Sous couvert d'un roman feuilleton de cape et d'épée,
Alexandre Dumas aurait écrit, avec “
Les trois mousquetaires”, un roman révolutionnaire, soutenant la cause des femmes et le féminisme à travers le personnage de Milady. Partant de ce postulat,
Sylvain Venayre et
Frédéric Bihel nous offrent une bande dessinée qui réécrit le texte du point de vue de la célèbre espionne du cardinal de Richelieu.
Le pari est audacieux et le rendu se lit sans déplaisir, même si je n'ai pas trouvé que ça apportait un réel éclairage à l'histoire (peut-être mes souvenirs de lecture du roman de Dumas sont-ils trop anciens et manquent-ils de précision…). Globalement, j'ai eu l'impression de lire la même histoire, si ce n'est que le personnage central était cette fois la fascinante Anne de Breuil. On y retrouve le même caractère de femme insoumise et révoltée envers la violence des hommes, à l'intelligence vive et calculatrice, capable de mener à bien des missions hautement périlleuses et de rendre les coups qu'elle reçoit avec ses propres armes.
Ce qui m'a le plus gênée, c'est peut-être le dessin finalement… Même si j'aime assez le côté noir et blanc du crayonné, ainsi que le mouvement que ça initie dans les pages, je dois dire que j'ai trouvé la qualité du trait assez inégale. Certaines planches sont superbes, très expressives et pleines de contrastes, tandis que d'autres ne permettent même pas d'identifier précisément le personnage… Je ne savais pas, par moments, quel était l'interlocuteur de Milady, tant les visages sont similaires parfois. de même, Milady dont on vante la beauté à de nombreuses reprises, est souvent représentée avec la bouche tordue et les yeux fous, ce qui ne met pas vraiment en valeur ses atouts de séductrice…
Un sujet passionnant donc, pour une bande dessinée qui l'est un peu moins… Une lecture qui sera vite oubliée en ce qui me concerne, mais qui me donne envie d'aller voir du côté d'
Agnès Maupré et de sa “Milady de Winter”.