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EAN : 9782070196906
264 pages
Gallimard (09/06/2016)
4.29/5   7 notes
Résumé :
En 1961, après la publication de L’Auteur, Jorge Luis Borges fait paraître une anthologie personnelle de ses œuvres, une sélection dans son « propre cosmos ». Le voici donc lecteur de l’auteur, selon un processus labyrinthique qui lui est cher, dans une nouvelle enquête, à la recherche du livre de ses livres.
Cette anthologie personnelle rassemble une cinquantaine de courts textes et poèmes, choisis dans ses recueils antérieurs (Fictions, L’Aleph, L’Auteur…)... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Mes préférences ont dicté ce livre. Je veux être jugé par lui, justifié ou désapprouvé par lui. »

C'est donc Borges lui-même qui a sélectionné les textes en vers et ceux en prose qui composent ce recueil de poèmes et de contes issus de certains de ses livres précédemment publiés.

On retrouve entre autres ses meilleurs contes issus de "Fictions" (Funes ou la mémoire, les ruines circulaires, la mort et la boussole, etc.), certains des chefs d'oeuvre de "l'Aleph" (l'Aleph, le Zahir, etc.), de nombreux poèmes issus des deux recueils "l'Autre, le même", et "l'Auteur", ainsi que quelques textes issus de "Autres inquisitions".

Pour découvrir, redécouvrir, lire ou relire ces petits joyaux de la littérature fantastique par l'orfèvre argentin.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je suis


Je suis le seul homme sur la Terre et peut-être n’y a t’il ni Terre ni homme.
Peut-être qu’un dieu me trompe.
Peut-être qu’un dieu m’a condamné au temps, cette longue illusion.
Je rêve la lune et je rêve mes yeux qui la perçoivent.
J’ai rêvé le soir et le matin du premier jour.
J’ai rêvé Carthage et les légions qui dévastèrent Carthage.
J’ai rêvé Lucain.
J’ai rêvé la colline du Golgotha et les croix de Rome.
J’ai rêvé la géometrie.
J’ai rêvé le point, la ligne, le plan et le volume.
J’ai rêvé le jaune, le rouge et le bleu.
J’ai rêvé les mappemondes et les royaumes et le deuil à l’aube.
J’ai rêvé la douleur inconcevable.
J’ai rêvé le doute et la certitude.
J’ai rêvé la journée d’hier.
Mais peut-être n’ai-je pas eû d’hier, peut-être ne suis-je pas né.
Je rêve, qui sait, d’avoir rêvé.
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Ein Traum (1976)


Les trois le savaient.
Elle c’était la compagne de Kafka.
Kafka l’avait rêvée.
Les trois le savaient.
Lui était l’ami de Kafka.
Kafka l’avait rêvé.
Les trois le savaient.
La femme dit à l’ami:
Je veux que cette nuit tu m’aimes.
Les trois le savaient.
L’homme lui répondit: Si nous péchons,
Kafka cessera de nous rêver.
Un le sut.
Il n’y avait personne d’autre sur la terre.
Kafka se dit:
Maintenant qu’ils sont partis tous les deux, je suis resté seul.
Je cesserai de me rêver.
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Ma vie entière

(Mi vida entera, 1925)


Me voici encore, les lèvres mémorables,
unique et semblable à vous,
J’ai persévéré dans l’à-peu-près du bonheur
et dans l’intimité de la peine.
J’ai traversé la mer.
J’ai connu bien des pays ;
j’ai vu une femme et deux ou trois hommes.
J’ai aimé une enfant altière et blanche et
d’une hispanique quiétude.
J’ai vu d’infinies banlieues où s’accomplit
sans s’assouvir une immortalité de couchants.
J’ai goûté à de nombreux mots.
Je crois profondément que c’est tout et que
je ne verrai ni ne ferai de nouvelles choses.
Je crois que mes journées et mes nuits égalent
en pauvreté comme en richesse celle de
Dieu et celles de tous les hommes.

***
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Je ne serai plus heureux (Ya no seré feliz)


Je ne serai plus heureux. C’est peut-être sans importance.
Il y a tant d’autres choses dans le monde;
un instant quelconque est plus profond
Et divers que la mer.
La vie est courte,
Et même si les heures sont longues, une obscure merveille nous guette,
La mort, cette autre mer, cette autre flèche
Qui nous délivre du soleil et de la lune et de l’amour.
Le bonheur que tu m’ as donné
Et que tu m’as retiré doit disparaître;
Ce qui était tout ne sera plus rien.
Il ne reste que le plaisir d’être triste,
Cette vaine habitude qui me fait pencher
Vers le sud, vers une certaine porte, vers un certain coin de rue.

***
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Mes préférences ont dicté ce livre. Je veux être jugé par lui, justifié ou désapprouvé par lui.
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Videos de Jorge Luis Borges (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
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