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Suivant le milieu d'où nous venons, l'éducation que nous avons reçue ou bien le pays et la religion dans lesquels nous naissons, être femme n'aura pas la même signification. D'ailleurs, naissons-nous femmes ou le devenons-nous ? La question de Simone de Beauvoir à laquelle nous n'en finissons pas de répondre... Nous le devenons, la plupart du temps. Sans parler de construction de soi, chacune se débrouille du mieux qu'elle peut avec ce qui lui a été donnée, à vivre et à espérer…

Lauren Bastide nous livre là la retranscription des entretiens de son podcast, La Poudre. Personnellement, je n'en avais écouté aucun avant de les lire. Je compte bien me rattraper rapidement. le principe est simple : « Deux fois par mois au micro de Lauren Bastide écrivain·e·s, artistes, chercheur·e·s et militant·e·s se racontent et prennent le pouls des luttes féministes et antiracistes contemporaines. Un épisode un jeudi sur deux. »

Dit comme cela, ça pourrait presque paraître anecdotique. Mais Lauren Bastide ne fait pas que donner la parole à des femmes, elle nous offre des parcours, des expériences, des vies féminines qui sont autant de modèles, de moteurs, d'espoir pour nous toutes.

J'ai pris mon temps pour la lire, cette poudre, avec en fond sonore les créations musicales des unes, la lecture d'extraits des livres des autres avec cette impression d'évoluer au sein de ce qui a généré toutes ces créations…

Merci aux éditions Marabout et à Babelio pour l'envoi de ce livre, dont j'attends la publication du tome 2 avec impatience !
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Ce que j'ai ressenti:

La poudre, cela peut être beaucoup de choses…On le voit bien avec cette série d'entretiens menés par Lauren Bastide. Les réponses sont variées, intéressantes, surprenantes…Et si l'on m'aurait posé cette question, j'aurai immédiatement pensé à la poudre de fées. Or, maintenant je sais, que La Poudre, c'est de l'engagement, de l' « empouvoirement », un espace qui fait vibrer les voix…Un espace pour les femmes, dans lequel elles sont libres de parler, défendre, argumenter, se remémorer, donner de l'élan, expliquer, faire connaître…Un espace qu'elles peuvent incarner. Un espace où chacune peuvent se répondre, s'exprimer avec liberté. Et comme par magie, nous tenons entre nos mains, l'archivage de toutes ces voix féminines qui font écho dans le monde, que ce soit en musique ou en littérature, en politique ou dans l'intimité, elles contribuent à faire changer les mentalités en empruntant des voies différentes…Prodigieuse, La Poudre. J'ai été éblouie par cette féminité. Chacune à leur manière, ces artistes sont fascinantes, inspirantes, admirables…

Avec cette série d'entretiens, on aborde des thèmes très forts comme la maternité, l'intimité, l'Art, le féminisme. Mais pas seulement. On y voit toutes les formes de passions et de persévérances, le pouvoir du désir et de la fragilité, l'écho des tabous, les appels sombres, la question du genre, les nouvelles formes de sororité, les futures libertés à conquérir…Autant de sujets passionnants qu'on retrouve dans leurs parcours par la force des choses ou par conviction profonde. Et Elles le retransmettent dans leurs voix et leurs écrits, au quotidien ou sur les scènes publiques…Des combats engagés qu'il est utile de faire valoir. Et en leur prêtant le micro, pendant ces podcasts, Lauren Bastide leur rend un hommage puissant. Un acte qui compte. Un acte qui marque les esprits. Un acte de sorority. Alors vive La Poudre!

Tous ses entretiens m'ont permis d'apprendre. D'en apprendre plus sur les artistes que j'admire. D'en apprendre plus sur le mouvement féministe. D'en apprendre plus sur l'Art. D'en apprendre plus sur la féminité. D'en apprendre plus sur les revendications de l'histoire des droits de la femme. D'apprendre de nouveaux mots, de nouveaux concepts, des nouvelles thématiques…En somme, La Poudre, c'est bel et bien magique! Je vous recommande vivement ce premier tome! Je suis déjà impatiente de lire les prochains entretiens…Je suis admirative de cette belle initiative de Lauren Bastide et je lui souhaite de pouvoir encore longtemps faire entendre les voix du féminin. C'était passionnant, édifiant et divinement poudré à souhait…J'ai fait rentrer de la Poudre dans ma vie, et j'ai à coeur de la disperser aux quatre vents et à qui voudra l'entendre, que ce livre est un indispensable!


Ma note Plaisir de Lecture 10/10

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Marabout pour leur confiance et l'envoi de ce livre.
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Dans ce premier tome sont regroupés les entretiens que Lauren Bastide a eus avec des musiciennes ou écrivaines de 2016 à 2020 tournant autour du parcours de chacune, de leur enfance à leur vie de femmes et d'artistes, de ce qui les a construit mais également ce qu'il leur a fallu d'énergie pour arriver où elles en sont.

A l'origine il y avait des podcasts, que je ne connaissais pas, mais Lauren Bastide a souhaité que ceux-ci soient imprimés en un ouvrage très féminin, autant dans son aspect que dans son contenu, pour que les mots de toutes ces figures montantes et marquantes actuelles se concrétisent et demeurent, car ils sont le reflet souvent de combats pour être femme ou le devenir (sic Simone de Beauvoir), pour légitimiser ou trouver leurs places par leurs écrits, leurs créations. A chaque rencontre une personnalité, des nationalités, des enfances et de milieux différents, chacune se livre sans fard, dans l'intimité, le plus souvent, d'une chambre d'hôtel et cette intimité installée permet à Lauren Bastide de créer un climat de confiance, de proximité mais également une écoute dans leurs échanges.

Les questions s'enchaînent, les personnalités se dévoilent, loin parfois des interviews conventionnels, peut-être grâce au rapport femme-femme, avec des questions communes à chaque interview comme la chambre à soi, la petite fille qu'elles étaient, quelle mère elles avaient, leur lien à leur utérus et ce qu'évoque la poudre pour elle mais également des enchaînements par rapport à leurs parcours, la parole se libère. Il est question de féminité, de féminisme, mais aussi de la place de chacune, dans leur couple, dans leur rôle de mère ou d'artistes et d'identités. Je n'ai pas eu le sentiment de voyeurisme, ni d'agressivité mais de témoignages de femmes de leur temps, de notre époque, avec les combats encore menés ou à mener pour devenir et être.

Il n'y a pas un féminisme mais des féminismes ou tout du moins de concevoir le féminisme et ce recueil d'entretiens permet de voir le chemin parcouru ou restant à parcourir et, pour elles, il a été parfois plus ou moins laborieux, il a demandé de la volonté, du courage, du temps et elles font encore preuve de vigilance.

Les femmes prennent la parole, elles se dévoilent et sous une couverture poudrée il y a d'autres poudres qu'elles font parler. Des mots sans maquillage, des mots à l'image de ces femmes : volontaires, forts, puissants, avec ce qu'il faut d'auto-dérision parfois, sans complaisance. Elles assument. Elles sont.

Je les ai lus avec intérêt, même si ceux concernant les écrivaines m'ont plus intéressée parce que liés à ma passion de la lecture  mais je dois avouer que certaines musiciennes m'ont parfois interpellée par leur univers, parfois très loin du mien et c'est ce qui est intéressant justement, c'est la variété culturelle et les sensibilités différentes de toutes ces femmes. 

Je les ai lu par petites séquences, comme une rencontre, doucement, écoutant ce qu'elles avaient à dire, m'attachant à leurs confidences et c'est un podcast que j'ai rajouté à mon téléphone car je viendrai de temps en temps écouter ce qu'elles ont à partager.

Deux autres tomes sont prévus : le deuxième sera consacré aux femmes du cinéma et le dernier les femmes politiques et/ou militantes.

J'ai aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Le podcast La poudre est un phénomène depuis 2016. Je dois avouer sans détour que je ne consomme pas de podcasts. Je suis incapable d'écouter en ne faisant rien d'autre... et si je fais autre chose, je ne me concentre pas sur ce que j'écoute. Bref, pouvoir lire ces entretiens au lieu de les écouter, c'était parfait pour moi !

Aux questions – toujours les mêmes – de Lauren Bastide, les femmes interrogées parlent vrai, direct et franchement. Elles évoquent leurs mères, leurs soeurs, leurs modèles et racontent comment elles sont devenues femmes. Certaines se sont déconstruites pour se libérer et s'approprier leur genre.

Sans tabou, sans concession, sans fausse pudeur et surtout sans demander pardon, ces artistes abordent de nombreux sujets directement liés à la condition féminine. le sexisme, le genre, l'excision, l'endométriose, la charge mentale, l'égalité professionnelle, l'intersectionnalité ou encore la maternité.

Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses ou de formule magique dans ces entretiens. Pas de voie à suivre ou à éviter. Juste des paroles de femmes qu'il faut prendre le temps de recevoir pour ce qu'elles sont : fortes, sincères et vraies. « À l'origine, ce podcast, je l'ai conçu pour ça : pour faire place aux voix des femmes. [...] Pour compenser l'invisibilité dans laquelle nos histoires sont plongées et lutter, à ma mesure, contre leur silenciation. [...] J'ai créé La Poudre pour qu'on écoute et qu'on croie les femmes. » (p. 7)

Il y a bien des femmes auxquelles j'ai pensé en lisant ce livre. Des amies, des soeurs, qui m'inspirent et me donnent envie de me dépasser pour être au moins à leur hauteur. En essayant de n'en oublier aucune, voici leurs prénoms. C'est ma façon à moi de leur manifester ma reconnaissance d'accompagner ma route, d'être si bienveillantes envers moi. Ludivine, Sophie, Marine, Mathilde, Katia, Fabienne, Marion, Nathalie, Lydia, Sandy, Alix, Aurélie, Marie-Laure, Gwenaëlle, Stéphanie, Audrey, Laurence, Judith.
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En 2016 Lauren Bastide lance un podcast militant et parfois explosif : La poudre. le principe : y recevoir 2 fois par mois des femmes et uniquement des femmes (bon il y a une exception), auteures, chanteuses, journalistes, militantes. Diffusé un jeudi sur deux l'émission devient rapidement une référence.

Les Editions Marabout publient à partir de ce mois de janvier 2021 une sélection de ces entretiens. Sans avoir suivi le podcast régulièrement j'ai déjà eu plaisir à écouter certaines émissions, comme celles de Deborah Lukumuena, Mona Chollet, Mazarine Pingeot ou Cécile Duflot. C'est donc avec plaisir que j'ai accepté de lire le tome 1 dans le cadre d'une Masse Critique Privilège.

Ce premier volume est consacré aux écrivaines et aux musiciennes. 25 entretiens parmi lesquels Mona Chollet (dons j'ai beaucoup aimé « Sorcières, le pouvoir invaincu des femmes), Delphine Horvilleur (une des trois rabines de France, dont les propos sont empreints de tolérance et de sagesse), Aloïse Sauvage, Alice Zeniter (qui m'a touchée avec « L'art de perdre ») ou Dali Misha Touré (écrivaine et entrepreneuse).

En ce qui me concerne mon cerveau a tendance à facilement se laisser envahir par des pensées vagabondes. J'apprécie les podcasts, notamment lorsque je conduis. le fait de retrouver ces entretiens dans un livre permet, me semble-t-il de les (re)découvrir dans un environ plus propice à la concentration. Cela permet aussi de passer plus de temps sur un passage, ou d'y revenir. On n'en perd pas pour autant l'aspect intimiste de l'émission de radio. Les retranscriptions rendent bien la profondeur et l'intimité de ces conversations. Il est aussi intéressant de prendre une des questions récurrentes et de lire les réponses de chacune des personnalités l'une après l'autre, faisant ainsi encore plus ressortir les singularités, les interrogations.

Outre le fait de nous permettre de découvrir le parcours de ces femmes, ce podcast et ce premier volume donnent à voir l'état du militantisme et des luttes pour la cause féminine, contre le racisme et contre l'homophobie. On y parle librement du corps, de la relation hommes-femme, de la maternité, de ce que c'est qu'être femme aujourd'hui, de comment on naît ou on devient femme. Des échanges qui ouvrent l'esprit, que l'on partage ou non les points de vue exprimés.

Deux entretiens m'ont particulièrement touchée, celui de Delphine Horvilleur, l'une des trois rabines exerçant en France, et celui de Paul B. Préciado, le seul homme invité par Lauren Bastide.

Merci à Babelio et aux Editions Marabout qui m'ont permis de lire ce livre dans le cadre d'un Masse Critique Privilège.
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Je n'ai pas l'habitude d'écouter des podcast et je le regrette un peu car je me rends souvent compte que je rate ainsi des contenus passionnants.
Il m'arrive bien parfois de prendre le temps d'en écouter un, quand on me l'a vanté, quand mes mains sont occupées par une tâche barbante et ne nécessitant pas une concentration folle, mais tout cela reste très ponctuel et entre les livres, les films et la musique… les podcasts passent vite à la trappe.

Je ne connaissais donc ni Lauren Bastide ni "La Poudre" quand Babelio m'a proposé de participer à cette masse critique privilégiée. Renseignements pris, j'ai tenté ma chance et bien m'en a pris.
Je remercie donc bien chaleureusement Babelio et Marabout pour cette découverte inattendue mais positive.

"La Poudre" est donc le podcast phare de Lauren Bastide, journaliste et diplômée en sciences politiques et études de genre, un podcast dans lequel elle reçoit des femmes inspirantes, féministes avec lesquelles elle parle construction et déconstruction, art et création, féminisme et politique, féminité, identité et engagement.
La journaliste y fait toute la place à la voix des femmes trop longtemps bridée et compense par ces entretiens très riches, approfondis l'invisibilité et le mutisme qui ont été les siens pendant des années.

Fortes du succès de "La Poudre", les éditions Marabout et Lauren Bastide ont entrepris de retranscrire les interviews du podcast par écrit, ce qui donne ce bel ouvrage à la couverture sobre qui constitue le volume inaugural de ce qui prendra la forme d'une trilogie.
Ainsi le tome 1 que j'ai eu la chance de recevoir reprend les interviews des écrivain.es et des musiciennes: vingt-six personnalités qui répondent aux questions à la fois pointues et pertinentes de l'intervieweuse devenue auteur, vingt-six personnalités diverses et variées, de Hollysiz à Delphine Horvilleur, de Aurélie Saada à Alice Zenitzer, de Pénélope Bagieu à Mona Chollet ou Juliette Armanet...

L'avantage de la compilation écrite sur l'interview est qu'elle permet à toutes ces interventions de se mettre en lumière les unes les autres, de se compléter, de s'opposer aussi plus facilement que si elles étaient écoutées les unes à la suite des autres. C'est donc d'autant plus enrichissant et inspirant. J'ai par exemple pris le parti dans un premier temps de prendre une ou deux questions et d'en lire les réponses de chaque interviewée par curiosité, pour comparer, pour les confronter et pour confronter ces réponses à mon vécu, mon mode pensée, mon opinion.
Ensuite, j'ai lu les entretiens par artiste. Pour être honnête, j'imaginais que ce format serait assez indigeste et même fastidieux et je m'étais promis de parcourir le livre au petit bonheur la chance, d'en lire un chapitre de ci, de là. Or, c'est beaucoup plus fluide qu'on pourrait le croire en fin de compte; un entretien mène à un autre et on se retrouve à avoir lu l'ouvrage beaucoup plus vite que prévu.

Au delà de l'aspect féministe et engagé de l'ouvrage, j'ai été également passionnée par tout ce qui concerne la création et la dimension artistique pour ces femmes, artistes avant tout. J'ai aimé la mise en relation entre construction, identité, notion de limites ou de liberté et créativité.

Je sors enrichie de cet ouvrage d'utilité publique dont je n'attendais rien, sans réponses particulières mais pleine de nouvelles questions et réflexions.
J'en sors aussi confirmée dans mon envie de m'engager et ma certitude que le féminisme est une bataille nécessaire.
J'en sors enfin pleine d'idées et pleine d'admiration pour toutes ces femmes qui tout en étant toutes des féministes convaincues et engagées demeurent aussi très différentes les unes des autres, nous offrant au passage leur incroyable diversité, leur singularité -il n'y a pas une femme et une seule manière d'en être une, il y en a des millions et toutes sont légitimes- et qui en tant que femmes et en tant qu'humaines aussi demeurent incroyablement inspirantes et courageuses. Chacune à leur manière.


Et puis, dans ce monde sans espoir, elles ont réussi à me donner l'illusion qu'un jour il sera plus juste et équitable pour les femmes en particulier et l'humain en général; et l'envie -plus que jamais- de me battre pour moi et pour toutes les filles à naître, les femmes en devenir et toutes les autres, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient, quels que soient leurs rêves, leurs aspirations ou leurs envies.
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Une des questions rituelles qui ponctue (et termine en fait) chacune des interviews de ces 25 artistes c'est « qu'est-ce que ça évoque pour vous la poudre ? » ; alors en toute modestie et pour décrire ce livre magnifique je vais moi aussi m'y plier !

La poudre c'est :

« Ni poudre d'escampette ni poudre aux yeux »

Lorsque je me suis vu proposer le livre « la poudre » dans le cadre d'une masse critique privilégiée de Babelio, je ne connaissais Lauren Bastide que pas ses articles parus dans ELLE il y a déjà quelque temps et étais tombée par hasard un jour sur le podcast avec Pénélope Bagieu, mais sa démarche et le panel d'interviewées m'ont d'emblée intéressée. Je m'apprêtais à faire comme d'habitude avec un recueil d'interviews et à picorer ça et là au gré de l'actualité littéraire et musicale du moment et puis je me suis rendue compte que ce livre qui reprenait quatre ans d'émissions était construit de façon chronologique dans l'ordre de diffusion et cet ordre lui-même faisait sens car on y trouvait une sorte de « radioscopie » de la société juste après l'élection de Trump et la marche du 8 mars en 2016 et également après le séisme « Me Too »…
Alors je les ai lus dans l'ordre et c'est passionnant. On voit une sorte de théorie féministe se dessiner, s'affirmer et se nuancer. Même si je ne suis pas forcément adepte d'une autre question rituelle un peu provocante « comment vous entendez-vous avec votre utérus ? » et penche plus vers la réinterprétation de l'aphorisme beauvoirien « êtes-vous née femme ou l'êtes -vous devenue » ? les réponses données sont toutes éclairantes d'autant que Lauren Bastide choisit des femmes d'origines, d'âge et d'horizons divers et même un homme, le philosophe transgenre Paul B. Preciado.

« La poudre de riz, l'émanation d'une féminité »

Même s'il y a des questions qui reviennent régulièrement, chaque entretien est personnalisé et permet de découvrir ou redécouvrir les artistes. La journaliste connait vraiment son sujet et pose des questions fouillées à chacune sur leurs oeuvres et leurs parcours. On se croirait un peu comme dans le secret d'un boudoir. Si le propos est résolument féministe, il n'exclut nullement le féminin et le revendique même comme le souligne le rose poudré de la couverture … Lauren Bastide sait amener la confidence … Certaines évocations d'enfance ou autres hommage à leur famille sont très émouvants et permettent de comprendre la personnalité et les centres d'intérêt des artistes. Je pense ainsi au fabuleux portrait que fait Leila Slimani de sa mère médecin et cela éclaire sous un jour nouveau l'album de Bd qu'elle vient de scénariser pour Clément Oubrerie : « A mains nues » ou encore à la description par Hollysiz de la difficulté d'être « fille » et « soeur de ». Tous ces propos donnent une furieuse envie de se (re)plonger dans leurs oeuvres ou d'écouter leurs morceaux ; elles font part de leurs goûts et de leurs influences aussi et cela suscite de jolies découvertes …

« La poudre à canon, faire parler la poudre »

Mais « la Poudre », c'est aussi et surtout un débat, des réflexions qui trouvent un écho en nous et cherchent à faire bouger les choses. Lauren Bastide raconte qu'elle a été très marquée par l'installation de Judy Chicago « The Dinner Party » où l'on retrouve sur une immense table 39 personnalités féminines marquantes de l'histoire (y compris des déesses antiques) qui ont été invisibilisées ; le podcast et le livre c'est un peu une recomposition de cette tablée imaginaire qui vise à donner la parole à celles qui ne l'avaient pas dans une société patriarcale. Nous sommes comme invitées à ce dîner : Lauren Bastide tutoie ses invitées et les interviews se répondent l'un à l'autre jusque dans les références (Monique Wittig, Annie Ernaux, Maggie Nelson…) instaurant un véritable dialogue et une continuité ; parfois la journaliste se fait même gentiment remettre à sa place par l'une des artistes (Juliette Armanet ou encore Alice Zeniter ) qui trouve trop simpliste sa définition du féminisme ou réductrice la question tirée de Simone de Beauvoir… Rien n'est finalement doctrinaire : certaines comme Chris ont véritablement pensé leur féminisme, d'autres sont plus instinctives mais tout aussi pertinentes (ah la diatribe de Pénélope Bagieu sur le girly !) et souvent on en arrive à de véritables considérations sociétales. J'ai ainsi adoré l'ode aux bobos de Leila Slimani et apprécié le questionnement de Paul B Preciado sur «l'Histoire de la sexualité » de Foucaut à l'aune du genre et de la décolonisation ainsi que les parallèles qu'il dresse entre « Surveiller et punir » et la situation en temps de Covid. J'ai découvert avec grand intérêt aussi l'autrice groenlandaise d'« Homo Sapienne » et Inna Modja que je ne connaissais pas. C'est donc un livre extrêmement stimulant.

Pour terminer cette chronique, j'emprunterai sa très jolie définition de « la Poudre » à la rabbine Delphine Horvilleur : « ça évoque quelque chose de léger, qui est transparent et qui fait toute la différence. Toutes ces petites choses dans l'existence que peut-être on en voit pas, qui virevoltent autour de nous , mais qui en réalité, quand elles se posent quelque part font réfléchir la lumière différemment ». C'est un livre a priori anecdotique et qui pourtant fait réfléchir. Dans sa préface, Lauren Bastide déclare que son « grand banquet aura lieu en trois services » : le second tome sera consacré aux femmes de cinéma et le troisième aux femmes politiques et militantes… je m'en délecterai, c'est certain !

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La Poudre est un podcast de Nouvelles Écoutes animé par la journaliste Lauren Bastide. Je le suis depuis quelques années et, si j'apprécie les podcasts, je vous avoue avoir bien du mal à rester concentrée sur l'écoute. Alors quand Babelio et Marabout m'ont proposé de découvrir l'adaptation en livre de la Poudre, j'ai accepté (merci!). Pour mieux présenter ce projet, rien de mieux que cette phrase tirée de la préface : « J'ai créé La Poudre pour qu'on écoute et qu'on croie les femmes. »
Ce livre-ci est un premier tome et il se concentre sur les écrivain·es et musiciennes qui ont été interrogé·es par Lauren Bastide dans le cadre de son podcast. Plusieurs noms m'ont interpelée, notamment Paul B. Preciado, Niviaq Korneliussen (autrice du très bon roman Homo Sapienne), Chris, Aloïse Sauvage, Mona Chollet (qui revient notamment sur Sorcières), etc. Ces personnes m'ont interpellée soit parce que j'ai déjà lu au moins l'un de leurs livres, soit parce que j'apprécie leur travail artistique et/ou leur engagement. Avec ce format livresque, j'ai découvert des femmes, dont je n'avais pas écouté leur entretien avec la journaliste, j'en ai redécouvert d'autres, et j'y ai pris beaucoup de plaisir. Si les questions se ressemblent (« quel genre de femme était votre mère? », « êtes-vous née femme ou l'êtes-vous devenue? », etc.), les réponses sont toujours très variées, ce n'est jamais redondant. Aussi, si je ne suis pas toujours d'accord avec ce que disent les personnes interrogées dans La Poudre, je dois bien admettre que ça reste tout de même très inspirant et intéressant et que l'on ne peut que se réjouir d'avoir de tels modèles. Souvent, quand on nous parle de femmes, en l'occurrence des écrivaines ou des chanteuses et musiciennes, elles sont mortes il y a bien longtemps ou sont désormais très âgées ; ça fait du bien de découvrir des femmes de notre époque, de notre société. En sommes, elles sont actuelles.
On appréciera également la qualité du livre. Certes, avec son papier assez épais, il est lourd, mais il est tellement agréable d'en tourner les pages ! de plus, malgré la taille du corps de texte assez petite (le soir, avec une mauvaise lumière, mes yeux fatiguaient pas mal), malgré la densité des textes, l'ensemble est clair, on s'y retrouve tout de suite. En somme, c'est un bel objet en plus d'être super passionnant.
Finalement, la seule chose que je regrette, ce sont les coquilles qui parsèment le texte. L'ensemble étant de qualité, j'ai trouvé ça dommage d'en trouver autant. Alors je pinaille un peu, c'est vrai, car c'est tellement dense et riche en réflexions qu'en fin de compte on ne remarque pas tant que ça les erreurs.

Je termine cette chronique en vous invitant simplement à écouter et à lire La Poudre. Les entretiens réalisés par Lauren Bastide sont passionnants, cette journaliste sait clairement les mener. Surtout, en donnant ainsi la parole à des femmes et des minorités de genre, elle nous permet de nous créer des modèles, d'en proposer aux autres – c'est quelque chose d'important, à mon sens. Enfin, c'est l'occasion de découvrir des artistes, et cela donne envie de se pencher sur leur travail – et n'est-ce pas merveilleux de découvrir ?
Lien : https://malecturotheque.word..
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Je suis fière d'installer sur mon étagère les voix de ces femmes fortes et singulières !
J'ai aimé les questions originales, intimes et importantes que leur pose l'auteure,
Je me les suis posées à moi-même avec curiosité, trouvant parfois difficile d'y répondre,
me demandant quelles auraient été mes réponses vingt ou quarante ans plus tôt,
et pensant aux femmes de ma vie : mère, soeur, amie, m'est venue l'envie de leur donner la parole et leur poser ces mêmes questions
…mais ce n'est qu'une envie parmi toutes celles qu'insuffle La Poudre,
car cet ouvrage est un livre gigogne qui regorge d'engagements inspirants et de références à d'autres oeuvres que j'ai hâte de découvrir !

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C'est quelque chose, de tenir le premier tome de  « La Poudre » dans ses mains, lourde brique contenant la parole de personnalités qui permettent de mieux comprendre la pensée féministe aujourd'hui. Ce premier tome rassemble des écrivain•e•s et des musiciennes, deux expressions artistiques qui vont plutôt bien ensemble, unies par les mots. Il est important de préciser que les personnalités interviewées sont des femmes cis et un homme trans, Lauren Bastide ayant pertinemment enfreint sa propre règle de non-mixité en interviewant le philosophe et écrivain Paul B. Preciado. Vous y retrouverez également Leila Slimani, Clara Luciani, Aloïse Sauvage, Chris, Chloé Delaume, Yseult, Mona Chollet et bien d'autres...

J'adore la manière dont Lauren Bastide pose ses questions, elle tente vraiment de comprendre ses invité•e•s, leur laisse beaucoup de place. C'est aux antipodes de beaucoup de médias et j'ai immédiatement pensé au livre d'Alice Coffin sur la prétendue neutralité journalistique. Certaines questions sont récurrentes : comment s'est déroulée l'enfance de l'intervenant•e, quel est son rapport à son utérus, a-t-iel une chambre à soi, qu'évoque la poudre pour iel ?

Petit bémol, je trouve que le livre n'apporte rien à qui a écouté le podcast. Certes, le format écrit me convient mieux, à moi qui éprouve des difficultés de concentration à écouter quelqu'un et emmagasiner l'information par ce biais, mais cet ouvrage est une pure retranscription des entretiens du podcast. Et j'aurais aimé un apport : un effort de mise en page (le livre est écrit dans une police d'écriture minuscule) ? Des portraits illustrés des intervenant•e•s ? Une bibliographie/discographie de celleux ? C'est un peu maigre pour moi.

Ceci étant dit, je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai adoré parcourir ces entrevues. Et c'est très important que toutes ces paroles soient fixées, gravées, imprimées. Toutes ces personnes forment pour moi une toile de références, ayant elles-mêmes leurs propres références que je partage parfois. Répandons leurs paroles sororales... Comme une traînée de poudre.
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