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Edwy Plenel (Autre)
EAN : 9782344042274
312 pages
Glénat Livres (09/09/2020)
4.12/5   8 notes
Résumé :
Devenues un lieu de passage pour de nombreux migrants, les Alpes frontalières défrayent régulièrement la chronique. Ce livre retrace l'histoire de ces rencontres entre ceux qui ont fait un long chemin et ceux qui, attachés à leurs montagnes, ont décidé d'ouvrir leurs portes. Trouver refuge met en lumière le parcours bouleversant de personnes pleines d'espoir et de souffrances, d'exiles, de deracines qui se retrouvent dans le Brianconnais par hasard, après s'être mis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Briançon, petite sous-préfecture des Hautes Alpes, à 11km de l'Italie par le col de Montgenèvre, 37 par celui de l'Echelle, est devenue lieu de passage pour de nombreux migrants d'Afrique et du Moyen-Orient. Face à cet afflux d'exilés, Stéphanie Besson, l'auteure du livre, briançonnaise et accompagnatrice en montagne a décidé d'agir en conformité avec ses valeurs : la tolérance, l'hospitalité, le vivre ensemble. « En montagne, on n'abandonne personne, pas même son pire ennemi ».

Ils s'appellent Ali, Mohamed, Ibrahim, Idriss, Yayha, Sinaly, Justin, M.Bah, Falah, Ayman....ils sont Nigérians, Soudanais, Burkinabés, Guinéens, Ivoiriens, Syriens, Afghans, Érythréens, Iraniens. Ils ont fui la torture ou la misère économique, fui pour reconstruire une vie dans cette Europe qu'ils voient comme un Eldorado et quand ils ont réussi à traverser la Méditerranée c'est pour trouver au mieux l'indifférence au pire la rue, les camps et la menace du renvoi dans leur pays d'origine. Alors ils veulent continuer leur route, coûte que coûte, et pour éviter d'être contrôlés et renvoyés en Italie, ils se lancent à pieds , souvent de nuit, à travers la montagne.
L'association Tous migrants, dont Stephanie Besson est la cofondatrice, est née fin 2015 de l'indignation devant le sort de tous ces exilés et « se positionne fermement pour le droit de demander l'asile dans le pays de son choix, le devoir de fraternité inconditionnelle et la défense des droits fondamentaux. »

C'est ce combat ( l'auteur parle de « cinq ans de lutte épuisante et dont on ne voit pas la fin ») que raconte Trouver refuge. Cinq années d'actions de tous ces bénévoles du Briançonnais pour aller secourir, accueillir, héberger, apprendre le français, scolariser, soutenir dans leurs démarches administratives, redonner l'espoir et le sourire à des centaines d'hommes et de femmes. Cinq ans à lutter aussi contre l'absurdité administrative, l'indifférence ou le mépris de certaines instances politiques ou judiciaires.
On apprend beaucoup de choses sur la politique d'accueil de la France et tous ces sigles qui la définissent : les CADA ( centre d'accueil des demandeurs d'asile), les CRA ( centre de rétention administrative), la CNDA ( cour nationale du droit d'asile), l'OFII et l'OFPRA, et toutes les associations nationales ou locales engagées dans ce domaine. Un glossaire en début de livre aide à se retrouver dans cette jungle !

Stephanie Besson a choisi de raconter ces cinq années en faisant alterner les témoignages de tous ces bénévoles et de ceux qu'ils ont aidés. A la lecture, on est tour à tour indigné et touché par ce qu'ils racontent.
Chez les bénévoles , les « solidaires », (« 20% d'une ville de 12000 habitants à s'être impliqués ») toujours le même constat : malgré les difficultés, la fatigue devant une situation qui dure, « cette expérience d'accueil a crée du lien, de la cohésion sociale, un respect mutuel. Ça a soudé les Briançonnais, les Nevachais, les jeunes générations, les retraités, on s'est mis ensemble. »
Les récits des exilés ( les « aventuriers » francophones et les «  shababs » arabophones)sont souvent poignants mais aussi très touchants quand ils expriment leur étonnement après leur prise en charge à Briançon : accueillis chez des Blancs, traités comme les jeunes qu'ils sont et non comme des dangers potentiels, ils découvrent la vie «  à la française » et s'attachent à respecter les habitudes de leurs familles d'accueil.
Stephanie Besson raconte enfin la militarisation grandissante des frontières ( gendarmerie et police aux frontières) , les migrants traqués et les aidants poursuivis : «  À t-on le droit de ne pas porter assistance à quelqu'un parce qu'il n'a peut-être pas de carte d'identité ? de le laisser au froid, à la faim, à l'épuisement et à la peur ? A-t-on le droit de le laisser mourir par racisme, par peur de la répression ? »

Cette mobilisation exemplaire, récompensée par un prix des droits de l'homme de la République française en décembre 2019, est aujourd'hui mise à mal par le changement de municipalité à Briançon et la volonté du maire de fermer certains locaux, fragilisant l'écosystème associatif et bénévole local . Une pétition a été signée par de nombreuses ONG, associations et personnalités, évêque de Gap en tête «  Nous refusons que nos montagnes deviennent un cimetière ».

Même si la forme même du récit peut sembler répétitive, ce livre nous ouvre les yeux et le coeur à une réalité qui nous concerne tous. Comme le dit Edwy Plenel dans sa préface, «  Tous migrants dans le Briançonnais, de même que tous les solidaires et hospitaliers français qui sauvent notre honneur collectif, sont ces grains de sable qui réussissent à enrayer l'indifférence et l'impuissance. »

Merci aux éditions Glénat et à Babelio de m'avoir permis cette lecture .



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Je remercie Masse critique de Babelio et les éditions Glénat pour cette lecture.
Lorsque Stéphanie Besson part en maraude pour secourir les sans-abris, elle s'équipe chaudement : chaussures, skis de randonnée, bonnet, gants, lampe frontale, car ici, c'est en haute montagne que ça se passe. Entre le versant italien et le versant français, nombreux sont les migrants à tenter le passage par la montagne. Ils le font de nuit, ne sont pas préparés au froid et à la dangerosité de la montagne. C'est pour cela que des bénévoles, des associations locales comme « tous migrants » se mobilisent pour éviter des morts inutiles.
Native de Briançon, dans les Hautes-Alpes, Stéphanie Besson connait les dangers de la montagne car elle est accompagnatrice en montagne. Ce livre, c'est son témoignage mais aussi celui de tous ces bénévoles qui ont accepté de nourrir, héberger, réchauffer ces migrants venus de loin afin de leur permettre de reprendre pied. Il donne aussi la parole à tous ces exilés qui ont fui la misère, la guerre et les violences et qui se battent pour une vie libre et meilleure. Leur témoignage est souvent touchant et naïf, ils s'étonnent des habitudes françaises qu'ils tentent de reproduire pour ne pas déranger.
Il est aussi question du harcèlement policier, de la lenteur et de l'incompréhension de l'administration et des retours à la case départ lorsque les migrants sont raccompagnés à la frontière.
J'ai appris ce qu'est la loi de Dublin qui oblige le migrant à ne déposer une demande d'asile que dans un seul pays d'Europe.

Ce livre relate avec simplicité le parcours de gens différents : des migrants venus des pays d'Afrique et des bénévoles, habitants du briançonnais. C'est intéressant, malgré des longueurs et des témoignages redondants. le livre aurait mérité d'être plus concis.
Ce que je regrette, c'est l'absence d'un glossaire reprenant tous les termes, les sigles des organisations gouvernementales, des associations, … Cela faciliterait la lecture qui, parfois, dépasse le néophyte que je suis (un exemple : « Quand il a été dédubliné, il a fallu monter le dossier pour l'OFPRA »)
Ce livre témoignage reste une belle leçon d'humanité par-delà les frontières. Espérons que ces initiatives d'entraide essaiment dans tous les pays où viennent s'échouer ces migrants fuyant la misère et la violence.

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Une autre facette de la montagne. Dans “Trouver refuge”, Stéphanie Bresson nous raconte les montagnes du Briançonnais et le formidable élan de solidarité qui a pu se créer pour secourir, aider et accompagner tous ces exilés et déracinés jetés sur les routes et contraints de prendre des risques inconsidérables en montagne pour trouver refuge en France. Une aventure humaine incroyable qui montre les carences de l'Etat dans cette affaire et les difficultés des pouvoirs publics à accueillir dignement les migrants.

Le livre s'apparente à un journal de bord, précieux témoignage pour tous ces gens qui ont vécu cette aventure mais pour un oeil extérieur la lecture est plutôt ardue. Cela fourmille de trop nombreux témoignages avec son lot de détails et d'anecdotes. A l'inverse, on prend rarement un peu de hauteur pour nous replacer dans le contexte politique des pays de ces migrants ou pour expliquer les raisons de l'exode. Dommage, au regard de l'aventure vécue, il y avait sûrement matière à traiter le sujet différemment mais il n'en reste pas moins une formidable opportunité de mettre en avant ces femmes et ces hommes dans leur combat pour la dignité.
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Briançon. Petite ville de montagne nichée aux confins des Hautes-Alpes, à quelques encablures de la frontière avec l'Italie. Les fortifications de Vauban, vestiges de l'époque où la France faisait face aux menaces du Duché de Savoie, n'ont plus lieu d'être. Dans une Europe qui prône la libre circulation, les frontières intérieures s'effacent. Pourtant aujourd'hui encore, l'étonnante militarisation (Police aux frontières, gendarmerie…) de la région pourrait laisser croire à de nouveaux dangers. C'est que cette sous-préfecture paisible se trouve sur le chemin de migrants. Venus d'Afrique ou du Moyen-Orient, ils franchissent la frontière dans des conditions souvent périlleuses. C'est le contexte de Trouver refuge, de Stéphanie Besson.

Secourir son prochain, une évidence de montagnard.
Stéphanie Besson est une native de Briançon. Elle fait partie de celles et ceux qui ont choisi de s'engager personnellement. Avec l'Association qu'elle a contribué à créer, Tous Migrants, elle tend la main aux exilés qui arrivent jusqu'en France. Dans « Trouver refuge » publié début septembre aux Editions Glénat, elle raconte ces dernières années. Guidée par des idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité, mis à mal « quotidiennement devant mes yeux », elle a participé à ce qui lui semblait une évidence. « Depuis toujours, lorsque quelqu'un s'y trouve piégé [en montagne], on rebrousse chemin, on monte des caravanes, des patrouilles de recherche ». On ne laisse pas une personne en détresse dans un environnement aussi exigeant et hasardeux que la montagne.

« S'entraider au lieu de se barricader »
Mais Stéphanie Besson ne raconte pas sa propre histoire, ne met pas en scène sa générosité, elle raconte celle d'un territoire où des gens ont choisi d'ouvrir leur porte plutôt que de fermer les yeux. Elle relate les parcours de ces migrants qui ont fui la guerre, la misère, les pires atrocités dans leur pays, contraints et forcés. Et qui doivent se battre pour survivre, dans une Europe vantée pour son attachement aux droits de l'homme. Elle évoque aussi la pression policière inacceptable, l'inhumanité de certains décideurs, l'incompréhension, la xénophobie… Au travers des témoignages d'habitants solidaires de la région mais aussi de nombreux migrants, elle partage ce qu'elle a vu, ce qu'elle a touché du doigt. La matérialisation cruelle des politiques de migrations de l'Europe et la tentation d'un individualisme forcené qui n'accepte plus que son quotidien soit perturbé par un inconnu en détresse.

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Récit fort intéressant d'une extraordinaire solidarité à l'initiative de professionnels de la montagne autour de l'accueil des migrants sur Briançon. Constitué de nombreux témoignages des solidaires et des migrants, fruits de l'indignation et de l'espérance... Vivement recommandé et à recommander sans modération.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il neige toujours. Je regarde par la fenêtre. La nuit arrive. Je me prépare, je m'habille chaudement. Ce soir, c'est mon tour, je pars en maraude pour aider des sans-abri. Mais je ne serai pas dans les rues comme cela peut se faire à Paris ou ailleurs en ville. Je m'équipe, car ces sans-abri là se trouvent en perdition dans la montagne.
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Après le désert, il y a eu la mer. Après la mer, il y a eu l’Italie. Après l’Italie, il y a la France. Entre les deux, la montagne, belle et cruelle. [•••] Ici on les admire car ils ont bravé tous ces dangers et gardent le moral, le sourire, l’optimisme, du moins en apparence. Mais ils ne se doutent pas qu’une fois arrivés en France, ils vont devoir livrer un dernier combat, peut-être le plus dur à mener car il est psychologique... Attendre, se justifier, expliquer le pire, prouver, attendre, ne pas être cru, assumer les réponses négatives sans perdre espoir. Jusqu’à être reconnu ou renié par un pays dont ils font pourtant l’éloge et pour lequel leurs grands-pères ont fait la guerre.
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Au début, quand j’étais nouveau, on me donnait et je pouvais recevoir. Mais après quatre ans, ça fait mal de toujours recevoir. Après tant de temps, ce serait normal que ce soit moi qui donne, surtout que je suis jeune, en forme. Je ne peux pas continuer à prendre les choses des mains des autres. Je dois m’occuper de moi tout seul et faire quelque chose de moi, et donner à quelqu’un d’autre, mais je ne peux pas, c’est interdit. Tout est interdit. Ça me rend triste, j’ai l’impression d’être un fainéant. Le jour où je serai payé, je pourrai donner et je le ferai tout de suite.
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Flash-back. Septembre 2015. Le petit Allan est retrouvé mort sur la plage. Indignation de l’opinion publique. Partout en France, des rassemblements spontanés ont lieu [•••] Pour ne pas fermer les yeux, ne pas se résigner, ne pas s’habituer à ces condamnations à mort. Refuser que les politiques nous fassent perdre notre humanité. Refuser de trier des êtres humains selon la couleur, la religion, le niveau d’éducation, le degré de torture, le nombre de viols subis. Refuser d’avoir peur de l’autre.Vouloir simplement que l’humanisme gouverne les choix.
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Quand je suis arrivé, mon lit était fait. B. m'a accompagné et tout montré chez elle, la télé, le frigo. « Fais comme chez toi, elle m'a dit. Tu as faim ? Tu veux venir manger ? » elle était très inquiète pour moi et voulait que je me sente bien. Je voyais sa gentillesse. J'étais touché. Je me demandais : « Comment tu peux accueillir comme ça quelqu'un chez toi et avoir confiance ? » Je pensais beaucoup à ne pas lui manquer de respect, faire doucement, faire attention aux choses. Je pensais beaucoup aux autres, à bien me comporter pour les suivants, pour ne pas la décourager de ce qu'elle fait et qu'il y ait des suivants. p.121
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Videos de Stéphanie Besson (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphanie Besson
Libraire au Rayon Voyage, Morgane vous présente trois idées de lectures, de cadeaux, trois indispensables !
Voici les livres qu'elle vous invite à découvrir :
- "Trouver refuge. Histoire vécues par-delà les frontières", de Stéphanie Besson aux éditions Glénat https://www.librairiedialogues.fr/livre/17235451-trouver-refuge-histoires-vecues-par-dela-les-f--stephanie-besson-glenat-livres - "Rappels" de Louis Lachenal aux Éditions Guérin https://www.librairiedialogues.fr/livre/17001894-rappels-du-mont-blanc-a-l-annapurna-louis-lachenal-paulsen-guerin - "Camper autour du monde" de Luc Gesell aux Éditions Gallimard Voyage https://www.librairiedialogues.fr/livre/16450669-camper-autour-du-monde-luc-gesell-gallimard-loisirs
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