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EAN : 9782841415038
224 pages
Editions L'Ancre de Marine (15/10/2021)
2.25/5   2 notes
Résumé :
Un guide détaillé des opérations navales durant la première guerre mondiale, un combat de 4 années pour le contrôle de la haute mer, à l'échelle planétaire. Illustré par 200 visuels détaillant les navires de combat, les sous-marins, leurs équipages, les batailles-clés et les figures navales importantes de belligérants. Contient plus de 20 cartes illustrant les principaux théâtres d'opération et les batailles navales : Falkand, Dardanelles, Jutland...

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Rapidement, le déroulement des batailles. Tout commence le 28 juin 1914, par l'assassinat à Sarajevo du couple héritier du trône austro-hongrois, par Gavrilo Princip, nationaliste serbe. C'était la bonne excuse pour mettre le feu aux poudres, sur fond de réarmement généralisé. Jaurès est assassiné le 31 juillet par le nationaliste Raoul Villain, qui sera acquitté en 1919. L'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, mais le conflit va s'étendre entre la « Triple Entente » (France, Royaume Uni, Russie, puis Belgique, Japon, Etats-Unis) et la « Quadruplice' » des Empires Centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire Ottoman). L'Allemagne et la France se déclarent la guerre le 3 août, et l'Angleterre le 4 août 1914.
L'Allemagne envahi l'Est et le Nord de la France à travers la Belgique dans ce que l'on appelle « La guerre des Frontières ». Puis le front se stabilise dans un système de guerre de tranchées. C'est le front de L'Ouest. A l'Est, la guerre est toute différente. L'avancée Allemande est rapide, y compris la bataille de Tannenberg, jusqu'à un front globalement Nord Sud, qui va de Riga à la Bulgarie. C'est une guerre rapide de déplacements. Les pertes humaines sont terribles. C'est ainsi pour le seul 22 Aout 1914 voit la perte de plus de 20 000 soldats français et anglais.
En 1917, les Etats Unis entrent en guerre pour mettre fin à la tuerie qu'était devenue l'Europe. Les hostilités cessent le 11 Novembre 1918 à 11.00 heures. du point de vue historique et littéraire, le front de l'Ouest a été couvert de manière assez détaillée. le front de l'Est, quoique beaucoup plus actif, est en grande partie ignoré, occulté par la chute du tsar et la Révolution bolchevique. Ce qui l'est encore plus, c'est la guerre navale qui a opposé les belligérants sur toutes les mers et océans. Bien entendu, on a retenu la bataille du Jutland, au large du Danemark en mai-juin 1916, ou l'affaire du Lusitania, paquebot civil coulé par une torpille allemande, qui va provoquer l'entrée en guerre des USA, ou encore le débarquement anglo-australien à Gallipoli, sur le détroit des Dardanelles en mars 1915. Mais que sait-on de la bataille navale de Coronel au large du Chili en novembre 1914, des Falklands en décembre 1914, ou sur le raid sur Zeebrugge en avril 1918 pour bloquer le port de Bruges.
On peut pour cela consulter l'ouvrage de Tim Benbow « La guerre navale 1914-1918 - de la bataille de Coronel au raid sur Zeebrugge », traduit par Ismaël Nélisle (2021, Ancre de Marine Editions, 224 p.). Y ajouter celui de Paul G. Halpern « A Naval History of World War I » (1995, Routledge, 616 p.). Et completer par deux monographies récentes. L'une de Norman Friedman « Fighting the Great War at Sea » (2014, Seaforth Publishing, 320 p.) et l'autre de Lawrence Sondhaus. « The Great War at Sea: A Naval History of the First World War » (2015, Cambridge: Cambridge University Press, 417 p.).
University Press, 417 p.).
L'étape suivante est de pouvoir établir un plan et un fil conducteur entre ces livres, sachant que globalement ils se déroulent sur une petite dizaine d'années, entre des prémices avant-guerre et la révolution russe qui chasse la tsar et le morcellement des Empires centraux. Il faut également tenir compte de l'évolution des technologies, qui entrainent ou découlent de modifications des concepts de guerre navale. Les cuirassés mobiles contre les sous-marins, ou l'introduction de communications, optiques contre téléphoniques, ou motrice, charbon contre mazout. Enfin, il faut rassembler une culture historique face à une approche sociologique, le détail des batailles contre les concepts belliqueux. Naturellement, chacun des auteurs précédemment cités offre sa propre approche qui met l'emphase sur l'un ou l'autre des points précédents.

Globalement, l'histoire se résume à quatre années pour le contrôle de la haute mer, à l'échelle planétaire. le livre est abondamment illustré par plus de 200 photos ou dessins détaillant les navires de combat, les sous-marins, leurs équipages, les batailles-clés et les figures importantes des antagonistes. Il contient aussi plus d'une vingtaine de cartes qui schématisent les principales batailles navales qui vont du Chili au Jutland, des Malouines aux Dardanelles.
Tout commence donc, dans l'ouvrage de Tim Benbow, par la bataille de Coronel, qui oppose la « Royal Navy » à la « Kaiserliche Marine ». C'est l'escadre des Indes Occidentales contre l'escadre d'Extrême Orient, ou bien le contre-amiral Christopher Cradock contre le vice-amiral Maximilian von Spee. L'affrontement a lieu le 01 Novembre 1914 au large de Coronel et de la ville de Concepcion, 600 kilomètres au Sud de la baie de Valparaiso.
Lorsque l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne, le 4 août 1914, l'escadre de von Spee se trouve en mer. Il n'est pas en mesure de défendre la Chine via le port de Tsingtao (Qingdao), ville côtière à mi-distance de Shanghai et de Beijing, ou les possessions de l'Allemagne dans le Pacifique, Tanganyika, iles Samoa, ainsi que les îles Mariannes, Marshall et Carolines qui reviendront au Japon en 1919, avec le traité de Versailles, sans compter « Togoland » et « Kamerun », ainsi que le « Pays de Lüderitz » (Namibie). C'est la raison pour laquelle on y trouve des « Bierkeller », et les meilleurs « Schwarzwälder Kirschtorte » d'Afrique.
Von Spee décide plutôt d'attaquer les navires marchands alliés à l'ouest de la côte de l'Amérique du Sud. Il prend la direction de Valparaiso, au Chili, où une importante population d'immigrants allemands devrait l'aider à obtenir des renseignements et des approvisionnements, particulièrement en charbon.
Basée en Chine, la marine impériale allemande comportait des deux croiseurs cuirassés modernes « SMS Scharnhorst, » et « SMS Gneisenau » épaulés par trois croiseurs légers « SMS Nürnberg » et « SMS Emden ». Ils se voient renforcés par deux croiseurs venus du Sud de l'Atlantique « SMS Dresden » et « SMS Leipzig ».
En face, ses deux anciens croiseurs cuirassés, le « HMS Good Hope », navire amiral, et le « HMS Monmouth », armés par des équipages de réserve, peu entraînés. Un seul croiseur léger moderne, le « HMS Glasgow » et un quatrième navire, « HMS Otranto », qui est un paquebot armé, sans réelle valeur au combat.
Von Spee regroupe tout d'abord sa flotte à l'ile de Pâques. Mais cette décision est éventée car les anglais ont intercepté un message radio, et apprennent sa destination début octobre. Ses ordres n'obligent pas Cradock à engager von Spee. Churchill le pousse à temporiser en attendant des renforts de la marine japonaise ou britannique. Deux navires sont en route. En bon tacticien, von Spee joue avec le soleil et la lumière en se mettant dans la pénombre, alors que les bateaux anglais se découpent sur l'horizon. L'issue de la bataille est rapidement décidée. Les tirs allemands, précis sont dévastateurs. La troisième salve du « SMS Scharnhorst » détruit la tourelle avant du « HMS Good Hope ». Alors que, celle du « SMS Gneisenau » met le feu à l'arrière du « HMS Monmouth ». le « HSM Good Hope » sombre rapidement avec son amiral. le « HMS Monmouth » coule à son tour plus tard sans aucun survivant. L'escadre de von Spee retourne à Valparaiso, où elle reçoit un accueil triomphal de la population allemande. Au Royaume-Uni, l'annonce de cette défaite provoque l'indignation de la presse et de la population. le mythe de l'invincibilité de la Royal Navy s'effondre.
Winston Churchill déclara à propos de l'action de Cradock. « L'amiral allemand était loin d'un port de réparation. Qu'il vienne à subir quelques dommages, en admettant même qu'il en infligeât de plus graves, sa valeur militaire pouvait s'effondrer d'un seul coup. Il demeurerait en grand danger aussi longtemps que son escadre resterait inefficace et, si l'amiral Cradock jugeait que son sacrifice et celui de ses hommes étaient justifiés pour peu qu'il pût atteindre la puissance de cet ennemi . […] Nous ne saurons jamais ce que furent ses pensées lorsqu'il devint évident que le succès était impossible. Il repose avec ses braves camarades, loin de leurs foyers en Angleterre. Ils ont pourtant leur récompense car ils occupent une grande place dans le martyrologe des héros de la mer ». On pourrait être plus chaleureux, surtout pour un 01 Novembre, même en 1914.

A Londres, Winston Churchill est alors, à 39 ans « First Lord of the Admiralty » (premier seigneur de l'amirauté), opposé à Lord John Arbuthnot Fisher « First Sea Lord » (premier seigneur de la mer) ainsi qu'à Lord Horatio Herbert Kitchener « Secretary of State for War » (secrétaire d'état à la guerre). Churchill veut réarmer la « Royal Navy » en construisant des croiseurs du type du « HMS Dreadnough » comme le grossadmiral Alfred von Tirpitz venait de faire avec les « SMS Nassau ». Il déclare « Nous aurons dix Dreadnoughts en mer avant qu'un seul Dreadnought étranger ne soit lancé, et nous avons 30 % de croiseurs de plus que l'Allemagne et la France réunies ! ». de fait « L'Amirauté avait demandé six navires ; les économistes en offraient quatre ; et nous avons finalement transigé sur huit ». Même si ces décisions sont du niveau des cours de récréation, les deux marines réarment sérieusement. Résultat, l'amiral John Fisher finit par démissionner, Winston Churchill devient « First Lord of the Admiralty » et budget de la marine de 1914 s'élève à 50 millions de livres, qu'il reste à régler.
La seconde bataille navale de la Première Guerre a lieu au large des Falklands, au Sud de l'Argentine. Sans perdre de temps, les Britanniques assemblent une nouvelle escadre puissante comprenant deux croiseurs de bataille, quatre croiseurs ainsi que le Glasgow afin de neutraliser l'escadre de l'amiral von Spee, qui se dirige vers le sud de l'océan Atlantique. le 7 décembre 1914, la force britannique se rassemble à Port Stanley, dans les îles Falkland, pour se préparer avant de prendre la direction du Pacifique à la recherche de l'escadre allemande. le lendemain, l'escadre allemande est en vue. La plupart des navires britanniques se ravitaillent en charbon et ne peuvent partir immédiatement à la poursuite de von Spee, qui vogue vers le sud-est.
Deux croiseurs rapides le « HMS Invincible » et le « HMS Inflexible », quittent le port. Ils rattrapent rapidement von Spee. À l'aide de leurs canons de 12 pouces, ils coulent le « SMS Scharnhorst » et endommagent sérieusement le « SMS Gneisenau », que son capitaine décide de saborder. À peu près simultanément, les autres croiseurs britanniques coulent le « SMS Leipzig » et le « SMS Nürnberg », qui se dirigeaient vers le sud. le « SMS Dresden » parvient à s'échapper dans l'océan Pacifique. Plutôt que d'engager le combat, l'équipage décide de saborder le bateau après avoir aperçu les deux croiseurs britanniques, le 14 mars 1915.
Environ 2 200 marins allemands se trouvaient à bord des quatre vaisseaux de guerre coulés, et seuls 215 ont survécu. La menace des navires de surface allemands contre le transport marchand allié est éliminée, tout au moins dans l'hémisphère sud. Les batailles navales suivantes seront dans l'hémisphère nord, avec le Jutland, et la Baltique, puis en Mer Noire et dans les Dardanelles. Retour au nord de l'Ecosse avec suite avec et fin à Scapa Flow en juin 1919.

La bataille du Jutland de mai-juin 1916 est une des plus grandes batailles navales de la Première Guerre, et peut-être même des guerres modernes. C'est un affrontement à grande échelle de cuirassés. La bataille générale implique au total 250 navires de tous types. La flotte de la « Kaiserliche Marine » est commandée par le vice-amiral Reinhard Scheer. En face, la flotte de la « Royal Navy » est dirigée par l'amiral Sir John Jellicoe.
La bataille du Jutland commence au soir du 31 mai 1916, et a l'avantage de ne durer que deux heures dans de mauvaises conditions de visibilité. Les renseignements et la menace des sous-marins se révèlent inefficaces. Les anglais sont supérieurs en nombre, mais n'en profite pas, quoique Jellicoe pense pouvoir couper la route de repli des navires allemands vers leurs ports. Dans le désordre, les deux flottes suivent des caps à peu près identiques, écartés de 14 km, ce qui les rend vulnérables à l'ennemi. Cette phase de la bataille est connue sous le nom de « Course vers le sud ». La bataille des croiseurs s'intensifie et le « HMS Queen Mary » est touché, puis explose, 38 minutes après le début de l'engagement. 1 266 hommes y laissent la vie et seuls 20 sont repêchés. Jellicoe écrira plus tard « le point inquiétant de la bataille des croiseurs de bataille est que cinq bâtiments allemands, affrontant six navires britanniques de classe ont été capables d'envoyer par le fond le « Queen Mary » et l'« Indefatigable « […] Je dois admettre que nous avons beaucoup à apprendre d'eux en matière de combat nocturne ».
Compte tenu des déficiences de ses navires pour le combat nocturne, Jellicoe décide d'éviter les engagements majeurs avec l'ennemi et d'attendre l'aube. Mais Scheer est déterminé à sauver sa flotte et perce le dispositif anglais de nuit pour regagner sa base de Wilhelmshaven, protégée par des champs de mines. Les éclaireurs britanniques se révèlent une fois de plus incapables de repérer son itinéraire. Jellicoe, pour sa part, ne sut pas anticiper cette audacieuse manoeuvre qui consistait à passer dans son sillage. Elle confirme l'incontestable maîtrise allemande du combat naval.
Depuis deux ans, après les batailles de l'hémisphère sud, la « Royal Navy » attendait cet affrontement avec la « Hocheseeflotte ». Celle dernière a fui à deux reprises face aux canons de la « Grand Fleet », mais n'a jamais semblé en mesure de contester la suprématie britannique. Elle reste une menace pour les anglais. Pour ces derniers, une telle bataille aurait dû avoir comme conclusion logique l'anéantissement de la flotte allemande. Ce qui ne fut pas le cas.
La flotte de haute-mer allemande reste alors dans ses ports, mais continue de constituer une menace. Désormais, elle se consacre à la guerre sous-marine.

Le prochain épisode de la bataille navale de la Guerre de 1914-1918, a lieu en Méditerranée avec le débarquement et la retraite des troupes lors de la bataille des Détroits et plus généralement les affrontements en Mer Noire avec la flotte russe. Compte tenu de la spécificité du débarquement, je renvoie sur les critiques et commentaires des nombreux romans consacrés au débarquement/rembarquement de Gallipoli.


Enfin, pour finir l'histoire de la guerre navale durant la Première Guerre, il faut évoquer Scapa Flow, même s'il n'y a pas eu de bataille.
Après la fin de la guerre, le 11 novembre 1918, et avant la signature du Traité de Versailles le 28 juin 1919, les bâtiments allemands de la « Hochseeflotte » est « internée » dans la base de la « Royal Navy » à Scapa Flow, une baie de l'archipel des Orcades dans le nord de l'Ecosse. Il y a là 11 cuirassés, 5 croiseurs de bataille, 8 croiseurs et 25 destroyers. Les négociations sur le devenir des navires se trainent. Devant la crainte de voir ces navires partagés entre les marines alliées, le vice-amiral Ludwig von Reuter ordonne aux équipes allemandes de gardiennage de les saborder.
Le sabordage a lieu le 21 juin 1919. Les gardes britanniques des navires réussirent à en échouer quelques-uns sur la plage, mais 52 des 74 navires coulèrent. Ils furent renfloués ensuite et mis à la casse. le sabordage a tout de même coûté la vie à 9 soldats allemands.
Commentaire de l'amiral anglais. « Je vois le naufrage de la flotte allemande comme une véritable bénédiction. Il dispense de la question épineuse future au sujet de la redistribution de ces navires ». L'amiral Reinhard Scheer, quant à lui, conclue élégamment. « le naufrage de ces navires prouve que l'esprit de la flotte n'est pas mort. Ce dernier acte est conforme aux meilleures traditions de la marine allemande ».

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