Étonnamment, c'est la première biographie de peintre que je lis dans la collection Découvertes Gallimard. le format est pourtant parfaitement adapté car les oeuvres peuvent être montrées et détaillées, ce qui n'est pas le cas des musiciens et seulement partiellement des écrivains.
Et l'auteure
Jeannine Baticle ne s'en prive pas. L'essentiel des grandes oeuvres de Velázquez, peintre sévillan du XVIIe, sont reproduites, parfois sur page double. Je ne connaissais pas vraiment cette oeuvre et j'en ai été époustouflé. On y trouve une volonté de montrer au naturel, sans maquillage, aussi bien le « petit peuple » qu'il peint à ses débuts, que les Grands qui seront son gagne-pain durant sa carrière de peintre de la cour de Philippe IV d'Espagne.
Cette volonté naturaliste se manifeste aussi dans la peinture religieuse (le Christ après la flagellation contemplé par l'âme chrétienne, par exemple) et dans la peinture mythologique qui prend des habits du commun (La forge de Vulcain, par exemple, remplace la magnificence divine par les visages de simples forgerons).
La vie de Velázquez ne montre que peu d'à-coups. Il s'installe rapidement à la cour de Philippe IV (qui l'adore mais le trouve tout de même nonchalant) et progresse régulièrement dans l'étiquette – en bataillant un peu – jusqu'à être anobli et à recevoir l'habit convoité de l'ordre de Santiago. Il effectue deux voyages en Italie où il perfectionne sa technique (c'est un fan du Titien et du Tintoret) et obtient la protection du pape. Il a aussi un rôle de diplomate (d'espion ?), comme Rubens en Espagne.
Le livre permet aussi de suivre le règne de Philippe IV, le ministère du comte d'Olivares (l'équivalent de Richelieu pour
Louis XIII), la vie de la cour – tout comme la biographie de Scarlatti permettait de voir la vie de cour de Ferdinand VI, toujours en Espagne – et les démêlées du royaume avec la France, les Pays-Bas ou l'Angleterre.
A propos de l'Angleterre, j'ai été surpris de retrouver l'événement de la venue du futur Charles Ier et de son favori Buckingham (oui, oui, celui des Trois Mousquetaires) ; événement qui était à la base du tome 1 du Capitaine Alatriste, d'
Arturo Pérez-Reverte. Cela a donc bel et bien existé.
En résumé, ce livre est, avant tout, un régal pour les yeux. Il m'a aussi donné envie d'aller visiter le musée du Prado, à Madrid.
Faudra que j'organise ça.
En appendice, quelques liens vers des oeuvres de Velázquez :
* le Christ après la flagellation contemplé par l'âme chrétienne : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/08/Velazquez-CristCol.jpg/1024px-Velazquez-CristCol.jpg
* La forge de Vulcain : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ae/Vel%C3%A1zquez_-_La_Fragua_de_Vulcano_%28Museo_del_Prado%2C_1630%29.jpg/1024px-Vel%C3%A1zquez_-_La_Fragua_de_Vulcano_%28Museo_del_Prado%2C_1630%29.jpg
* La reddition de Breda : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4e/Vel%C3%A1zquez_-_de_Breda_o_Las_Lanzas_%28Museo_del_Prado%2C_1634-35%29.jpg/1024px-Vel%C3%A1zquez_-_de_Breda_o_Las_Lanzas_%28Museo_del_Prado%2C_1634-35%29.jpg
* Philippe IV en costume de chasse : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d5/Felipe_IV_en_traje_de_caza%2C_by_Diego_Vel%C3%A1zquez.jpg
* Les Ménines : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/31/Las_Meninas%2C_by_Diego_Vel%C3%A1zquez%2C_from_Prado_in_Google_Earth.jpg/800px-Las_Meninas%2C_by_Diego_Vel%C3%A1zquez%2C_from_Prado_in_Google_Earth.jpg