Le début commence mal.
Et pourtant, les enfants lecteurs pourraient avoir le sourire aux lèvres.
Si.
On le devra au petit pouvoir humble d'une écriture conviviale, encrée d'espièglerie et d'humour qui rendra divertissant quelque chose d'au contraire plus amer.
L'auteur
Vincent Cuvellier s'adressera bien à un lectorat d'environ 10 ans donc, parents, vous pourrez y aller clé en main.
"
Alexandre sur les flots" donnera le goût du voyage mais avant, nous racontera en fond de décor l'univers parisien d'Après-Guerre d'Alexandre et y imposera une gouaille rigolote d'un bel optimisme et d'une candeur attachante.
Alexandre n'a pas été à l'école mais il ne faudra pas le prendre pour un nigaud, attention à votre "pif".
Il sera d'une bonne composition encore tendre, comme pour signifier que le pouvoir de l'enfance peut être grand, sauvage, capable de percer le pavé comme une mauvaise herbe malgré la grisaille, les terribles moments, et les schmolls. Les schmolls, ça ne vous dit rien?
On vous en reparle.
Le petit Alexandre se sauve.
Cap vers l'Afrique!
Vous vous demanderez sans doute pourquoi et comment un petit gosse sans le sou se retrouvera seul sur un bateau en 1920?
Alors rapidement, on vous brossera le tableau avant que vous ne vous lanciez seul vers cette Afrique inconnue qui s'imposera dans l'aventure d'Alexandre (qui pensait, lui, partir pour l'Amérique).
Et oui. Non non, ce n'est pas de la faute d'Alexandre, vous verrez.
France. Paris. 1920.
Alexandre ne veut plus rester à l'orphelinat.
Il a déja 12 ans et pourra y rester dormir mais en revanche, à défaut d'aller à l'école, il faudra participer aux charges qui coûtent et travailler.
Alexandre tentera d'y croire, sinon à quoi bon: il existe forcément un autre destin quelque part pouvant l'attendre, autre chose de plus sympathique que d'assommer les porcs à la Villette et de découper la viande d'une boucherie à seulement 12 ans, se convaincra t-il.
Décider de sa vie en 1920 ou laisser la situation du pays décider pour soi.
Le petit Alexandre décidera alors et de laisser derrière lui les ravages de la 1ère Guerre en France, les mines adultes affectées,
les femmes fatiguées, l'orphelinat ennyeux, la pénible tâche à l'abattoir, la réalité qui fera travailler les enfants.
Bref, Alexandre aura encore assez d'espoir, d'ambition et d'imagination pour envisager qu'un reste de famille pourrait être content de l'accueillir si il connaissait son existence.
Il se souvient vaguement avoir entendu parler de gens partageant sa particularité "génétique" en Amérique, des gens avec des oreilles pointues (Si c'est vrai!).
Alors, l'imagination d'Alexandre tournera à petit régime d'un mode tranquille de machine en mode pré-lavage, avec pleins d'idées dedans qui tournent, nouvelles et folles, comme celles des américains, et avec des indiens aussi.
N'est-ce pas cela que l'on appelle l'Espoir?
Sur la 1ère de couverture, derrière Alexandre, nous apercevrons la petite Elisabeth, qui elle aussi, rappelez-vous, avait mis les voiles de son orphelinat en Normandie vers la capitale de Paris.
Elle avait sa propre histoire intime à régler.
"
Elisabeth sous les toits" et "
Alexandre sur les flots". Ils se croiseront, ça sera amusant pour le lecteur et Elisabeth partira vers les quartiers de Paris et Alexandre se dirigera vers les ports de Bretagne.
Et puis, on vous la dit, revoila les Schmolls! Ces créatures noires et grouillantes dans les recoins des greniers Haussmaniens vus dans le roman d'Elisabeth, l'élément imaginaire inattendu qui va corser l'aventure de sa petite pincée fantastique.
Les Schmolls seront attirés par les miettes de tristes pensées comme les rats par les miettes de pain.
Ils auront l'air rigolos et plus sympas que des cafards.
L'auteur aura trouvé ce moyen efficace pour figurer un malheur entretenu, une tristesse ambiante qui se nourrira d'elle-même dans un contexte difficile.
Partout où les gens seront affectés par la misère ou la perte de proches, les Schmolls viendront y camper et...par centaines comme des cafards.
Même sur son gros détour vers l'Afrique, lui a t-on dit, cela pullulera de schmolls.
Une riche idée qui permettra de parler des choses trop sérieuses d'une époque sans affecter les jeunes lecteurs.
Attention, n'attirez pas les Schmolls chez vous, parbleu!
On avait adoré l'autre tome et on se régale de celui-là.
Goûtez-y, vous nous en direz des nouvelles!
Et vous laissera la surprise pour la suite.