La sorcellerie ou magie était un crime excepté et pour son énormité et parce qu'il se commettait la nuit dans des lieux solitaires, par des gens ordinairement masqués, qui avaient juré, lors de leur admission, de garder un silence éternel sur leurs opérations, et de ne jamais révéler leurs complices On sent combien il était difficile de poursuivre de tels gens par les voies ordinaires, et de suivre des règles constantes ; on devait donc laisser au juge une grande latitude.
L'opinion des hommes les moins disposés à croire au merveilleux est favorable aux présages. — L. Lavater, ministre de Zurich, après avoir dit que la plupart des apparitions sont dues à la peur et à l'imagination, que les prêtres papistes les contrefont pour s'enrichir, etc., dit: que ce serait une impudence insupportable de les nier ; des écrivains dignes de foi et l'expérience journalière prouvent qu'il y a des esprits... et quand les faits qui précèdent la mort de certains personnages ne sont pas de vaines opinions ou des choses naturelles, ce sont des avertissements de Dieu, pour qu'on sache que rien n'arrive sans qu'il l'ait ordonné.
Les réformés, vantant leur doctrine comme infiniment supérieure à celle des papistes, n'admettaient ni le purgatoire, ni l'invocation des saints anges, etc., et différaient de sentiments sur certains points concernant les opérations des mauvais esprits et les moyens de les chasser, etc., etc. :— l'eau bénite, le signe de la croix étaient des superstitions; le retour des morts selon eux étant impossible; c'étaient pour eux constamment des apparitions do démons. Comme il est permis à ces derniers de se transformer souvent en trépassés et de demander des prières, c'était rendre incertaines les vraies apparitions des défunts.
Les pratiques de la magie se sont présentées isolément durant le moyen-âge : c'est au quinzième siècle, qu'on observa les caractères épidémiques signalés par quelques manigraphes de.nos jours; cependant, dès la fin du quatorzième siècle, en 1398, la Faculté de théologie de l'Université de Paris s'était déjà vue forcée d'établir des règles contre les envahissements de la magie ; mais ce fut du quinzième au dix-septième que la panique devint générale.
En parlant de la magie en Espagne, on serait naturellement amené à dire quelques mots de l'Inquisition, s'il était possible d'entrer dans quelques détails.— Celle-ci est fortement accusée d'avoir été cruelle, de s'être ingérée dans des fonctions qui devaient, en tous cas, appartenir aux juges laïques; d'avoir eu une vive propension à chercher partout ses victimes, etc.