Sociologue américain d'origine autrichienne,
Peter L. Berger (1929-2017) a écrit ce livre, sans cesse réédité, alors qu'il était jeune universitaire.
Il ne s'agit pas d'un cours académique, mais d'une présentation de la spécificité du regard et de la méthode sociologique sur la société. Certains concepts sont évoqués et les grands sociologues sont mobilisés pour démontrer les apports de
la sociologie. le propos est relativement accessible, excepté un chapitre plus conceptuel sur l'identité. le style est ironique, impertinent, voire provocant.
La discipline ne se caractérise pas par un sujet délimité ; elle prétend traiter de tous les comportements humains, conscients ou inconscients. Elle se singularise surtout par le pas de côté qu'elle propose pour observer le monde, avec l'ambition de « dévoiler », de « démythifier » les postures et impostures individuelles dans le cadre des relations sociales.
Berger applique cette même méthode à
la sociologie. L'édition française de 2006, en réunissant des textes de plusieurs époques, met en évidence l'évolution de la pensée de Berger qui exprime sa déception, avec le recul. Il semble ne plus se reconnaître dans
la sociologie contemporaine.
Dans l'avant-propos de 1963, Berger annonçait « une invitation à entrer dans un univers intellectuel [qu'il tient] pour particulièrement passionnant et important ». Cependant, dans la postface, écrite en 1992, Berger critiquait les recherches universitaires en sociologie, plus par dépit que par amertume. Les sociologues multiplient les études locales, fragmentaires, mais restent incapables d'interpréter quatre évènements importants : la révolution culturelle de la fin des années 1960, en Occident, le développement économique des pays asiatiques, le retour en force des religions et l'effondrement du socialisme. Il regrettait
la sociologie des origines, celle de
Emile Durkheim et
Max Weber, qui adoptait une approche historique ambitieuse. Il estimait
la sociologie affectée par quatre tares : « l'esprit de clocher, l'insignifiance, la thèse du rationalisme de l'individu et l'idéologie ». Dans un commentaire ultérieur, l'auteur nuançait uniquement le premier défaut, en ironisant sur les multiples colloques internationaux.