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Poète de la noirceur, Clive Barker est souvent qualifié d'Edgar Allan Poe contemporain... Il l'est sans doute davantage que son émule Stephen King, mais Clive Barker est avant tout Clive Barker, à savoir un Anglais de Liverpool d'ascendance irlandaise par son père et italienne par sa mère à la fois romancier, dramaturge, peintre, sculpteur, photographe et cinéaste spécialisé dans le fantastique horrifique mais pas que (domaine dans lequel il fait référence au vu de sa grande influence sur ses contemporains)… A lui plus qu'à bien d'autres correspond l'appellation démons et merveilles !

Années 1920, la Duchesse des Chagrins Katya Lupi est une star du cinéma muet qui fait un pèlerinage dans son pays natal tandis que son imprésario Willem Matthias Zeffer désespérément amoureux d'elle cherche un cadeau à lui offrir pour gagner ses bonnes grâces. Nous sommes en Roumanie, terre de mystères, de démons et de merveilles et il découvre dans la Forteresse du Duc Goga gardée par les moines de l'Ordre de Saint-Teodor une oeuvre qui dépasse ses espoirs les plus fous. Les moines sont bien contents de se débarrasser de ce qu'il considèrent comme impie et maudit, dans ce lieu où selon eux résida Lilith la femme du Diable. le chef-d'oeuvre qui sent le souffre est rapatrié en Amérique, où il assure le succès mondain de la vamp avant de déclencher une épidémie puis une hécatombe dans le tout Hollywood...
Années 2000, Todd Pickett la star du cinéma d'action est sur la pente descendante et il se sent de plus en plus dans la peau du vieux gladiateur dont les forces déclinent alors que celles des jeunes gladiateurs ne font qu'augmenter... Pas de bol, son réalisateur fétiche meurt avant le grand coup devant relancer sa carrière et son producteur, une petit crevard ravi d'abuser de son pouvoir et son argent pour exercer sa domination sur les autres (toutes les allusions à des faits ayant défrayé la chronique sont absolument volontaires), se fait une joie de lui imposer un ultimatum : c'est le bistouri ou la retraite ! Mais l'opération de chirurgie esthétique est un désastre : Todd Pickett est obligé de se cacher son visage et son corps dans une résidence abandonnée des collines d'Hollywood appelée Coldheart Canyon, victimes à répétition d'étranges événements...

L'idée du roman "Coldheart Canyon" c'est de lier les destins de la vraie vamp d'hier et du faux action man d'aujourd'hui et ce que c'est à travers les yeux de Todd Pickett que les mystères de Coldheart Canyon et du Royaume du Diable nous sont révélés, ainsi qu'à sa vindicative agente Maxine Frizelle et sa groupie passionnée Tammy Lauper qui bon gré mal gré gravitent autour de lui et l'accompagnent pas à pas dans sa descente aux enfers. Clive Barker connaît les vibes du du genre horrifique comme personne et il ajoute à sa casquette de dramaturge tous les talents qu'il a acquis dans les arts visuels (c'est ainsi qu'est apparu le « body horror » dont il est l'un des pères fondateur sinon le père fondateur) : la style est élégant et émaillé de descriptions évocatrices voire de haute volée (ah je le remercie avec le traducteur Jean Esch pour les trompe-l'oeil artistiques du Royaume du Diable ! ^^) et le rythme est joliment maîtrisé car nous autres lecteurs sommes comme des grenouilles sur le feu et quand l'eau se met à bouillir il est trop tard depuis bien longtemps déjà pour songer à fuir... Il mêle évidemment à son histoire une critique au vitriol de la la célèbre usine à rêves américaine surnommée par ses détracteurs Tinseltown, qui depuis un siècle transforme de vrais salauds en faux héros, héros, avec des business plan bien rodés comme bourrage de crâne et la loi silence comme filet de sécurité (remember l'affaire Harvey Weinstein, qui n'est sans doute que la partie émergée de l'iceberg). Pour lui elle n'a jamais été innocente, elle a toujours été pourrie et il se fait une joie d'utiliser démons et merveilles pour dézinguer le Hollywood d'hier et l'Hollywood d'aujourd'hui en alternant scènes du quotidien, drames psychologiques, scènes érotiques et scènes gores...
C'est ainsi que se noue une étrange relation la prétendue reine des ténèbres et le prétendu héros. Katya Lupi est une Foutue Au Berceau prostituée par sa mère et violée par ses frères, qui corrompt tous ceux et toutes celles qu'elles rencontrent pour mettre le monde entier à son niveau tout se perdant elle-même dans un sadomasochisme bisexuel et permutant. Mais son plus grand désir est de retrouver les part l'innocence et de la pureté qu'on on lui pris et qu'elle a perdus, et à tort ou à raison elle s'est persuadée que Todd Pickett qui a connu les mêmes tentations qu'elle est l'homme qui lui faut (car après tout son prince charmant est resté suffisamment humain pour pleurer la mort de son chien ^^). C'est une histoire sans doute aussi factice que celle qui sont fabriqués en série par l'usine à rêves hollywoodienne, mais c'est surtout une histoire d'amour aussi tordue que celle d'Hella et Thor chez Marvel Comics où la déesse des enfers qui règne sur lâches, traîtres et criminels est aussi une femme qui rêve d'aimer et d'être aimée par un beau héros aux bras musclés...

Mais avant d'être dans une histoire de fantômes on est dans un récit Portal Fantasy, et c'est là que le bât blesse car si l'auteur à un imaginaire incroyable, il reconstitue ici une Boîte de Lemarchand dont les pièces s'ajustent pas spécialement bien... et c'est partie pour la Zone Spoilers !

Il aurait été plus efficace d'avoir d'abord la maison hantée comme faux Jardin d'Eden, puis le Royaume du Diable qui entre enfer et paradis est un vrai Purgatoire, et enfin l'empire des ténèbres où l'auteur laisse dormir des horreurs cauchemardesques dont finalement on ne verra jamais le bout du nez... Mais j'imagine que dans ce cas, il aurait été trop proche du schéma d'"Hellraiser" ? C'est dommage !
Lien : https://www.portesdumultiver..
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Je n'ai rien contre un peu de sensualité dans un roman, voire de l'érotisme, mais dans Coldheart Canyon, l'auteur a poussé le bouchon un peu loin à mon goût.
Non seulement le sexe est omniprésent, mais en plus, il s'accompagne de scènes violentes, de toutes sortes de fantasmes et de perversions, bref, ici la luxure sous toutes ses formes est à l'honneur et j'ai trouvé ça un peu cru mais aussi franchement répétitif.
Pour donner un exemple concret, j'aime beaucoup le foie gras, mais autant déguster une fine tranche déposée sur une tartine croustillante me fait saliver, autant un gros morceau de 5 cm d'épaisseur posé sur la même tartine ne me fera pas envie, c'est trop épais, ça manque de raffinement et c'est écoeurant.
Par ailleurs, le roman est un peu long, il y a de nombreux passages qui se répètent.
Sinon, l'histoire est sympathique, l'auteur nous fait découvrir un homme, un acteur adulé par des milliers de fans car il est très beau, même si son jeu d'acteur n'est pas exceptionnel.
Mais comme il sent qu'il vieillit un peu (il a 34 ans !) il va décider de passer sous la lame d'un chirurgien qui parait-il, fait des miracles. Malheureusement, l'intervention se passe mal et notre héros se retrouve défiguré.
Il va donc aller se cacher quelque temps dans l'ancienne maison d'une actrice renommée en son temps. Mais cette demeure révèlera bien des surprises.
L'auteur nous entraîne dans une histoire de maison hantée, mais le vice et la luxure jouent des rôles primordiaux dans cette histoire.
J'ai bien aimé l'aspect fantastique du roman, beaucoup moins les nombreux passages sexuels très explicites qui n'apportent finalement pas grand-chose à l'histoire.


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Dans Coldheart canyon, Clive Barker nous offre un décorticage sans la moindre complaisance du cinéma hollywoodien, milieu dans lequel il évolue, donc qu'il connaît parfaitement. Nous allons faire un bout de chemin avecTodd Pickett, star en perte de renommée, qui part se reposer après une intervention de chirurgie esthétique pas trop réussie.
Il se terre donc dans une immense, voire démesurée, demeure, Coldheart canyon, que son agent lui a dénichée dans un coin complètement paumé. Bien évidemment, censée être inhabitée, c'est loin d'être le cas, comme on s'y attendait un peu. Notre star va y rencontrer une autre star oubliée du cinéma muet, véritable propriétaire de la propriété.
Du temps de sa splendeur, Katya, qui serait désormais centenaire, puisque c'est dans les années 20 qu'elle organisait moult orgies immorales, violentes et cruelles, auxquelles tout le gratin participait.De plus, des créatures peuplent les environs...
Donc nous avons de tout dans ce long roman (certains diraient trop long), du suspense, de horreur, du sexe... beaucoup de sexe même, des monstruosités et des difformités... un véritable festival, le tout dans une ambiance pesante à souhait. Les personnages sont toujours très richement décrits, mais non caricaturaux. Clive Barker est sans pitié pour ce milieu, sa futilité, les faux-semblants, etc.mais il nous plonge en même temps dans un univers complètement décalé, qui n'adoucit pas le propos, certes, mais la réalité se mélange au fantastique, comme bien souvent avec cet auteur.
Pour résumer, le roman est long certes, mais je ne me suis pas du tout ennuyée, parce qu'il est très prenant et ne manque ni de suspense ni de rebondissements. Un excellent Clive Barker.
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Parut en 2001 sous le nom de ColdHeart Canyon A Holywood Ghost Story. Une première partie est écrite par Benoît domis qui narre la biographie de l'écrivain. Très riche, on y apprend pleins de choses comme par exemple que le livre de sang fut écrit lorsqu'il était comédien dans une troupe de théâtre et que c'était pour divertir les comédiens, mais surtout pour financer la troupe. C'est alors, qu'il comprit qu'il possédait un don, ainsi que bien d'autre, celui de l'écriture. On y apprend aussi qu'il écrit tous ses textes à la mains et son homosexualité, mais ça je le savais déjà.

Pour ce qui est du roman en lui même, Clive Barker avait l'intention de faire une courte satyre sur le monde du cinéma, milieu qui lui à laissé un goût amer de son expérience personnel. Mais les notes s'accumulent et le roman s'allonge considérablement. Il rajoute son univers si propre à lui le fantastique.

Dans les années 30, le cinéma est au tout début de son histoire. Zelfer, un agent de la jolie actrice et star du grand écran, se rend dans le village natal de la demoiselle situé en Roumanie. Il visite un monastère afin d'acheter ce qui pourrait ravir la jeune femme et, l'emporter dans sa demeure à LA. de nos jour, le cinéma à bien changé, désormais, c'est le monde de l'argent, des paillettes, des paparazzis. Todd est un acteur au sommet de sa gloire, beau gosse, il a énormément de succès et, excelle dans l'action. Mais arrivé à la trentaine et surtout, le flop qu'a engendré son dernier film, il décide de rebondir et tente de jouer dans un nouveau blockbuster. Mais il ne parvient pas à convaincre le patron de la Paramount. Ce dernier laisse suggérer que si Tod se faisait refaire le visage, il pourrait accepter de financer son prochain film. L'opération ne se passa pas comme prévu.

Clive Barker est un génie, il fait pourtant parti de ses auteurs méconnus qui mériterait que l'on se penche d'avantage sur ses oeuvres. C'est un artiste, je ne connais pas ses autres activités, mais il a un véritable don, celui de l'écriture. Les phrases se suivent avec une telle fluidité que la lecture est immersive et plaisante. Ce roman est vraiment très bien écrit, j'avais l'impression d'y être tour à tour en Roumanie et en Californie. Il a réussi à faire vivre ses personnages et on se prend d'amitié, je pense à Tammy la présidente du fan club de Todd, ou de haine pour certains. J'ai beaucoup aimé certains passages comme celui avec le paon, celui de la maison de retraite ou bien encore un de ceux du pays du Diable. Et puis, j'ai énormément apprécié l'évolution des personnages. Cependant, ce livre n'est pas parfait puisque certains passages sont un peu long et surtout ces 3 extraits où la pornographie est dérangeante. Ce livre démontre la facette caché des stars, la luxure, la richesse, l'égoïsme, l'égocentrique, le mépris et tant d'autre.

Bref, un très bon livre que je conseille.
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Coldheart Canyon - A Hollywood Ghost Story
Traduction : Jean Esch

J'ai longuement hésité à lire Clive Barker en raison, justement, de sa réputation assez sado-masochiste. "Coldheart Canyon" lui-même, je l'ai croisé, il y a de cela deux ou trois ans, sur les présentoirs du rayon Fantastique, à la FNAC de Noisy et, bien que fortement tentée par la quatrième de couverture, je ne l'avais finalement pas acheté parce que j'avais peur d'être déçue. (Et puis, les couvertures étaient vraiment glaçantes et racoleuses ...)

Et puis, à la faveur d'une critique rencontrée sur un blog recommandé par notre ami Yvon, je me suis dit : "Pourquoi pas ? ..." Et j'ai foncé. Et je ne le regrette pas.

Dans ce livre, Barker ressemble aux auteurs que j'aime : il prend son temps pour asseoir son intrigue, il n'exégère pas dans le gore même s'il s'en sert parfois et il sait mener son récit sans que celui-ci s'essouffle. Oh ! il y a certainement quelques petites imperfections mais l'un dans l'autre, cela se tient. Or, jusqu'ici, parmi les auteurs fantastiques que j'ai lus, je n'ai rencontré ces qualités que chez Poe et Lovecraft (lesquels n'ont produit pour le premier aucun roman, pour le second que le très bref "L'Affaire Charles Dexter Ward"), Shirley Jackson (là encore, peu de romans : "Maison Hantée" et "Nous avons toujours habité le château", lequel est plus insolite que fantastique), Stephen King (sans commentaires :Wink), Graham Masterton bien sûr et, cerise sur le gâteau, Peter Straub. Rien que du beau monde, par conséquent. Mais Barker ne dépare pas parmi eux.

"Coldheart Canyon" est le nom d'une maison construite, dans les environs de Hollywood, par une star de cinéma muet d'origine roumaine : Katia Lupi. Maison somptueuse comme il se doit même si, lorsque Todd Pickett, un acteur en perte de vitesse qui vient de se faire faire un lifting, la prend en location, elle n'a plus été habitée depuis longtemps.

Un soir qu'il rumine des idées noires sur son avenir alors que son agent, Maxine, vient juste de le larguer en lui déclarant qu'il n'avait plus d'avenir cinématographique et que, de toutes façons, elle n'en peut plus de se battre pour lui, un soir donc, Todd fait la rencontre d'une séduisante jeune femme qui lui dit s'appeler Katia Lupi et vivre dans les dépendances de la propriété. Une idylle plutôt torride se noue très vite entre les deux personnages.

Pendant ce temps, Tammy Lauper, une quadragénaire souffrant de graves problèmes de poids et d'une vie sentimentale peu épanouissante, s'introduit dans la propriété. Tammy, qui est présidente du Fan-club de Tod, s'inquiète de la brusque disparition de ce dernier et elle est à la recherche de tout ce qui pourrait lui confirmer que son idole se porte comme un charme. Elle aussi va faire dans le parc une étrange rencontre, celle d'un vieil homme décharné qui lui dit s'appeler Willem Zeffer et être l'agent et secrétaire particulier de la propriétaire des lieux.

Mais bientôt, Tammy se voit attaquée par une bande de créatures monstrueuses, mi-spectres, mi-animaux, douées qui mieux est du sens de la parole ...

Ce n'est là qu'un bref apperçu de la richesse de ce roman édité en deux tomes de près de 400 pages chacun aux éditions J'Ai Lu Millénaire. On y retrouve en outre le thème des univers parallèles saupoudré d'une malédiction lancée non par Satan mais par son épouse, Lilith, le tout recouvrant une satire féroce de la société hollywoodienne qui devrait ravir les cinéphiles.

Certes, quelques petites imperfections peuvent être relevées çà et là : le fait par exemple que Katia qui, à un certain moment, fait tout pour sauver Todd de la Mort soit prête, dès le lendemain, à le poignarder parce qu'il s'oppose à ses volontés ; où encore la question que le lecteur se pose à la fin sur la disparition de tous les spectres qui hantaient la maison : oui, où ont-ils pu aller ? ...

La fin est aussi peut-être un peu "plaquée." Elle m'a fait songer à celle de "Ghost" - le film. Mais enfin, outre que cette vision des choses peut être vraiment celle de Clive Barker, peut-être celui-ci a-t-il voulu aussi se faire un petit plaisir en concoctant une happy end qui réconforte tout le monde.

Et puis, de toutes façons, rien n'est parfait en ce monde. Pour l'essentiel, "Coldheart Canyon" tient son lecteur en haleine tout au long de ses huit cents pages et c'est bien l'essentiel, non ? :o)

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On peut se lancer sans crainte dans la lecture de Coldheart Canyon, "le canyon du coeur froid", car le mélange des époques et les jeux de l'imagination y sont merveilleux. Ces jeux obéissent à certaines règles propres au genre fantastique : le thème de la maison hantée bien sûr, mais non par les fantômes habituels ; le mythe de la survivance obstinée du plus noir et du plus affreux passé jusque dans le présent le plus familier ; même la légende de l'acteur maudit, ou des acteurs, grâce à la transposition d'une fresque magique de la Transylvanie jusque dans la Californie contemporaine. Si le lecteur cherche une n° satire de Hollywood, ou toute autre chose déjà connue et rebattue, il aura tort de lire Barker : Barker sait reprendre les grands mythes, mais répugne aux banalités attendues. Il est trop baroque, trop inventif pour cela. Il sait reprendre les légendes fantastiques traditionnelles et les adapter très personnellement : telle est est la marque de son génie.
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Coldheart Canyon est une expérience dont on sort plus que secoué.
Clive Barker, auteur, scénariste, peintre...bref artiste accompli, et bien entendu maitre de l'horreur, nous ouvre une fenêtre dans un imaginaire baroque, extrême, érotique et sombre.
D'abord pensée comme une courte satire d'Hollywood, Coldheart Canyon devient une entité complexe, un univers à part entière. Clive Barker crée des personnages complexes, une mythologie imaginaire et un univers métaphorique.
Mais entrons un peu dans la maison de Colheart Canyon...
Comme introduction, nous sommes emmenés dans les années 1920, pour découvrir Katia Lupi, star montante du cinéma muet. C'est une beauté sans égal, mais ses excès et son caractère font d'elle une vamp. Son agent et amoureux transi, Willem Zeffer, l'accompagne en Roumanie, le pays de naissance de la star, et pour plaire à sa belle, achète une fresque titanesque dans la forteresse Goga, gardée par des moines. Cette céramique gigantesque représente une chasse du duc Goga.
Après des travaux herculéens pour ramener la fresque à Hollywood, elle est remontée à l'identique dans la demeure de la star : à Coldheart Canyon.
Voilà, la première pierre de ce conte macabre est posée.
Nous revenons ensuite à notre époque et nous faisons la connaissance de notre personnage principal : l'acteur Todd Picket. Après des déboires et un raté de chirurgie esthétique, il s'installe dans l'imposante demeure de Katia Lupi. Elle est à l'abandon depuis des lustres, mais elle offre l'isolement que cherche l'acteur.
Clive Barker prend son temps pour dépeindre son décor et décrire ses personnages. Il installe doucement une ambiance lourde, pesante, moite. Son écriture est telle, que le lecteur est entrainé dans cet univers qui bascule inéluctablement dans l'étrange. L'air devient malsain et nous découvrons les coins sombres du Canyon, l'hôte sans coeur qui est encore dans la maison, et les fantômes et autres créatures qui rôdent.
L'univers que crée Barker est un enlacement d'érotisme extrême, voire décadent, et d'horreur, de souffrance. Un monde digne du seigneur des ténèbres. Mais jamais l'auteur n'emploie le gore à mauvais escient. D'ailleurs les scènes horribles sont très peu nombreuses. Tout se joue dans l'ambiance générale. L'atmosphère puant que dégage le canyon suffit à mettre le lecteur mal à l'aise.

Le livre se découpe en plusieurs parties : L'histoire des fantômes et de Katia Lupi, la chasse, la lumière, et la vie après le Canyon. Et dans chaque, un personnage se dégage. Ses sentiments, son égo, sont mis à l'épreuve. Chaque fois le lecteur est surpris par les changements et la complexité des protagonistes. En fait on éprouve de l'empathie pour tous, même les "méchants".

A signaler tout de même que le livre ne doit pas tomber dans des mains innocentes ( interdit au - 18 ans ), car les scènes érotiques sont plus que détaillées. Je pense d'ailleurs que l'on devrait classer ce roman dans le sous genre Erotico-fantastique.

Et aussi que dans cette édition, le livre débute par une préface inédite.

Pour conclure, je vous conseille fortement ce chef d'oeuvre du brillantissime Clive Barker. Si vous ne connaissez pas l'oeuvre de cet homme, je vous invite à le découvrir ICI.
Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Bon. Je l'ai fini, en diagonale...
Je dois avouer qu'après l'excellent "Le royaume des devins" (dont le thème est, quelque part, à peu près le même, mais traité de façon géniale), je suis très déçue. Si j'ai vraiment adoré la critique sans fard du milieu hollywoodien, ironique et assez subtile jusqu'à la page 200 environ, j'ai trouvé toute la suite naze, basiquement racoleur, et trop revanchard. On sent la "vengeance" dans ce bouquin, franchement, et par moments c'est carrément l'hystérie (de l'auteur)(la personnalité et la mort du producteur Eppstadt en sont un menu exemple.)

L'histoire n'est pas originale en elle-même, si ce n'est le milieu social. C'est fouilli, ça part dans tous les sens, la centaine de pages de la fin est inutile.

De plus, je dois être bégueule, je sais pas trop, mais faire "baiser" de façon perverse les fantômes de stars connues du muet et des débuts du parlant (Rudolph Valentino, Ava Gardner, Garbo etc), personnellement, j'avoue que ça m'a choquée. Sans être fan de ces gens, je ne vois pas pourquoi C. Barker se permet de les "traiter" comme ça dans son bouquin ! Qu'est ce qu'ils lui ont fait ? J'aurais préféré qu'il invente tout de A à Z. Euh non en fait, j'aurais préféré ne pas être influencée par des critiques dithyrambiques sur ce bouquin quand je l'ai acheté.

Les personnages ne sont pas attachants. Pas même les censés être "sympathiques". Bref, j'ai vraiment pas aimé. Barker aurait mieux fait de s'en tenir à une critique du milieu du cinéma courte et intelligente, au lieu de se fourvoyer dans ce pastiche assez minable et interminable, en plus...

Dans le même registre, sur le même thème, il vaut mieux lire l'excellentissime "La maison des damnés" de Matheson, non mais sans blague.
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Les auteurs de littérature d'horreur sont légion. le milieu regorge d'écrivains talentueux et l'amateur de frissons n'a que l'embarras du choix. Koontz, Campbell, Rice et bien sur l'homme qui nous intéresse Clive Barker font partie de cette génération qui a marqué son monde, chacun avec leur genre et leur imagination débridée (je ne cite volontairement pas Stephen King, référence absolue et mondialement (re)connue).



Mais venons-en à Barker.
Artiste avec un grand A, ce Monsieur au CV long comme le bras, est un exemple de productivité et de créativité, peintre, réalisateur, scénariste et écrivain, ce couteau suisse artistique n'a désormais plus rien à prouver à personne. Il est l'auteur des Livres de Sang, référence en matière de nouvelles horrifiques, et de plusieurs films dont Cabale, adaptation cinématographique d'un de ses romans qui a inspiré un certain Cradle Of Filth pour son album Midian, et entre nous, qui n'a jamais entendu parler des Cénobites et de Pinhead ? Quel amateur d'horreur n'a jamais vu Hellraiser qui a largement terrorisé les mioches comme moi, à l'époque avec son esthétique sado-maso, son ambiance morbide et ses décors gothiques ?
Mais point de chronique cinéma ou musicale pour cette fois, c'est aujourd'hui du Clive Barker écrivain dont nous allons parler et plus particulièrement de son roman Coldheart Canyon.

Quelques mois à peine après avoir refermé le Royaume des Devins, pavé onirique d'une beauté parfois noir, c'est les pages de Coldheart Canyon que j'ai hardiment parcourues pour vous pondre cette chronique. Avec le Royaume des Devins, Barker nous prouvait l'étendue de son savoir-faire en nous proposant un récit fouillé à l'intrigue complexe se déroulant à cheval dans notre monde et dans un monde imaginaire sortant tout droit d'un tapis enchanté (je vous l'accorde présenté comme ça, ce n'est pas terrible), toujours est-il que l'auteur s'engouffra avec ce livre dans les contrées de la littérature fantaisiste, chose qu'il continuera avec des oeuvres comme Imajica qui, cette fois-ci, s'adressera à un public plus jeune.
Alors je vous vois venir, vous vous demandez pourquoi diable je vous parle du Royaume des Devins, un livre de fantasy, alors que le sujet du jour est Coldheart Canyon un roman bien ancré dans la veine horrifique? Et bien simplement pour appuyer le fait que Barker est un véritable caméléon et que son talent ne se limite pas à un seul genre.



Coldheart Canyon

D'entrée, le décor est planté. La Roumanie dans les années 20, une forteresse sombre gardée par des moines, un secret ésotérique qui les ronge et deux mystérieux étrangers venus fourrer leur nez dans leurs affaires, la formule classique pour bien démarrer puis changement de décor, Hollywood de nos jours. Todd Picket, star de cinéma sur le déclin décide de passer le cap de la chirurgie esthétique pour relancer sa carrière, mais cette expérience le laissera défiguré. Devant fuir les médias et le feu des projecteurs, son agent lui dégotte une paisible petite bicoque qui finalement se révélera être un véritable calvaire.

Voilà le bref résumé (histoire de ne pas trop en dévoiler) de Coldheart Canyon. Comme d'habitude chez l'auteur, le texte est fluide, et ne se prend pas la tête avec d'infatigables figures de style, non, tout est fait pour une immersion totale et rapide. Les premières parties défilent à une allure folle sans pour autant être bâclées, Barker veut en venir au fait rapidement pour laisser encore plus de place à l'intrigue et à ses fameuses scènes chocs dont lui seul a le secret, tout en prenant soin d'introduire correctement son personnage principal. Non content d'en mettre une bonne couche dans la tronche du système hollywoodien, Barker tisse au fil de l'histoire une ambiance de plus en plus sombre qui dérivera (forcement) sur le fantastique.

C'est alors que le récit prend la tournure qui a rendu Barker célèbre dans ce style. Des scènes orgiaques aux détails les plus crus (frôlant parfois la pornographie), aux monstres ignobles qui peuplent l'aventure, tout dans ce livre est là pour mettre le lecteur mal à l'aise tout en lui donnant l'envie d'aller encore plus loin pour satisfaire sa curiosité malsaine. La rencontre des deux héroïnes donne un nouveau souffle au récit et aborde de nouveaux thèmes, l'ésotérisme et le sexe faisant leur apparition pour un mélange détonnant. Alors oui, l'auteur parle de sexe (ce n'est pas une nouveauté chez Barker) et de pratiques sexuelles peu courantes (quoi que), mais pas de quoi crier au loup ni d'être choqué outre mesure, cela aide simplement à cerner un peu plus les personnages.

Cependant, malgré la virtuosité avec laquelle Clive Barker mène (ou malmène) ses personnages, le roman n'est pas exempt de tout reproche. Arrivé à la fin du livre, certain événement pourrait paraître vite traités, comme si l'auteur avait décidé de simplement de l'inclure sans vraiment trop savoir comment les faire terminer. Aux dires de Barker, Coldheart Canyon a été un texte difficile à apprivoiser et a été le fruit de beaucoup de modifications. Ce qui devait sûrement être une critique envers Hollywood à la base se transforme en un roman fantastique mélangeant les deux genres, d'où l'impression d'une fin abrupte de la partie fantastique.
Le deuxième point négatif concerne le côté critique de Barker. Comme je le disais précédemment, celui –ci ayant connu quelques déboires avec des sociétés de productions au niveau de ses films, l'Anglais déverse une critique acerbe et sans concession qui sent tout de même une certaine rancoeur et un certain dégoût pour la sphère cinématographique. Bien sûr, Barker ne se contente pas de vomir sa bile gratuitement, mais les sentiments cachés derrière tout ça se révèlent clairement quand on connaît l'histoire du bonhomme.

Pour l'amateur du genre, je dirais simplement que tout est là. Un roman sombre et torturé, mené tambour battant par plusieurs personnages tous aussi travaillés les uns que les autres, des scènes chaudes comme la braise, de l'ésotérisme, enfin le genre de formule classique qui fait mouche à chaque fois. Je déconseille toutefois ce livre aux personnes sensibles, mais pour les autres, amateurs de sensations fortes, un conseil, n'attendez plus et jetez-vous sur ce Coldheart Canyon !
Zoskia


Lien : http://www.acheron-webzine.c..
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Ici nous suivons les aventures de Todd Pickett qui se voit obliger de partir se terrer dans le Canyon sous peine de subir les moqueries d'Hollywood. Une seule personne trouvera cela bizarre : sa fan absolu numéro 1 : Tammy. Va t'elle réussir à le sortir des griffes sexuelles de Katya Lupi?
Le roman se déroule en plusieurs parties, chacune se finissant. On ressent le fait qu'à la base Barker voulait faire un livre beaucoup plus court mais que les choses ont pris de l'ampleur. Et ce n'est pas un mal du tout! A chaque fin de partie je me disais : "mais comment peut il en encore trouver autre chose à raconter" et à chaque fois je me faisais surprendre dans le bon sens du terme. L'histoire ne s'arrête pas avant la dernière ligne. L'épilogue est lui-même composé de chapitres! C'est la première fois que je voyais ça.
Clive Barker est à l'horreur ce que Tolkien est à la fantasy : un classique. Mais tout le monde n'adhère pas à Barker. Car l'univers de Barker c'est du sexe comme jouissance et comme souffrance. C'est du sexe dans l'horreur et de l'horreur dans le sexe. C'est Stephen King version interdit au moins de 18 ans. Et qui mieux que Barker pouvait écrire un livre sur la dépravation à Hollywood : monde qu'il connait bien car il est aussi réalisateur (notamment Hellraiser). En prenant des noms de stars existantes (vous pouvez croiser Rudolph Valentino ou encore Sigourney Weaver au détour du livre), Barker ancre son livre dans la réalité. On se dit : c'est comme ça que ça se passe à Hollywood. Tout est du paraître. On peut croire n'importe quoi et on veut croire n'importe quoi du moment qu'on reste sur le devant de la scène. Pour réussir son livre Barker a prit le partie de nous proposer quatre voix : celle de Todd Pickett star sur le déclin qui s'accroche à la gloire, Maxine son agent qui fait passer l'image de son client avant son bien être, Katya Lupi star des années 20 témoin d'un Hollywood encore plus dégradant que l'actuel, et Tammy. Tammy est la véritable héroine. C'est elle qui porte un regard honnête sur la situation. Elle est l'extérieur d'Hollywood. Elle est la spectatrice qui connait Hollywood à travers les magazines et les films. Et là elle se trouve au coeur de l'action, derrière les paillettes. Qui n'a ressenti une déception au moment de rencontrer sa star préféré?
En bref j'ai dévoré ce livre. Une satyre hollywoodienne sans concession aucune, sans complaisance. Barker réussit là où n'importe qui aurait échoué. Un grand bravo. Je me demande ce que cela donnerait en film ...

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