se cherchent une terre d'adoption pour construire un havre de paix, survivre.

Il est journaliste, elle est dentiste. Ils seront fermiers. Ils enfouiront la peur, pleureront ceux qui se sont sacrifiés pour qu'ils aient une famille, une vie heureuse.


Ce devait être une parenthèse avant le retour. Impossible. Trop d'horreur, trop de peur, trop de morts, rien ne sera plus pareil à la Vienne de leur insouciance. Il faut construire, s'installer au soleil, à l'ombre d'un dictateur. Une communauté, un kibboutz expérimental, des amitiés, un lien, une ancre.

C'est un roman d'exception. Il dit tout de l'Humanité : son inhumanité, sa résilience. Les destins de Wilhelm et Almah, l'apprentissage d'un nouveau monde, d'une nouvelle langue. Les amitiés fraternelles avec Markus et Svenja.

"Sans le savoir, une population fragilisée de juifs apatrides dont aucun État ne voulait, se prêtait à une expérimentation sociologique d'envergure." Ils réussirent un temps.

L'auteure raconte les pertes immenses comme celle de Stéfan Sweig : en adressant une lettre de suicide dans laquelle il dira tout de l'état d'esprit de ces rescapés : "adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. de jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même".

Cette fresque romanesque captive, vous tire larmes et sourires. 30 ans pour une saga sur fond d'horreur où les enfants prendront racine. Quelque 600 pages qui vous livrent une part d'histoires de 100 000 Juifs qui content L Histoire sombre et lumineuse à la fois, entre peurs, amours et espoirs. L'exil. Les personnages sont attachants, vivants, vibrants.

Catherine Bardon nous offre une fresque bouleversante très cinématographique. Un roman instructif qui doit devenir un incontournable de nos bibliothèques.
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La capacité d'adaptation : voilà un trait de personnalité que l'on retrouve chez beaucoup d'êtres humains, et je l'approuve entièrement.
Ce roman, c'est ça.

L'histoire démarre à partir d'un jeune homme viennois, Juif, fils d'imprimeur, et d'une jeune femme dont il tombe amoureux, Almah, Juive également, fille de chirurgien. Ces jeunes gens ont tout pour réussir dans la vie : une famille aimante, des métiers qu'ils ont voulus, journaliste et dentiste, de l'argent, et l'amour fou.
Mais les années 30 à Vienne n'offrent pas d'avenir radieux. C'est avec effroi et consternation qu'ils voient s'approcher puis prendre possession de leur ville et de leur pays l'ogre allemand.
Obligés de quitter leur pays parce que chassés, honnis comme tant de milliers d'autres, ils fuient. Après un an de stagnation dans un camp pour réfugiés en Suisse et un passage décevant par Ellis Island, ils arrivent en République Dominicaine, qui à l'époque est sous la coupe du dictateur Trujillo. Faisant partie d'un programme de « placement » des Juifs déracinés, ils s'y installent en compagnie de quelques dizaines d'autres, échappant par ce moyen à l'Holocauste. Que leur réserve la vie là-bas ?

J'ai découvert un épisode (si l'on peut dire) que je ne connaissais absolument pas, et j'ai été séduite par des moyens attrayants et détournés en m'attachant à une famille fictive. L'histoire est ancrée dans l'Histoire, et les multiples personnages de fiction s'emmêlent aux êtres réels.

Ce roman est très instructif, de facture classique mais aux phrases chantantes, aux descriptions très visuelles, où l'amour, l'amitié, la persévérance côtoient le deuil, la jalousie, les regrets. Une vie ordinaire, en somme, mais tellement extraordinaire.
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J'ai acheté ce livre après avoir lu de nombreuses chroniques le vantant mais comme il s'agit d'un "pavé" je l'avais gardé pour une envie de lecture d'un roman avec immersion totale sur plusieurs jours. La période de confinement que nous vivons était le moment idéal mais au lieu de m'immerger je me suis un peu noyée.....

"Nous sommes encore assez jeunes pour prendre vraiment racine dans ce pays. Car sans racines, on n'est qu'une ombre. (p632)"

Je vais encore une fois être à contre-courant des avis sur cette lecture dont je sais que nombre d'entre vous avez été enthousiasmés mais je vous rassure tout n'est pas négatif et je vais tenter de "disséquer" mon ressenti.

J'ai trouvé la première moitié du roman particulièrement longue, je veux parler de toute la partie de la rencontre entre Wilhelm (le principal narrateur) et Almah, leur vie à Vienne avec les prémices et le début de la guerre ainsi que les premières exactions envers les juifs. Ayant déjà lu beaucoup sur cette période ce ne fut pas une découverte. J'ai eu le sentiment que cela tournait un peu en rond, des répétitions surtout dans les sentiments de Wilhelm vis-à-vis d'Almah mais vous le savez le côté romance dans certains récits me "fatiguent" assez vite et celui-ci en avait toutes les caractéristiques qui me hérissent le poil. Je me suis accrochée malgré tout car toutes les éloges lues me laissaient entrevoir une possibilité d'intérêt dans la suite.

A partir de leur fuite vers la République Dominicaine, leur périple pour y arriver et leur installation dans l'île, le contexte politique du pays à l'époque, le récit est plus intéressant, j'ai eu un peu moins le sentiment de longueurs, les personnages étaient un peu plus étoffés, certains apparaissaient mais trop fugacement, l'action se concentrant uniquement sur le couple formé par Wil et Almah, cette dernière se révélant un peu plus en s'affirmant sur les choix de vie.

La narration est faite de plusieurs manières : Wilhelm est le narrateur principal mais l'auteure y mêle des pages de son journal personnel, reprenant parfois ce qui avait été écrit précédemment mais avec également une narration "off" pour situer le contexte d'ensemble, les attitudes de chacun etc.... Des pages et des pages qui parfois n'apportent rien.

J'ai été agacée par la fin de certains des "courts" chapitres annonçant le devenir de chacun dans le futur, annonçant ainsi, avant de le découvrir, ce qu'il allait advenir. Et puis Wilheilm (Wil) était parfois dégoulinant d'amour pour sa belle, une écriture comparable à ce que l'on peut trouver dans les romans sentimentaux. L'évocation de Stephan Sweig,  modèle absolu du narrateur, dans presque toutes les pages du début, me donnait l'impression qu'il n'y avait rien d'autres à écrire ou alors voulait donner une sorte de crédibilité culturelle au personnage. Mais Wil n'est pas Stefan.

Il y a un gros travail de documentation de la part de l'auteure et j'ai découvert à la fois un pays, la République Dominicaine sous la présidence de Rafaël Trujillo, homme d'état des plus douteux, mais aussi appris l'installation de réfugiés juifs durant la seconde guerre mondiale dans ce pays, à la manière de kibboutz. J'ai parfois eu la sensation d'une énumération des événements qu'il fallait glisser dans la narration, souvent en total décalage de ton avec le sentimentalisme de l'ensemble. 

Toute la partie historique aurait été intéressante si elle n'avait pas été noyée dans une littérature romanesque qui n'apporte rien et à mon avis nuit à l'ensemble. Je n'ai pas eu d'empathie pour les personnages, je les suivais sans rien ressentir émotionnellement.

Ce type de littérature a son public, il en faut pour tous les goûts, cette chronique n'étant qu'un ressenti personnel de lecture je ne lui porte pas préjudice car il a déjà remporté beaucoup de succès et continuera à plaire. Il est simplement la confirmation d'un type de romans qui n'entrent pas dans ma zone de prédilection. Une histoire d'amour sur un fond historique et qui comporte tous les ressorts du genre.

Je l'ai malgré tout lu jusqu'au point final, je n'ai sauté aucune page, jamais lu en diagonale et quand j'ai tourné la dernière page j'ai pensé : "Ça y est ! Je l'ai fini". 
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Une saga familiale basée sur un fait historique peu connu. J'ai malheureusement peiné à m'attacher aux personnages et je ne suis pas certaine de la continuer.

À Vienne, dans les années 1920, Wilhelm Rosenheck, jeune journaliste rencontre la jolie Almah dont il tombe aussitôt amoureux. Ils ne sont pas du même milieu et Wilhelm doit faire face à un rival mieux placé pour obtenir la main d'Almah. C'est sans compter sur la jeune fille qui entend bien choisir elle-même son mari.

Wilhelm et Almah se marient, ont un petit garçon, Frederick. Tout irait presque bien, presque. Ils ont beau penser que les mesures prises contre les juifs n'auront qu'un temps, que les choses reviendront à la normale, l'étau se resserre. Que doivent-ils faire ? Fuir en laissant les parents de Wilhelm derrière eux ? Rester et risquer leur vie et celle de Frederick ?

Ils entament un périple difficile avant d'être recueilli en République dominicaine. Catherine Bardon a ancré le destin de la famille Rosenheck dans ce contexte peu connu (en tout cas, je l'ignorais) et c'est une excellente idée.

Lien : https://dequoilire.com/les-d..
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