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Nina Berberova a suivi tout le procès Kravtchenko depuis les bancs de la presse, ce livre reprend les chroniques qu'elle publiait après chaque journée de procès.

Viktor Kravtchenko était un ancien haut responsable soviétique qui dénonça dans un livre paru en 1944 les dérives du régime, il y décrivait la vie en URSS , la politique paysanne et l'existence des goulags, et ce bien avant Soljenitsyne.

Ce livre eut un grand succès, puis fut traduit en français, il provoqua l'indignation dans de nombreux milieux, et Les Lettres Françaises, journal proche du PC, publia un article attaquant l'auteur. Kravtchenko attaqua le journal devant les tribunaux pour diffamation et fut acquitté.

Les faits sont anciens, mais il est frappant de voir à quel point à l'époque, les élites s'obstinaient à nier la situation réelle de l'URSS. Les avocats de la défense du journal essayèrent de salir la personne de Kravtchenko.
Nina Berberova quant à elle, connaissait la vérité et cela se sent dans ses comptes-rendus d'audience.
Ceux-ci sont passionnant à suivre, et j'ai beaucoup apprécié leur lecture.
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En 1947 , Viktor Kravtchenko , un haut fonctionnaire russe passé à l' Ouest publie ' J'ai choisi la liberté ' , où il dénonce le totalitarisme du régime Stalinien , les purges , la famine dans l' URSS communiste , l'existence des camps .
Peu après la publication de son livre , il est attaqué violemment par la revue communiste française ' Les lettres Françaises qui l'accusent d'être un menteur , un ivrogne , un traître à sa patrie .
VIktor Kravtchenko porte alors plainte pour diffamation et en 1949 , s'ouvre le procès entre les deux parties .
Nina Berberova est présente dans le public et se rend compte avec effarement de l'aveuglement et des mensonges des communistes français qui ne veulent pas admettre la triste réalité du régime communiste , il faudra en effet attendre 1962 , le livre de Soljenitsyne ' Une journée d' Ivan denissovitch ' pour être au courant de l'existence des personnes déplacées , des camps ' les goulags ' .
Ce sont donc deux courants diamétralement opposés qui s'affrontent .
La vérité finira par être établie et le journal communiste français sera condamné à verser des dommages à l'auteur russe .
Nina Berberova en tant qu'émigrée russe ayant dû quitter son pays lors de la montée du bolchevisme nous livre une analyse pertinente de la situation .

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L'affaire Kravtchenko , c'est le procès en diffamation intenté par Viktor Andreïevitch Kravtchenko aux Lettres Françaises ( comité de bienfaisance des écrivains méritants , chapeauté et avalisé par le PCF , sous l'égide de Louis Aragon , celui du délicat " Il nous faut un Guépéou " .)
Déjà très critique sur Staline ( il a été témoin de la grande famine organisée , Holodomor , 6 millions de morts) , Kraventchko occupe divers postes de haut fonctionnaire en URSS , pour finalement , se sentant menacé , demander l'asile politique aux USA .
Il publie " J'ai choisi la liberté ", dans lequel il témoigne des dégâts de la collectivisation de l'agriculture et des déportations au Goulag . Il est traîné dans la boue et accusé de trahison et de mensonge à coups d'articles signés par les Lettres Françaises ; il porte plainte contre Claude Morgan, directeur et André Wurmser, rédacteur .
Le procès commence le 24 janvier 1949 .
Pour représenter ou soutenir les Lettres Françaises : un prix Nobel , Frédéric Joliot-Curie , quatre ministres dont D Astier de la Vigerie , des philosophes , des écrivains , Roger Garaudy , Jean Baby , Roger Vercors , Jean Paul Sartre , Simonne de Beauvoir , Elsa Triolet , un général ...
On invente un certain Sim Thomas qui aurait juré mordicus que Kraventchko était un espion , un ivrogne et un quasi-illettré .

Maître Georges Izard fait défiler les témoins de Kraventchko à leur tour , ils sont passés par le goulag , ils racontent et tout particulièrement Margarete Buber-Neuman qui , communiste allemande réfugiée à Moscou a passé 2 ans de goulag en Sibérie ( purges staliniennes ethniques de 1937-38 )puis , après l'accord germano -soviétique Hitler/Staline de 1940 a été remise à l'Allemagne nazie et internée 5 ans à Ravensbrück pour " rééducation ".
Évidemment , les zélateurs des Lettres Françaises poussent des cris d'orfraie , mais la majorité du public et la Cour sont estomaqués par ces révélations . Kravtchenko gagne son procès le 4 avril 1949 mais c'est surtout un tournant capital dans la vision que peut avoir le monde du communisme en général et du stalinisme en particulier , les débats sont encore ouverts , d'ailleurs .

Nina Berberova était alors journaliste , son livre est un reportage , inutile donc de chercher ici sa veine romancière : il s'agit d'un témoignage historique , ce qui ne l'empêche pas d'instiller sa propre vision , en particulier au sujet de Me Izard et Margarete Buber-Neuman ..

Extrait d'un commentaire de Hubert Nyssen , au sujet de ce livre ( éditions Actes Sud )
Nina Berberova (qui passe sa dernière année en France) se trouve sur les bancs de la presse. Elle a compris ce qui se joue dans ces débats : non pas le sort de Kravtchenko, auquel elle ne s'intéresse guère, mais… la vérité. Sa stupeur d'émigrée consternée par l'aveuglement des témoins de la défense, sa révolte contre le prestige usurpé d'un pouvoir criminel, et sa détermination à saisir l'occasion du procès pour contribuer, si peu que ce soit, à l'émancipation de l'opinion occidentale, lui inspirent des portraits, de petits commentaires incrustés dans le compte rendu, parfois simplement des sous-titres – mais ils sont acérés comme des fléchettes d'acier. (…)
C'est cela, l'effet Berberova : la rigueur du compte rendu, l'acuité du regard, la nécessité de la justice et l'efficacité du style.
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L'AFFAIRE KRAVTCHENKO de NINA BERBEROVA
Il ne s'agit pas vraiment d'un roman mais plutôt du compte rendu d'un procès, celui qui oppose Viktor Kravtchenko à l'hebdomadaire Les Lettres Françaises, organe très proche du Parti Communiste. L'objet du procès: suite à la publication du livre « J'ai choisi la liberté, la vie publique et privée d'un haut fonctionnaire soviétique »de Kravtchenko en 1947, l'hebdomadaire publie en novembre de la même année un article à charge intitulé « comment on a fabriqué Kravtchenko »à la suite de quoi ce dernier a porté plainte contre le journal pour diffamation. Nina BERBEROVA est la seule journaliste ouvertement anti communiste dans la salle, c'est l'époque où ce dernier représentait 30 %des votes aux élections…
C'est donc un compte rendu détaillé jour par jour, témoin par témoin que nous propose BERBEROVA. L'hebdomadaire communiste dirigé par Claude Morgan et André Wurmser accusent Kravtchenko d'être un agent de la CIA, de n'avoir jamais eu aucune fonction en URSS et d'avoir fait écrire son livre par des agents américains. Kravtchenko produira nombre de russes à la barre témoignants des purges, des éliminations et des goulags, l'hebdomadaire ne produira que des témoins pitoyables et rapidement ridiculisés. le verdict condamnera l'hebdomadaire communiste à verser 150000 francs à Kravtchenko et les deux responsables 5000 francs chacun. En appel les condamnations seront confirmées.
Ce procès qui dura deux mois ne changera pas grand chose à la notoriété du Parti communiste français, le plus stalinien des pc européens. On est dans cette période où des Pablo Neruda et Jorge Amado sans parler de « l'intelligentsia française »nient toujours la moindre exécution derrière le rideau de fer. Seule l'arrivée de Khrouchtchev en 1958commencera à lever( un peu)le voile sur la réalité.
Un procès historique que les deux partis utiliseront chacun à leur profit en pleine guerre froide.
Un livre important qui met bien en lumière la bataille idéologique qui s'est jouée après guerre et la violence verbale qui l'accompagnait.
Facile à lire et presque indispensable, vous ne le trouverez pas dans les livres d'histoire…
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En 1949 se prépare à Paris le procès considéré comme celui du siècle, pas moins. En 1947 fut publié en France l'essai « J'ai choisi la liberté » de Vladimir KRAVTCHENKO. le 13 novembre de la même année, l'hebdomadaire français Les Lettres Françaises accuse KRAVTCHENKO de ne pas être l'auteur du bouquin, et même d'être piloté par les services secrets états-uniens, dans un article virulent signé par un certain Sim THOMAS. KRAVTCHENKO porte plainte pour diffamation.



Que contient « J'ai choisi la liberté » ? Une critique vive de l'U.R.S.S. stalinienne (alors que STALINE est toujours à la tête du pays), et surtout, sacrilège ultime, la dénonciation des camps de travail, des goulags. Sujet sensible et même tabou. KRAVTCHENKO est désormais exilé aux Etats-Unis, donc un citoyen russe passant au vitriol un pays qu'il a quitté pour se réfugier chez l'ennemi, rien que ceci devient louche aux yeux de communistes militants dont font partie Les Lettres Françaises. « Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour le peuple russe et pour le monde entier, pour que tous les hommes sachent que la dictature soviétique, ce n'est pas le progrès mais une barbarie ». Quant à l'auteur de l'article initial, Sim THOMAS, il demeure introuvable…



Nina BERBEROVA est la seule journaliste russe anticommuniste à assister au procès. Il devait initialement se tenir sur 9 jours, il s'étendra finalement sur 25. le livre incriminé, KRAVTCHENKO assure l'avoir entièrement écrit « Ce n'est pas moi qui ai décidé, c'est la vie même qui l'a fait à ma place », y compris pour certains manuscrits retrouvés et immédiatement soupçonnés d'être l'oeuvre d'un autre. Des personnes publiques vont venir témoigner, de l'écrivain VERCORS poussif dans son témoignage, à l'ancienne déportée Margaret BUBER-NEUMANN, dont la déposition va en revanche faire grand bruit.



Un procès russe se tenant en France, de quoi voir se déplacer les foules dans une salle pouvant contenir 300 personnes. Les témoignages des russes victimes du stalinisme sont attendus, Les Lettres Françaises vont devoir répondre à leurs accusations de fantasme sur la situation catastrophique en U.R.S.S.



D'un côté les communistes, vissés à leur idéal, de l'autre les anti-staliniens, tout de suite mis au rang des anti-communistes, DONC des soutiens d'HITLER (qui n'est pas avec moi est contre moi, on connaît la rengaine). Tous les coups sont permis, et on finit par en apprendre de belles « On a falsifié les chiffres de la population de l'U.R.S.S. Ne parlons pas de ces chiffres, mais disons simplement que le recensement de 1937 fut détruit, qu'il en fut fait un autre en 1939 parce que le premier fut déclaré « inopportun » et qu'une partie des gens qui en avaient eu la charge avaient été « purgés » à tout jamais ». Dans la bouche de KRAVTCHENKO, STALINE devient Adolphe STALINE, KRAVTCHENKO compare le régime soviétique au nazisme (soit plusieurs années avant que Vladimir GROSSMAN le fasse à son tour dans « Vie et destin »). Grosse ambiance.



Ce procès est un peu surréaliste. Nina BERBEROVA retranscrit les échanges, les moments forts, les coups bas, les rebondissements. Ce témoignage est d'une grande utilité : imaginons le même procès mais à Moscou, il eut été, comment dire… mis en scène ? Tronqué ? Aurait-il tout simplement eu lieu ? En tout cas il y a fort à parier que KRAVTCHENKO en fut sorti les pieds devant. Ce procès français est empreint d'une certaine démesure, dans les paroles, les actes, les réactions, avec une mention spéciale pour les prétendues conspirations, complots, etc. Quant à la traduction de la présente édition, elle est assurée par la famille MARKOWICZ, Irène et André, donc forcément une raison supplémentaire pour se procurer ce livre de poche tout à fait saisissant.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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J'ai abordé la lecture de ce livre suite à la mini-série (trois épisodes) historique diffusée par Arte sur l'histoire du goulag où il est fait mention de Kravtchenko et de son livre "j'ai choisi la liberté".

Le livre de Nina Berberova est un compte-rendu du procès en diffamation début 1949 contre "Les Lettres Françaises" organisme littéraire du Parti communiste, suite à un article sur Kravtchenko qui a saisi la justice à Paris.

A cette époque le Parti communiste français avait une grande influence et avait participé au gouvernement après la fin de la guerre. Et de nombreux adhérents du parti et des sympathisants (dont des noms très connus) considéraient l'URSS comme un paradis politique et social. le livre de Kravchenko dénonçant le régime soviétique (les purges, la collectivisation, les camps du goulag (terme non utilisé à cette époque), était donc vu comme un mensonge susceptible de détruire la belle image perçue en France. Mais le procès a été gagné par Kravtchenko.

Cette chronique judiciaire, au jour le jour que nous raconte Nina Berberova en tant que "journaliste" est intéressante au plan historique. Elle avait un impact au moment des faits. Mais le livre n'a été édité qu'en 1990 par Acte Sud et donc l'impact "médiatique" a disparu . C'est bien entendu encore plus vrai aujourd'hui. Mais on se demande comment tant de gens soit disant appartenant à l'élite (et ce n'est pas contestable pour le prix Nobel Joliot Curie) ont pu rester aveugles et sourds pendant de nombreuses années.

Aujourd'hui ce livre a donc un intérêt moindre, et tout le mode peut se documenter sur la réalité des faits. En dehors du témoignage de Nina Berberova, je préfèrent apprécie évidemment tous ses autres écrits, et romans, tous édités en France chez Acte Sud.
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Le livre retrace, très factuellement, les débats du procès en diffamation contre les “Lettres françaises, le journal littéraire du PCF. On y lit avec quelles crapuleries, mauvaise foi, mensonges, les plumitifs au service du communisme soviétique ne reculaient devant aucune abjection. L'Histoire a envoyé ces salauds dans les oubliettes de l'Histoire, Histoire qu'il avait l'impudeur de s'approprier au nom du divin bien de l'humanité. Leurs collègues ont repris la plume au service de l'islamo-gauchisme.
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Quand s'ouvre le procès Kraventchenko contre les lettres françaises, le 24 janvier 1949, il apparaît tout de suite que ce procès en diffamation va tourner au procès du régime soviétique et que la question de fond qui est posée là est celle de l'exitence de camps de concentration en URSS. Les lettres françaises appellent des témoins prestigieux qui affirment sous serment qu'il n'y en a pas et qu'il ne saurait y en avoir.On n'a encore entendu parler de ni d'une journée d'Ivan Denissovitch, ni de Soljenitsyne, ni du mot "goulag". Kravtchenko, lui, a fait venir des victimes, des personnes déplacées. Et parmi ces témoins, une femme Margarete Buber-Neumann dont le témoignage produit un effet considérable.

Nina Berberova (qui passe sa dernière année en France) se trouve sur les bancs de la presse. Elle a compris ce qui se joue dans ces débats : non pas le sort de Kravchenko, auquel elle ne s'intéresse guère, mais... la vérité. Sa stupeur d'émigrée consternée par l'aveuglement des témoins de la défense, sa révolte contre le prestige usurpé d'un pouvoir criminel et, sa détermination à saisir l'occasion du procès pour contribuer, si peu que ce soit, à l'émancipation de l'opinion occidentale, lui inspirent des portraits, de petits commentaires incrustés dans le compte rendu, parfois simplement des sous-titres - mais ils sont acérés comme des fléchettes d'acier. C'est cela l'effet Berberova : la rigueur du compte rendu, l'acuité du regard, la nécessité de la justice et l'efficacité du style.
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