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EAN : 9782811112653
360 pages
Karthala (22/09/2014)
4.08/5   13 notes
Résumé :
Venue chercher un acte de naissance dans la région où elle est née, la vieille Morjane, qui séjourne alors chez sa petite-fille, fait une rencontre inattendue. Chtoukiya et elle se sont connues à Fès il y a soixante ans, elles ont vécu dans la même maison et ont partagé le lit du même homme, mais elles ne pensaient jamais se revoir. Cette rencontre inopinée libère un flot de souvenirs en Morjane et intrigue sa petite-fille...

Au Maroc, au début du XXe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
MASSE CRITIQUE DU 22 JANVIER 2015
Merci à BABELIO et à l'Editeur KARTHALA.
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Comme annoncé dans la revue de presse reçue avec le livre, c'est véritablement un « page turner » que j'ai ouvert et n'ai plus lâché avant d'en avoir achevé la lecture.

Au Maroc, l'histoire de ces femmes voire très jeunes filles « volées »/enlevées/vendues afin d'agrandir les cheptels de ces messieurs au sein des harems au début du XXe siècle… véritablement du vécu pour la grand-mère de l'auteure (qui raconte à la fois sa vie d'aujourd'hui et celle d'avant).

C'est absolument captivant et criant de vérité (même si tout le monde sait cela) : la femme est une marchandise ni plus, ni moins et encore aujourd'hui. Certaines ont tout de même réussi, comme Morjane, notre héroïne, pourtant capturée très jeune, à garder un certain détachement et une force de caractère afin de ne pas sombrer dans cet univers clos.

A lire absolument pour découvrir la vie au sein de ces palais luxueux.
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Le temps d'une semaine à Fès, prisonnière d'un vent de sable - le chergui dans la maison de sa petite fille, Morjane une vieille femme se souvient de sa vie... La petite M'barka a à peine six ans quand elle est enlevée et vendue par un cousin de sa famille à Chaidmi, un marchand d'esclaves. Elle retrouve quelques temps plus tard Hadda, qui a sept ans de plus et qui avait été mariée de force. Les deux petites se protègent l'une l'autre pour faire front à des changements de propriétaires qui se les revendent pour éteindre un dette ou pour devenir comme M'barka - devenue Morjane - une des concubines de son propriétaire dans un harem un mois après ses premières règles.

Les quatre saisons du citronnier est un roman à deux voix ou plutôt à deux époques, le récit alterne la vie de Morjane une vieille femme qui séjourne chez sa petite fille et qui se remémore son enfance volée et la petite M'barka que l'on suit en ce début de vingtième siècle, une évocation de ce Maroc encore féodal où les filles et les femmes ne représentent qu'une valeur marchande ou reproductive, des petites filles que l'on arrache à leur famille, marchandisées au gré du marché et des besoins des hommes puissants qui les utilisent quand elles ne sont pas jolies, comme bonne à tout faire ou comme maîtresse dans leur sérail...un sérail où elles doivent cohabiter et surtout éviter les jalousies, les méchancetés, les ragots ou les médisances.
En alternant les deux époques, Souad Benkirane réussit brillamment à évoquer à la fois la vie au Maroc au début du siècle et la vie moderne du Maroc contemporain.
Les quatre saisons du citronnier est un roman sensible extrêmement bien écrit, profond et humain qui dénonce la domination des hommes sur les femmes, un coup de cœur qui gagnerait à être découvert.
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L'écriture chatoyante de Souad Benkirane transporte le lecteur dans un Maroc inconnu. Celui du siècle passé, au temps où les jeunes villageoises étaient arrachées à leur famille pour être vendues comme esclaves. Les hommes fortunés achetaient et revendait des jeunes filles aussi facilement que des cacahuètes pour mettre les plus belles dans leur lit et les moins jolies en cuisine.
C'est ce qui est arrivé à M'barka la petite berbère alors qu'elle n'était qu'une enfant d'à peine sept ans. Aujourd'hui devenue une vielle femme, elle confie son histoire à sa petite fille qui la transcrit dans cet ouvrage sous forme romancée. M'barka rebaptisée Morjane nous y conte avec beaucoup de pudeur sa vie de déracinée réimplantée dans une famille fictive.
Cette histoire vraie est passionnante , dès les premières lignes j'ai senti que j'allais passer un bon moment avec ce roman. Cette impression s'est confirmée tout au long de ma lecture qui a été un vrai moment de plaisir.
La construction du récit est habile, en faisant alterner le passé et le présent l'auteur permet à son lecteur de faire une pause dans le récit. Cette respiration rythme confortablement l'ensemble de ce roman assez dense qui nous fait découvrir la vie complexe d'un sérail.
On pourrait s'imaginer que cette histoire appartient à un passé définitivement révolu mais il ne faudrait pas oublier que malgré l'abolition de l'esclavage, des enfants, des jeunes filles et des femmes continuent à être exploitées un peu partout dans le monde.
Je souhaite au Quatre saisons du citronnier de rencontrer le succès qu'il mérite, sa simplicité et son authenticité peuvent sans peine séduire un large public.
Je remercie Babelio, les éditions Karthala et Souad Benkirane pour cette belle découverte faite à l'occasion d'une opération masse critique.
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J'ai lu ce livre grâce à la masse critique de janvier 2015. Merci à Babelio et aux éditions Karthala pour ce livre.

M'barka, la narratrice séjourne chez sa petite fille pour se procurer un extrait d'acte de naissance. Alors qu'elles se balladent en ville, M'barka rencontre Chtoukiya, avec qui elle a vécu quelques années dans un harem de fes. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plusieurs décennies. Cette rencontre, émouvante, va raviver chez la vieille dame de nombreux souvenirs, d'autant plus que des conditions météo difficiles la contraignent à un enfermement forcé avec son lot d'ennui et de ressassement et que sa petite fille curieuse, lui demande de lui conter son histoire afin d'en écrire un livre.

Nous sommes alors plongés dès les premières pages dans l'enfance de m'barka au coeur du Maroc du début du XXème siecle. Dans ce pays où à la suite de rapts n'importe quelle femme ou fillette peut être vendue, tel un objet.
J'ai été littéralement transportée par ce récit, dans l'histoire de m'barka, cette fillette déjà orpheline qui a vu sa vie basculer lorsqu'à 7 ans elle se fait enlever. J'ai été touchée par son histoire racontée simplement, qui nous donne un regard sur la vie de ces femmes sans toutefois jamais entrer dans le voyeurisme. On est das l'émotion sans que ca devienne trop lourd. C'est beau, et ca force à l'empathie

J'ai toutefois été un peu perturbée tout le long du livre par le style de celui ci, soit cette alternance entre les souvenirs d'enfance, et ces petits paragraphes nous ramenant au présent. Il faut dire que j'étais tellement emmenée par l'histoire que ces interruptions me gênaient un peu. Ceci m'a surement empêché d'apprécier ces chapitres à leurs juste valeur car loin d'être inutiles, ces textes m'ont juste semblés ne pas être à la bonne place.

Pour conclure, voilà un beau livre que je recommande vivement.
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Un beau roman sur la condition de la femme au Maroc au début du 20ème siècle. C'est l'histoire vraie d'une enfant, issue d'une famille paysanne de la région d'Agadir, qui a été enlevée à six ans pour être vendue au plus offrant, et qui a été achetée par un riche commerçant fassi voulant en faire sa concubine. L'auteure est sa petite-fille.
Ce premier roman m'a beaucoup plu, avant tout par la pudeur et la délicatesse avec laquelle cette histoire terrible est racontée. L'auteure nous fait ressentir et comprendre la douleur d'avoir été arrachée aux siens sans presque aucun espoir de les revoir un jour ; le sentiment de n'être rien, de n'avoir aucune emprise sur sa propre vie, qui découle du statut d'esclave ; la blessure infligée par le viol conjugal et l'incapacité à devenir femme qui en résulte ; la vie faite de routine et d'ignorance, de rivalités féroces, que mènent ces femmes analphabètes, recluses dans la maison du riche commerçant. Elle nous montre aussi comment tout cela était la norme dans les riches familles de Fès, comment les hommes qui régnaient en maîtres absolus sur leurs harems n'y voyaient pas à mal, pouvaient même se considérer comme bienveillants et généreux pour ces femmes qu'ils "accueillaient" dans leurs familles. Et comment, finalement, cette petite fille devenue femme a réussi malgré tout à se construire une vie, une famille, à trouver amitié et réconfort auprès de certaines des femmes qui l'entouraient, et finalement à s'émanciper d'une certaine manière. On voit aussi de loin, à travers les yeux de cette enfant grandissant puis devenant adulte dans le Maroc des années 1920 à 1950, les énormes changements qui ont secoué le pays pendant cette période... et qui ont d'ailleurs sonné la fin de ce régime patriarcal, où les femmes étaient achetées et vendues comme de vulgaires marchandises.
Cette histoire se dévore, et l'on a hâte d'avancer pour connaître la suite, jusqu'au dénouement final extrêmement émouvant. Un seul petit bémol : les chapitres racontant l'histoire chronologique de cette petite fille alternent avec des scènes de la vie actuelle de la grand-mère qu'elle est devenue, coincée pendant plusieurs jours chez sa petite-fille par le Chergui, la tempête venue du Sahara. Ces chapitres jouent leur rôle pour dévoiler la personnalité de cette petite fille, mais ils tirent un peu en longueur.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'homme noir revient, suivi du Caïd, un petit homme rondouillard, tout habillé de blanc. Il a une cinquantaine d'années, marche sur des ressorts, mouline l'air de ses bras courts et balance un vente rebondi. Il prend à peine le temps de saluer et se dirige vers moi. En me détaillant de ses petits yeux noirs, il demande abruptement :
- D'où vient-elle ?
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Il est de curieux rendez-vous que la vie nous tricote de sa deuxième paire de mains, ces petites mains blanches, habiles et gracieuses, qu'elle se réserve le droit d'utiliser parfois pour nous laisser un goût de miracle sur les lèvres.
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(en parlant de ses petits-enfants)
Si parfois je me suis montrée rude et maladroite, ne m'en tiens pas rigueur, ma fille. N'oublie pas que j'ai grandi dans un jardin sauvage, comme un fleur fragile qu'on néglige d'arroser. Avec vous , bien souvent je me suis trouvée démunie. J'ai dû réinventer l'amour et son langage, et dans mon ignorance, j'avoue que bien des mots, bien des gestes m'ont manqué.
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La voix grave du présentateur les commente : "Depuis quatre jours, le sud du pays est sous l'emprise du Chergui. Âme sombre du désert, il fait et défait les dunes de son souffle chaud. Il les arrache dans d'énormes tourbillons et, les jours de grande colère, il les disperse au pied des montagnes et sur les villes les plus proches. Les routes du Grand Sud sont impraticables : la plupart ont disparu, ensevelies sous d'épaisses couches de sable. Mêmes les communications par voies aériennes sont impossibles..."
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Zaïna est excédée par mes larmes incessantes depuis le premier jour. Lorsqu'au passage elle m’aperçoit recroquevillée dans un coin du patio, elle me bouscule en grimaçant :
- Cesse donc de pleurer, pauvre idiote ! Bien des femmes envieraient ton sort ! Tu seras vendue à un homme riche, tu habiteras un palais et tu mangeras à ta faim. Va, va donc plutôt jouer !
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