Terre il faut mourir est un recueil de nouvelles rassemblant 8 histoires courtes de science fiction. le style est assez efficace, simple, les personnages sont souvent bien décrits, assez complexes pour des nouvelles, l'intrigue est solide, avec du suspense et une tendance hard SF, la science est omniprésente, du niveau de son époque bien sûr. Ce recueil a été écrit à la fin des années 50,
James Blish est américain et la guerre froide est très présente en arrière plan dans plusieurs de ces nouvelles.
1 - Les Pompe-cervelles (Tomb Tapper)
Une équipe militaire est chargée d'explorer, avec un appareil portatif, les cerveaux des soldats ennemis fraîchement morts pour extorquer des secrets militaires. Un équipe part à la recherche du lieu d'un crash, mais s'agit-il vraiment d'une fusée du bloc ennemi ? Bon suspense, une intrigue angoissante et étrange, avec une fin surprenante, ça démarre fort.
2 - L'Affaire du VS 1 (King of the Hill)
Un militaire, seul dans une base en orbite autour de la terre reçoit l'ordre de bombarder sa propre capitale. C'est un récit sur la folie, militaire ou individuelle, encore un récit teinté de “Guerre froide”, ambiance angoissante, avec encore une fin moins tranchée mais non moins surprenante.
3 - Sautes de temps (Common Time),
Un spationaute expérimente un nouveau type de voyage spatial, c'est l'occasion pour l'auteur de nous présenter un exercice de style assez sympathique sur la déformation du temps, mais la suite se perd vers une fin qui manque d'originalité et des élucubrations pas très claires. On sent que l'exercice de style prédomine sur le développement de l'histoire, c'est un peu dommage.
4 - Oeuvre d'art (Art-Work / A Work of Art),
Un petit bijou, c'est peut-être la plus courte du livre, mais certainement la plus riche. le docteur Kris ressuscite Richard Strauss en 2161, soit 212 ans après sa mort. de nombreux thème sont abordés, sur le talent, la modernité, la création musicale, les progrès médicaux, l'éthique scientifique, et encore bien d'autres, avec une fin à couper le souffle. Rien que pour cette perle, ce livre en valait vraiment la peine.
5 - le Joueur de flûte (To Pay the Piper),
Variante sur le thème de la légende du joueur de flûte de Hamelin en version post apocalyptique. La guerre a ravagé la terre, les humains vivent sous terre, avec aucune chance de survie en surface, mais le camp qui reprendra en premier la surface sera forcément le vainqueur de cette guerre. Bien ficelé, le parallèle avec la vieille légende donne un armature solide et originale au récit, avec une fin aussi assez solide et surprenante, je reste cependant un peu sur ma faim, les idées, la thématique et le monde imaginé auraient mérité de se retrouver dans un roman plus long, trop court, trop peu développé pour un sujet si riche.
6 - Les Étoiles sont des prisons (Nor Iron Bars),
Celui-ci est un récit de hard SF pur et dur, à nouveau on retrouve le thème du voyage expérimental avec une nouvelle technologie. Vraiment bof, cette nouvelle a très mal vieilli, contrairement au reste, on y trouve des personnages caricaturaux, des théories scientifiques un peu ridicules, un développement banal, et une fin sans relief, le style neutre ne permet même pas d'y trouver un plaisir vintage, c'est pour moi le gros point faible du recueil.
7 - Bip (Beep),
Celle-ci m'a beaucoup plu, ambiance d'espionnage sous fond de prédictions de l'avenir, cette nouvelle est construite sous forme de poupées gigognes, avec du suspense, de la technologie, des surprises, peut-être la plus haletante du recueil.
8 -
Terre, il faut mourir (This Earth of Hours)
Enfin celle qui donne son nom au livre, mais qui n'est sans doute pas la meilleure, c'est une histoire d'expansion de la civilisation humaine à travers la galaxie, du space opera très classique. Pas désagréable, mais le format nouvelle ne permet pas de développer suffisamment les personnages, on reste sur un récit un peu brouillon, souvent incohérent, pas très original, sympa mais sans plus…
C'était pour moi une découverte de cet auteur qui me donne envie d'en connaître plus, donc une lecture très positive dans l'ensemble, le plaisir était au rendez-vous, même si le niveau était inégal, mais c'est généralement le cas dans le recueils de nouvelles.