Avec "A marche forcée" qui relate la fuite à travers la Sibérie de
Slavomir Rawicz, ce livre constitue un des incontournables des récits de fuite de prisonniers dans l'orient soviétique.
Cités par les auteurs contemporains de récits de voyage, Tesson ou Gras, ces ouvrages permettent non seulement de constater ce qu'a pu être l'URSS sous Staline, mais aussi de visiter des lieux dont la topographie est souvent étrangère aux Occidentaux que nous sommes.
Ce livre semble avoir été écrit comme d'une traite par
Josef Martin Bauer sur la foi du récit d'un ancien prisonnier allemand nommé Clemens Forell.
D'abord prisonnier de guerre, le jeune officier se retrouve, après un simulacre de procès, condamné à 25 ans de travaux forcés dans une mine de plomb du cap Dejnev.
Commence alors l'enfer, là où prend fin le domaine de l'humanité.
Les conditions du transfert des prisonniers en train puis en traîneau à travers la Sibérie orientale sont glaçantes, de même que les conditions de détention et de travail au coeur du gisement de plomb.
Après cette première partie qui décrit assez bien ce qu'on imagine de la déchéance d'êtres humains sans espoir, Clemens Forell finit par franchir le pas en même temps que les limites du camp pour entamer une marche de plusieurs années jusqu'à la liberté.
Le récit est rythmé et plein de suspense, tant et si bien qu'on peine à lâcher le livre pour savoir ce que sera la prochaine étape de cet incroyable périple.
Si certains épisodes semblent directement tirés du récit de l'ancien forçat, d'autres paraissent moins vraisemblables et sont au minimum romancés, voire peut-être inventés. Certaines des scènes décrites s'étant déroulées hors de la présence du fugitif, il paraît difficile de les retranscrire avec une telle fidélité. Les mêmes doutes sur la véracité du récit de Rawicz émaillent la lecture de son récit, notamment lors de la traversée du désert de Gobi.
Néanmoins, malgré ces quelques passages, l'ouvrage est très bien écrit, très captivant et permet d'effleurer ce que peuvent être les conditions de vie sibériennes.
Tant par les lieux visités que par les personnes croisées lors de cette longue fuite, ce récit mérite qu'on s'y arrête et qu'on accompagne Forell sur ce parcours de milliers de verstes.