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EAN : 9791096098538
160 pages
Playlist Society (21/04/2022)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Bi Gan, Diao Yinan, Jia Zhang-ke... La nouvelle génération de cinéastes chinois forge des oeuvres mutantes. Animés par des interrogations sociales, bouleversés par l’avènement du numérique et les possibilités offertes par la technologie, ils proposent des films aux confluents du réel et de l’imaginaire. L’incroyable surgit souvent quand on ne l’attend pas, à l’image d’un immeuble qui décolle telle une fusée dans Still Life ou d’un train défilant au beau milieu d’un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une passionnante mise en perspective thématique du cinéma chinois le plus contemporain, avec ses foisonnements et ses constantes secrètes.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/04/note-de-lecture-le-realisme-magique-du-cinema-chinois-hendy-bicaise/

Comme le soulignait avec humour l'auteur Hendy Bicaise, par ailleurs déjà auteur d'un remarquable travail sur le cinéma de M. Night Shyamalan, lors d'une soirée de lancement à la librairie Charybde, à propos de ce « le réalisme magique du cinéma chinois », publié fin avril 2022 chez Playlist Society, « il y avait un côté fou dans un tel projet, qui aurait pu aisément se dérouler sur 400 ou même 600 pages ». Pour nous offrir la moelle précieuse de ce cinéma-là, les 130 pages denses finalement retenues font merveille : des moments fondateurs aux développements les plus récents, de l'instant « Still Life » de Jia Zhang-ke en 2006 aux libérateurs « Damp Season » de Gao Ming ou « Courir au gré du vent » de Wei Shujun en 2020, des déconstructions et reconstructions physiques et symboliques de « Un grand voyage vers la nuit » (Bi Gan, 2018) ou de « Séjour dans les monts Fuchun » (Gu Xiaogang, 2020) aux renversements réels et irréels de « The Cloud in Her Room » (Zhang Lu Xinyuan, 2021), des révoltes de « Les anges portent du blanc » (Vivian Qu, 2017) ou de « The Pregnant Ground » (Hoalu Wang, 2019) aux ruses pleines de rage rentrée de « Have a Nice Day » (Liu Jian, 2017) ou de « Dead Pigs » (Cathy Yan, 2018), ce parcours thématique et subtil parmi les facettes à la fois disjointes et curieusement convergentes de ces courants artistiques tumultueux est un véritable enchantement de ferveur et d'érudition rendue efficace.

Une fois de plus, un ouvrage des éditions Playlist Society réussit ce petit miracle : être suffisamment pointu pour captiver les passionnés du cinéma chinois contemporain déjà bien documentés, et être suffisamment accessible pour éclairer les simples curieux, et leur donner envie de se plonger davantage dans cet univers. En dehors des approches monographiques dédiées à un cinéaste, qui ont fait la réputation initiale de la maison (on songe par exemple à Steven Soderbergh, à David Cronenberg, à Terrence Malick, à Christopher Nolan, à Lily et Lana Wachowski, à J.J. Abrams, à Tony et Ridley Scott, ou encore à Paul Verhoeven), c'est déjà cette caractéristique qui distinguait les ouvrages précédents proposant des coupes transversales concernant plusieurs artistes simultanément, tels les si remarquables « Un monde parfait selon Ghibli » ou « Géographie zombie ».

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le réalisme magique du cinéma chinois trouve sa source dans une scène de Still Life (Jia Zhang-ke, 2006), restée dans les mémoires en raison d’un surgissement absolument imprévisible. Elle intervient au cœur du récit, au détour d’une saynète a priori anodine : le réalisateur filme une femme en train d’étendre du linge sur son balcon, lorsqu’un immeuble s’élève soudainement dans les airs à l’arrière-plan, semblable à une fusée. L’événement incroyable tranche net avec l’approche réaliste qui régissait jusqu’alors l’intrigue, la caractérisation et la description de l’environnement documenté par ce film de fiction : le quotidien des habitants de Fengjie depuis la construction du barrage hydraulique des Trois-Gorges. Tourné dans la foulée de son documentaire Dong (2005), Jia Zhang-ke utilise alors pour la seconde fois de sa carrière une caméra numérique. Dès la fin des années 2000, la technologie devient la norme pour les réalisateurs de films d’auteur chinois, mais aussi pour les blockbusters de fantasy. A priori distante, en termes budgétaires autant qu’esthétiques, la nouvelle génération du cinéma d’auteur chinois s’approche néanmoins de ces grosses productions chinoises par son appétence pour le cinéma de genre. Seulement, l’ambition diffère : alors que les blockbusters contemporains substituent un monde imaginaire au nôtre, le nouveau cinéma d’auteur chinois se contente d’une simple greffe de l’irréel. Il ne s’agit pas pour ces cinéastes de se fondre sans réserve dans l’imagerie du cinéma de genre, pour mieux la populariser voire la standardiser, mais à l’inverse de garder un pied dans le réel, tout en s’appuyant sur les possibilités offertes par le numérique pour incorporer des visions qui s’en sont échappées, déroutant et subjuguant dans un même souffle les spectateurs.
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Le cinéma chinois est traditionnellement considéré en termes de « générations » successives, de même que l’histoire nationale s’est longtemps articulée en dynasties. Bien que dominante, cette approche historique fractionnée du pays ne fait pas consensus. […] Le cinéma chinois est alors embarqué dans ce désir de périodisation, avec la particularité d’être pensé à rebours, telle qu’elle [la critique culturelle Dai Jinhua] le décrit aussi : « Ce n’est que lorsqu’une cohorte de nouveaux réalisateurs – aux noms désormais familiers comme Chen Kaige et Zhang Yimou – sont sortis diplômés de l’Académie de cinéma de Pékin en 1983 que le terme de « cinquième génération » a soudainement émergé. En réaction à cette cinquième génération, ceux qui avaient débuté leur carrière vers 1979, soit à peine quatre ans plus tôt, et qui étaient encore considérés comme un groupe de « jeunes réalisateurs », ont alors été rétroactivement désignés comme la « quatrième génération ». en conséquence, des réalisateurs-phares du cinéma chinois post-1949, tels que Xie Jin, en deviennent la troisième. Pendant longtemps, personne ne semblait particulièrement curieux de savoir qui pouvaient bien être ceux de la première et de la deuxième génération du cinéma chinois. Et personne ne s’est demandé non plus si ces lignes générationnelles étaient tracées sur la base d’une logique de périodisation propre à l’histoire de l’art cinématographique, à l’histoire de la culture politique, ou même à un autre domaine. Personne ne semblait concerné par de telles questions car nous partagions tous tacitement la même approche de l’histoire contemporaine. Je me suis rendu compte que la fin d’une époque n’est prononcée qu’une fois le début de la suivante déclaré. »
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