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EAN : 9782940632510
Balland (20/08/2020)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Paris, 1992. Hippolyte Ploemeur, jeune membre du Conseil d'État, se rend à une conférence de politique internationale. Il y rencontre Wendy Malone, une Américaine travaillant dans l'import-export, trop âgée à son goût. Elle cherche à le revoir. Hippolyte pense qu'elle est amoureuse de lui et se demande de quelle façon il va l'éconduire.
Mais Wendy se révèle ne pas être celle qu’elle prétend et avoir d’autres intentions. Hippolyte est peu à peu entraîné dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Marine Baron met en scène Hippolyte Ploemeur, 31 ans, membre du Conseil d'État, enseignant aussi à Sciences Po. Elle brosse de lui un portrait physique très détaillé. Elle dévoile ses goûts, ses habitudes : aller lire le journal le matin au Nemours, sa propension à se lever tard, à « chérir les soirées » , son besoin d'être accompagné . Avec son talent imparable pour aborder et séduire une femme, il devait jongler avec ses maîtresses ! Pour lui, « les femmes étaient des distractions... ». Son coeur penche pour Bérénice, cette jeune étudiante en droit qu'il a séduite par sa maladresse ! Laissons découvrir laquelle.
Tout aussi gauche envers lui-même, quand il renverse du café sur les documents à étudier ! Occasion pour dénoncer le jargon administratif ponctué de «  la formule récurrente considérant que », tous ces termes abscons de la langue du droit.

Il est certes bardé de diplômes, passé par l'ENA, féru de lectures mais l'autoportrait qu'il se plaît à dresser auprès des femmes est peu complaisant.
Mérite-t-il Bérénice qui, lui offre «  son temps, sa confiance et son attention » ?

Hippolyte fréquente les bars à la mode, de grands restaurants, accepte les invitations à des cocktails, lieu idéal pour son marivaudage. Au club l'Aventure il fait la connaissance de Christiano Tamyres, homme d'affaires aux activités fumeuses, qui lui présente son ex, Wendy Malone. Celle-ci lui ayant remis sa carte de visite, il prend contact et la retrouve au Grand Véfour, lieu mythique où, jadis, des sommités ( Victor Hugo...)venaient aussi déjeuner. Un endroit somptueux, intimidant, aux « innombrables peintures, au plafond chargé de dorures... ».
Sa relation avec cette agent Américaine , «  femme finissante » est des plus complexes. Que penser des cadeaux de luxe qu'elle lui remet ?
Le mystère plane sur le travail qu'elle lui a confié. Leur ultime rencontre, cette fois chez elle, « une demeure capharnaüm » est chargée d'émotion.

On s'interroge aussi sur les rencontres d'Hippolyte avec un inconnu qui laisse des messages sur son répondeur, lui fixe des rendez-vous . Au coeur de sa mission : les futures négociations des accords commerciaux du GATT afin de ne pas se laisser «  avaler par l'empire hollywoodien » et pour conserver son exception culturelle. Action située en 1993.

S'il est paresseux, il est néanmoins ambitieux. Ne rêve-t-il pas d'un poste de prestige, tant il est fasciné par le pouvoir ? Quand il est nommé conseiller du Premier Ministre à Matignon, il est ébloui par le décor «  irréel, lieu étrange, exigu et luxueux ».
Tout bascule quand il se trouve convoqué à la DST, le suspense naît. Serait-il un espion, un traître ? Une enquête est diligentée, il insiste pour être entendu. Que lui reproche-t-on donc ? Ce qu'il ignore c'est qu'il a été pris en filature... Comment s'en sortira-t-il ? C'est dans l'épilogue que tout s'éclaire, que l'on comprend pourquoi il fut la personne idéale pour devenir « an American breakfast », « un gros poisson » !

Gros plan sur la presse pas en reste pour relayer les scandales dont l'affaire des agents de la CIA (du Figaro au Canard enchaîné), pointant « les formules vagues des journalistes pour désigner leurs sources ». Rebondissements qui tiennent en haleine !

Ce qui frappe dans ce roman, ce sont les comparaisons percutantes, certaines gourmandes :« la façade qui en plein soleil a une douceur de mie de brioche, de gâteau de semoule, de cannelé bordelais », d'autres poétiques : « tenant la tasse qui tremblait comme un pétale de primevère au vent du matin »,fleuries : «  les fauteuils rouge vif ressemblaient à des coquelicots criards », ou encore suggestives : «Il fixait le téléphone noir comme s'il ce fût agi d'un serpent sur le point d'attaquer. » Et même empreinte de grâce avec ce couple«  glissant sur les pavés comme des cygnes sur un lac » !
En filigrane, on devine l'écrivaine qui a des attaches en Bretagne et choisit comme patronyme pour son personnage principal le nom d'une ville bretonne : Ploemeur,

On peut subodorer que la pléthore de livres cités font partie de sa bibliothèque, et qu'elle fréquente la librairie Delamain, lieu de référence pour beaucoup d'auteurs.
On devine son parcours par sa connaissance des grandes écoles et concours : «  ceux qui réussissaient étaient ceux qui travaillaient sans en faire étalage. »

Autre intérêt commun avec son protagoniste : l'art. Cette statue en bronze de Rodin, «  Fugit Amor », décrite avec précision prend un sens métaphorique. Ne symbolise- t-elle pas une chute ? L' auteure évoque aussi les tableaux de Boucher, Matisse, Ingres.
La romancière pratique le zeugma : «  Il engloutit les assiettes et la conversation »,
figure de style dont Jérôme Garcin est friand. Elle s'avère être un nez, distillant des odeurs variées, enivrantes, celles des parfums de femmes qui obsèdent ce séducteur invétéré : «  de pain d'épices, de sous-bois, d'oeillets fraîchement cueillis, oriental », « de bergamote poivrée », «  odeur de guimauve » d'une eau de toilette, mais aussi parfum d'homme, auxquels se mêle « l'odeur agréable de cire d'abeille du parquet ».
Bien différent du «  parfum de soufre des espions » perçu par Hippolyte !

On retrouve dans ce roman le talent de portraitiste que Marine Baron avait déjà dévoilé dans ses livres précédents , à savoir sa biographie d'Ingrid Bergman le feu sous la glace et son autobiographie Lieutenante, être femme dans l'armée française.
Les tenues vestimentaires, les bijoux portés sont détaillés avec minutie et c'est aussi avec une extrême précision qu'elle décrit les lieux où évoluent, vivent, se rencontrent ses personnages.
Connue pour ses chroniques, articles, reportages pour divers journaux, ses essais, Marine Baron signe un premier roman prometteur qui nous immerge dans les coulisses et les arcanes de la politique et de l'espionnage, par le prisme d'un trentenaire ambitieux,agent double romanesque, aspirant aux sphères du pouvoir.

Anagramme de Perry-Salkow sur le titre La Couverture :Voleur, acteur, dans LIRE le Magazine littéraire. Octobre 2020 .


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Pourquoi tant de mots pour si peu... Des phrases interminables pour donner un semblant de consistance à un héros narcissique, imbu de lui-même, rêveur aux pieds d'argile. Trop de mots, si peu d'histoire. Un style empesé, vieille France, empreint de l'éclat des panneaux lambrissés de salons bourgeois et de cabinets suintant la tradition. Mon premier mauvais choix de l'année. J'ai mis un point d'honneur à lire avec impatience cent trente pages si courtes en nombre, si longues à parcourir. Désolé d'être si amer. Je rends à l'auteur une phrase de Shakespeare citée p.110 : Mieux vaut mourir incompris que de passer sa vie à s'expliquer.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Hippolyte était sur ses gardes. Il devenait peu à peu paranoïaque, à la manière de ces vieux espions à la retraite qui, une fois débarrassés de l'adrénaline, des secrets lourds et dangereux dont on ressent les pulsations de l'échine aux tempes, ressassent encore les peurs et les menaces du passé qui, si elles les torturaient jusqu'à l'âme et les privaient de toute existence paisible, dans une douleur infinie, dans cette servitude affranchie de toute contrainte, cette angoisse haletante, les avaient fait se sentir vivre plus fort que tout.
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Il y a, du moins pour les profanes, des endroits dont les décors somptueux intimident, auxquels il faut se préparer, parce que chaque apparition humaine y semble plus importante qu'ailleurs.Et les innombrables peintures du Grand Véfour, son plafond chargé à l'extrême de dorures, de lustres et de teintes ocre invitaient à ce genre d'apprêt. Certains de ceux qui venaient déjeuner là se prenaient un peu pour les illustres personnages qui, jadis, en avaient fait de même: Victor Hugo, Joséphine de Beauharnais et, bien sûr, le Général Bonaparte en personne. Quiconque était invité ici pour la première fois se sentait élu, choyé.
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On a beau dire que la vie politique est laide et décevante, elle rythme la vie de chacun dans les moments d'ennui, et Hippolyte savaient que ceux qui la critiquent ou la détestent existent bien souvent à travers elle, qu'ils la désirent, qu'ils rêveraient d'en être les acteurs. Il savait qu'il recevrait des coups, mais il s'y sentait préparé, il avait l'espoir de celui qui vient de triompher, il se sentait important, approuvé, choisi.
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Hippolyte ne se souvenait jamais des choses qui la touchaient. Elle-même était douée d'une mémoire fine et imparable. Pour Bérénice, la mémoire était le langage insaisissable de tous les affects. Cela tombait sous le sens: apprendre par coeur n'était pas seulement l'affaire de la tête. Elle se disait souvent qu'on retient que ce qu'on veut s'attacher, et que dans la mémoire, au fond il n'y a
pas grand chose à part une forme ténue, primaire, atrophiée de l'amour.
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Bérénice était toujours assise et lisait. Rien ne pouvait l'arracher aux lignes noires qui se déployaient sur les pages emplissaient ses yeux et sa tête, ni le bleu du ciel,ni l'eau verte de la Seine. Hippolyte s'était levé doucement et avait couru chez Berthillon acheter une belle glace en cornet à la pistache, de ce vert tendre et artificiel qui fait si bien deviner cette exquise saveur traînante, presque savonneuse du fruit. Il s'était assis de nouveau, reprenant exactement sa place et avait approché le cornet du visage de Bérénice, avec une précaution maladroite et une émotion d'enfant. Elle avait eu un mouvement de recul, très doux, elle avait eu un sourire tendre et moqueur.
Ce sourire avait tout renversé: la main d'Hippolyte avait tremblé de frayeur, l'énorme boule de glace verte était tombée sur la robe de toile
crème, tachant d'un coup le tissu d'une traînée grasse et poisseuse.

Hippolyte sursauta devant sa propre maladresse, la tache, le gâchis horrible de sa délicatesse longtemps étudiée, anéantie en un clin d'oeil...
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Lieutenante, Etre femme dans l’armée française" de Marine Baron
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