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Jack Boland (Autre)
EAN : 9791097515348
89 pages
Editions la Trace (27/05/2020)
4.21/5   12 notes
Résumé :
« Je ne peux plus éviter l’affrontement.
Nous y sommes. Mes certitudes élaborées et architecturées au millimètre, viennent de s’écrouler, se déglinguent. L’abcès qui me dévorait, chargé de napalm, ce boulet dévastateur qui comprimait ma poitrine, maintenant se déballonne au crissement de ses pas... »
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Une vieille bâtisse, au milieu des érables. Et la garrigue à perte de vue.

Une vieille bâtisse. Celle du père. Celle sur laquelle pèse toujours ce silence, cette ombre, cette absence, longue de trente années. Depuis ce jour où…

Oui. Trente années. Un bail. Trente années où l'incompréhension aura fait place au doute puis le doute à la colère… Jusqu'à cette graine de certitude qui germera en moi et qui réclamera vengeance.

Trente années sans nouvelles de mon frère… Trente années pour détricoter les mailles de cet amour fraternel. Et aujourd'hui, enfin, boucler la boucle.

« Celui qui arrive est un homme épuisé. Qu'il le soit brusquement me désarme. Je l'imaginais gladiateur, navigateur baraqué, solitaire, virant la bouée de chaque pôle, torse nu, seul sur le pont, les voiles en lambeaux. Grand reporter, rampant dans les ruines de Bagdad ou de Kaboul. Orpailleur hors-la-loi inondant de mercure les flots grondants de l'Iguaçu ou de l'Amazone. Tombeur de princesses ou trafiquant d'armes.

Non. Il n'est que vieux. Il a tué le père. Il est en marche. Il me revient. »



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Dans la très belle collection TEXTE des Éditions LA TRACE, L'Amort Fraternel est loin de faire pâle figure.

C'est une courte nouvelle. Et pourtant, en moins de 70 pages, Jack Boland parvient à faire de ces retrouvailles fraternelles un moment puissant, psychologiquement intense, où se confrontent haine et amour…

Une écriture directe, brute, dépourvue de rondeurs et qui entraîne avec efficacité le lecteur dans l'ambiance de ce huis clos. Une nouvelle dont le climat oppressant n'est pas sans me rappeler le Puits, d'Ivàn Repila.

Je ne connaissais pas encore Jack Boland mais je me plongerai volontiers dans son précédent roman Crève la faim, sorti l'année dernière.
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Ayant quitté son frère sans explications après la mort de leur père malade, Paul revient dans la maison familiale après trente ans d'absence.
Il ignore que durant ces trente années, un flacon vide retrouvé dans une poubelle a laissé le doute et les certitudes maintes fois ressassées s'insinuer dans l'esprit de son frère y semant haine et rancoeur.

Un texte court, vigoureux, efficace et bien rythmé.
En moins de septante pages, Jack Boland réussit l'exploit d'écrire une nouvelle digne des plus grands auteurs de thrillers psychologiques.
Tout y est, le suspense, l'humour noir, le décortiquage de l'âme humaine et une chute particulièrement savoureuse.
Maniant la plume avec brio, il utilse des néologismes percutants et un lexisme sonore qui donnent toute sa puissance au récit.

Ce que j'appelle un vrai bon moment de lecture !!
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Cet opuscule est résumé dans le titre… un jeu de mot puissant et révélateur de ce long monologue dense et sombre.
Une découverte fortuite et une absence de 30 ans ont peu à peu instillé doute, puis certitude chez le narrateur : « Je fus, pendant toutes ces années, ce juge tragique qui se crut infaillible et se doubla d'une logique de détective borné. » S'ensuivent un huis-clos tendu fait de non-dits et une tragédie.
La pirouette finale est totalement imprévisible et révèle tout le talent de cet écrivain par ailleurs metteur en scène de théâtre.

PS : Merci aux Editions La Trace pour cet envoi joint au livre sélectionné dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Serré comme un café fort, mené d'une main de maître, « L'Amort Fraternel » est un texte de 69 pages crissant comme la glace. Un retournement de situation (dont je ne dirai rien). Jack Boland pousse le lecteur dans le dos, force le huis-clos. L'ambiance est hivernale. « Qu'est devenu ce vieux parricide naïf qui, doutant de ma fragile mémoire ou la supposant clémente, ose reparaître devant moi ? » « Bien sûr que le père n'aurait pas vécu beaucoup plus longtemps, mais nous assurait le toubib : Il en a encore pour plusieurs mois… plus, s'il ne fait pas d'imprudences. » le narrateur doute. Les soupçons sont vifs, lames de fond. Il pressent son frère Paul coupable : flacon vide, 10 gouttes pas plus quotidiennement. Seul dans la maison paternelle, les rancoeurs enflent, crescendo, tsunami, elles happent le narrateur. La teneur de « L'Amort Fraternel » est hors norme, une mise en abîme captivante. Une fratrie écartelée par les méprises, les cartes qui vont se retourner, vite, trop vite. Qui est Paul, ce frère revenant ? « Celui qui arrive est un homme épuisé. Qu'il le soit brusquement me désarme…. Non. Il n'est que vieux. Il a tué le père. Il est en marche. Il me revient. » Jack Boland délivre un récit claquant, intuitif, habile. Il ouvre les tiroirs, un à un, incite le grave, la violence des aprioris, filigrane qui va piéger l'idiosyncrasie. Les fissures générationnelles, les jalousies intestines, les doutes, les psychoses. Profond, « L'Amort Fraternel » est un récit noir, psychologique, superbe. Il prouve un Jack Boland accroché aux branches d'une histoire plausible. Il arrime les mauvaises pensées, les métaux, le contraire d'une exactitude des faits. Et c'est là que le chant est beau, insistant et enclenche une vengeance, une destinée contrée par la marche des mauvaises directions, compagnons en déroute des existences floutées, les convictions implacables. Jack Boland est un nouvelliste de renom. Acide, caustique, brillante, la chute est une prouesse, la preuve, le non-retour. Lisez « L'Amort Fraternel ». Prenez garde à l'envers du décor, à la traversée du miroir. Publié par les majeures Éditions La Trace.
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L'Amort fraternel, c'est d'abord un titre intrigant, qui serait comme un mélange d'amour fraternel et de regrets éternels. Ou Amort, comme mise à mort. Il y a un peu de tout cela dans ce texte bref et haletant qu'on lit d'une traite. Deux frères se sont séparés après la mort de leur père, laissant le goût amer du doute chez l'un des deux, l'auteur du récit. Un doute qui au fil des années monte en puissance, devient certitude et crie à la vengeance. Tout est prêt lorsque Paul revient des années plus tard dans la maison paternelle où son frère l'attend.
Un texte magnifiquement écrit sur la méprise qui peut faire d'un homme un meurtrier. Cela fait réfléchir. Sans pour autant devenir meurtrier, qui ne s'est jamais trompé sur autrui et n'a tué avec des phrases assassines ?
 
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'imprévisible refoulement de mes haines me souffle d'abolir ma vengeance et m'exige - Ô surprise - d'aimer l'Humain, l'Homme, tous les hommes. Bigre !
Une émotion inattendue vient me violenter d'une frauduleuse virilité de cœur. Pourtant, il y a belle lurette que j'ai perdu le goût des autres. Je n'encombre ma vie que d'amours factices et de faux sentiments, ça me repose. Je suis sauf de la moindre fièvre. Si je n'aime plus, c'est faute de ne plus avoir assez de temps devant moi pour le consacrer à des instants imaginés divins, du moins en poésie.
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Parti avec une carapace, il revient avec une armure, mais, me dis-je, raclant des copeaux d'espoir, peut-être qu'en soulevant sa cotte de mailles de deux doigts prudents, découvrirai-je quelques failles. Un rien de rouille.
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Celui qui arrive est un homme épuisé. Qu'il le soit brusquement me désarme. Je l'imaginais gladiateur, navigateur baraqué, solitaire, virant la bouée de chaque pôle, torse nu, seul sur le pont, les voiles en lambeaux. Grand reporter, rampant dans les ruines de Bagdad ou de Kaboul. Orpailleur hors-la-loi inondant de mercure les flots grondants de l'Iguaçu ou de l'Amazone. Tombeur de princesses ou trafiquant d'armes.

Non. Il n'est que vieux. Il a tué le père. Il est en marche. Il me revient.
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Que faire de ce criminel en liberté qui va me transformer en un juge incorruptible. Comblé de mes certitudes, celles maintes fois ressassées, il ne manque, pour étayer mes convictions, que les sacrales saintes preuves dont le jury se suffirait. Tant pis.
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Celui qui arrive est un homme épuisé. Qu'il le soit brusquement me désarme. Non. il n'est que vieux. Il a tué le père. Il est en marche. Il me revient.
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