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4,19

sur 2954 notes
Deux raisons majeures m'ont conduite à finir ce roman:
primo, c'est un ami qui me l'a vivement recommandé en m'en parlant comme l'un de ces livres qui restent gravés en soi, secondo, Boulgakov a mis 15 ans à l'écrire. La culpabilité aurait été trop grande si je l'avais abandonné!
Pourtant j'avoue ne pas y avoir pris beaucoup de plaisir. C'est un conte fantastique dans lequel se mêlent l'amour fou, la satire du régime stalinien, des réfléxions philosophiques sur l'existance de Dieu et surtout de Satan, tout ceci dans une ambiance burlesque et un décors délirant. Cela donne envie mais ce roman est truffé d'allusions à la vie politique et culturelle de l'époque staliniene,cette Histoire étant étroitement mélée à l'histoire intime de l'auteur avec ses déboires dus à la censure. A moins d'une parfaite connaissance de l'une et de l'autre, ce qui est très loin d'être mon cas, il faut , sans cesse, aller consulter les multiples notes en fin d'ouvrage. Cela m'a empécher de m'immerger dans le roman, je n'ai pas pu me laisser embarquer par Satan (qui est bien plus passionnant que Jesus!) et l'élan de la lecture ne peut pas prendre son envol...La structure du récit est originale, elle nous balade entre l'éxecution du Christ par Ponce Pilate (sujet du livre du Maître) et les intigues stalinienes sans oublier des chapîtres truculents comme le bal de Satan ou le spectacle de magie noire plus qu'hallucinant. Mais tout cela est dur à suivre. Là où il aurait fallu oublié tout sérieux pour se laisser aller au délire fantastique, les notes venaient paradoxalement freiner cette envie et rattacher à de l'intellect...Sûrement trop pour ma petite tête! :)
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Une originalité radicale, le fruit secret, railleur, du totalitarisme, peut-être faut-il avoir vécu sous Staline pour comprendre ce livre. À première vue, celle d'un parisien du 21e siècle, un paquet d'étrangetés. La première partie — 300 pages — se termine par une sortie du prestidigitateur : « Ce qui se passa encore d'étrange, cette nuit-là, à Moscou, nous ne le savons pas, et nous ne chercherons pas, on le comprend bien, à le savoir, d'autant que le temps est venu pour nous de passer à la deuxième partie de ce récit empreint de vérité. Suis-moi, lecteur ! » (p 304), et la seconde, par un épilogue qui rebat les cartes pour nous perdre un peu plus et se clôt somptueusement : « Alors, la lune entre en folie, elle déverse des torrents de lumière droit sur Yvan, elle fait jaillir sa lumière de toutes parts, c'est une crue de lune qui se répand dans toute la pièce, la lumière tangue, elle monte, elle monte encore, elle noie le lit. Et Ivan Nikolaïevitch dort, le visage heureux. Au matin, il s'éveille, silencieux, mais parfaitement tranquille et rétabli. Sa mémoire, percée par des dizaines d'aiguilles, s'apaise et plus personne ne troublera le professeur jusqu'à la pleine lune suivante : ni l'assassin sans nez de Hestas, ni le cinquième et cruel procurateur de Judée, le chevalier Ponce Pilate » (p 550). Précisons qu'Ivan est un personnage tout à fait accessoire, et plus encore Hestas et son assassin, ce qui n'est pas le cas de Ponce Pilate.

On ne raconte pas l'histoire, deux histoires à 2000 ans de distance : trois jours étouffants à Moscou, un peu moins à Jérusalem, dans la même touffeur, suivie du même orage. Il est question dans la seconde partie du Maître et de Marguerite qui meurent empoisonnés pour renaitre libres, d'un magicien, de littérateurs peureux et raisonneurs, de Satan et de Ha-Notzri Ieshoua, de la milice et des étrangers maléfiques, le tout dans un décor minutieux qui rappelle le réalisme fantastique de Flaubert dans salammbô ou Hérodias.

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Quand il arrive en ville, mieux vaut changer de trottoir. N'essayez pas de le contredire, l'avenir il le connait, c'est lui qui le fait. Et gare à ceux qui oseraient nier son existence, ce sera l'exil ou l'asile. Qui ? un renégat ? un despote ? non, le diable, tout simplement. Dans le roman le Maitre et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, , le diable débarque à Moscou pour régler quelques affaires courantes qui en disent long de la vanité et de l'orgueil humains.

En enfer il y aura de la place pour tous : est toujours le méchant de quelqu'un et il y a toujours plus méchant que soi. L'hôte des lieux ne négligeant personne, il accueille tous les déchus sans distinction : « il n'y a pas que les légendes, il y a aussi les faits divers ».

Réécrivant la mythologie manichéiste à l'aune du malin, l'enfer est punitif pour les uns, libérateur pour les autres, Boulgakov vient nous rappeler que les mythes et les légendes ont encore des choses à nous dire, à nous, adultes, à nous, hommes modernes.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Boulgakov est issu d'une famille russe traditionnelle, attachée à la religion orthodoxe, à la monarchie et à l'empire russe. Il a mis une dizaine d'années pour écrire et finaliser ce roman, terminé juste avant sa mort en 1940. Avec ce roman fantastique, commencé au moment le plus dur du régime stalinien, il s'agissait pour lui de s'attaquer au régime soviétique et de le dépeindre mis à mal et désorganisé par une intervention surnaturelle. La figure du diable, personnage sulfureux par excellence, permet invention et audace littéraires : dans le Maître et Marguerite, le diable devient le moyen de dénoncer implicitement le manque de liberté. Ce roman est l'oeuvre d'un écrivain désespéré et muselé, qui n'a plus aucun espoir d'être publié.
Le Maître et Marguerite est un roman difficile à lire : les clefs de lecture sont multiples et imbriquées les unes dans les autres…


Traditionnellement, l'imaginaire diabolique tourne autour d'une mauvaise rencontre suivie d'un pacte avec acceptation de dons ou de présents et participation au sabbat. Boulgakov réunit tous ces ingrédients basiques dans son roman.
Son personnage diabolique, quoique d'apparence humaine, présente des détails étranges qui trahissent sa nature : difformité, bizarrerie, accent. Il peut sembler grotesque, joue souvent à détourner des sujets sérieux, la mort notamment, en les ridiculisant. Les démons secondaires, quant à eux, apparaissent toujours sous une apparence légèrement différente de la fois précédente. J'ai une préférence marquée pour le chat Béhémoth.
Le pacte devient une succession de contrats que l'on fait signer aux victimes de Wolland. Marguerite, même si elle hésite, accepte la crème magique. le « grand bal chez Satan » du chapitre XXIII est un moment particulièrement savoureux… : ainsi, les éléments structuraux du sabbat (onction, vol nocturne et métamorphose) sont bien à l'honneur dans ce livre. L'état de possession de Marguerite est parfaitement bien rendu : modification de l'état psychologique, agitation, méchanceté, violence…


L'intrigue est, en fait, très complexe, entre histoire collective et histoire du couple formé par le Maître et Marguerite et mise en abyme d'une autre fiction romanesque dans le roman lui-même : le diable prend l'apparence de Wolland, un illusionniste, et bouleverse le milieu littéraire moscovite.
Parallèlement, le Maître écrit un roman historique à scandale sur un épisode biblique et se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique où il va se confier à Ivan Nikolaïevski devenu fou à cause des agissements de Wolland, en particulier la mort de Berlioz. C'est au niveau de ce lieu emblématique qu'est l'hôpital psychiatrique que le collectif et l'individuel se rejoignent : c'est là que seront enfermés toutes les victimes de Wolland.
De plus, Boulgakov s'amuse avec la temporalité car même si Wolland récite le roman du Maître dès le début du livre, le lecteur ne sait pas encore de quoi il s'agit exactement ; c'est seulement au chapitre XIII, intitulé « Apparition du héros » que l'on comprend (ou pas) que si Wolland connaît le sujet du roman, c'est parce qu'il a été contemporain des faits racontés … et qu'il connaît la vérité sur Pilate.
Enfin, il y a encore un niveau de lecture autour de Marguerite qui devient une sorcière dotée de pouvoirs surnaturels le temps du bal où elle sert de maîtresse de maison pour recevoir les invités du diable ; en échange, elle choisit de retrouver le Maître… Je ne dévoilerai pas la fin : lisez !
Dans ce pacte funeste avec le diable peut se lire une remise en question de la création littéraire puisque Wolland s'est approprié l'oeuvre du Maître que ce dernier avait pourtant brûlée ; ainsi, Wolland l'illusionniste synthétise toutes les illusions humaines à travers la littérature, qu'elles soient politiques, idéologiques, philosophiques ou religieuses. La magie noire devient métaphorique des instincts mauvais et bassement matériels, de l'amoralité des grands principes de la société stalinienne et de sa propagande : les têtes coupées ou retournées renvoient symboliquement au lavage de cerveau. À la fin du roman, avec la tentative d'imposer une explication rationnelle et scientifique aux évènements surnaturels, Boulgakov montre bien que le communisme est une illusion aussi trompeuses que toutes les autres.


En ce qui concerne les personnages, on peut voir dans Wolland et dans le Maître des doubles intra-diégétiques de Boulgakov dans deux sortes de mise en scène. Avec l'illusionniste Wolland, il se fait metteur en scène de l'anarchie au sens théâtral du terme, transformant la ville de Moscou en grand cirque digne des films muets, des arts clownesques et même de l'opéra. L'association du fantastique avec la théâtralité souligne la manière dont le régime stalinien manipule les individus : le peuple se croit acteur alors qu'il est victime.
Avec le Maître, il se met lui-même en scène en tant qu'écrivain même si c'est, selon moi, encore plus compliqué puisque c'est Boulgakov qui fait l'unité stylistique de l'histoire biblique et la transfigure en une sorte de texte sacré malgré le trio énonciatif formé par Wolland qui récite, Bezdommy qui rêve et le Maître qui écrit. le vagabond philosophe mis en scène dans le roman du Maître est porteur lui aussi d'interrogations philosophiques, dans un univers religieux discrètement suggéré avec la problématique de la culpabilité et du pardon, une allusion à une forme de sainteté pour le Maître qui se voit proposé un repos éternel romantique et musical.


Dans le Maître et Marguerite, Boulgakov réunit, grâce à l'immense liberté d'écriture permise par le caractère surnaturel de son roman, le propos satirique, les péripéties comiques voire grotesques, une forme de tragique et un questionnement moral, politique et esthétique. Ce roman relie les grandes problématiques chères à Boulgakov : le régime stalinien comme mal absolu et la position de l'écrivain rejeté et muselé dans une société liberticide. le personnage du diable est là pour mettre à mal la société scientifique positiviste du régime soviétique et brouiller le jeu de la vraisemblance.
J'ai beaucoup apprécié l'intertextualité sous-jacente avec les références à Pouchkine, Dostoïevski ou Gogol, sans oublier le mythe faustien, naturellement
Je ressens une forme de sympathie pour le personnage de Wolland, certes incarnation du mal et du pouvoir arbitraire et illustration des dérives du régime communiste, mais aussi, selon moi, instigateur d'un désordre et d'une anarchie libératrice. Il possède cette ambiguïté du méchant qui attire et ensorcelle…
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Ce romancier était un génie et un visionnaire.
En parallèle avec l'histoire de la crucifixion de Jésus (le nouveau testament quelque peu modifié), il raconte l'apparition et les méfaits du diable et de ses sbires dans le Moscou post révolutionnaire.
Son but était de décrire par des sous-entendus un régime totalitaire et il a réussi.
Dans cette histoire, on navigue entre suspicion générale, tours de magie et folie générale là aussi.
J'ai apprécié le style et les descriptions réalistes dans leur fantasmagorie...
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Comment critiquer le régime stalinien sans tomber sous le joug des autorités ? Ce roman, c' est la réponse qu'imagine Mikhaïl Boulgakov.
Le récit commence dans un parc de Moscou, le rédacteur en chef d'une revue littéraire demande à un auteur de revoir son travail sur le thème de l'existence
réelle ou imaginaire de Jésus Christ. Un troisième personnage s'insinue dans la conversation, un certain Woland. A partir de cette rencontre une immense pagaille va régner dans Moscou. Nous nous retrouvons dans un «pays des Merveilles» cauchemardesque avec en alternance deux scènes d'action, l'une dans le Moscou des années trente, l'autre dans la Judée de l'époque du Christ.
A Moscou Woland (Satan moderne) s'en donne à coeur joie avec les interventions de trois diables loufoques qui permettent au passage une critique du système. 
Des situations surréalistes, kafkaïennes s'enchaînent dans un univers onirique, bouffée d'évasion du réel. Plus on avance dans le roman, Un pur délice.
Quand l'action se passe dans l'antiquité, elle est centrée sur la rencontre entre Ponce Pilate et Yeshoua Ha-Nozri (Jésus). Yeshoua est un homme paisible et doux, qui décèle dans la moindre parcelle de bonté dans le coeur de chacun, et qui est suivi par Matthieu Levy qui recopie ses propos en les déformant.
Pilate est condamné à rêver nuit après nuit, année après année, qu'il a laissé la vie sauve à Yeshoua pour réaliser tous les matins réalise que celui-ci est mort
Il pense avoir vendu son âme au Diable en sacrifiant un innocent à la réussite de sa carrière. Pilate, bien sûr, c'est Boulgakov. de même que Pilate aurait pu gracier Yeshoua, Boulgakov aurait pu refuser l'aide de Staline pour survivre malgré l'interdiction de ses oeuvres, l'un a préféré préserver sa carrière en laissant condamner un innocent, l'autre n'a pas eu le courage d'affronter le goulag ou un procès après tortures.
Je m'arrête là car une critique n'est pas un résumé...
Le style est poétique et léger, aérien, teinté de cynisme et d'humour. La construction narrative semble sans logique apparente, mais tout s'enchaîne avec aisance. En bref, c'est un des meilleurs roman russe du XXème siècle.
A lire absolument.
J'oubliai, c'est aussi un livre qui a inspiré beaucoup de monde dans des registres divers : plusieurs groupes de rock («Sympathy for the Devil», ...), Salman Rushdie pour « les versets sataniques » qui sont dans la même verve,...
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Boulgakov réadapte magistralement le mythe de Faust dans ce roman foisonnant de références culturelles et littéraires en donnant comme cadre au déroulement de l'action, la Russie stalinienne vertement critiquée dans ses aspects le plus sombres.
Tout commence par une rencontre singulière, un soir d'été, au bord d'un étang...Alors que le poète Ivan et le Président d'une association littéraire, Berlioz, dissertent savamment sur l'existence de Jésus de Nazareth et échangent des considérations sur le fait religieux, ils sont abordés par un homme étrange qui se mêle à leur conversation et va faire vaciller leurs certitudes , puis les entrainera dans un engrenage diabolique ...
Quand Satan et ses savoureux acolytes décident de bouleverser la vie des moscovites, ils ne manquent décidément pas d'imagination et tous ceux qui croisent leur chemin connaitront les aventures les plus extraordinaires.
Le récit est d'une drôlerie irrésistible et les victimes des maléfices diaboliques sont confrontées à leurs propres turpitudes dans une série de catastrophes qui s'enchaînent avec une inventivité constamment renouvelée.
Le roman fantastique devient toutefois grave quand il met en scène le couple qui lui a donné son titre, le Maitre qui écrit le livre maudit revisitant l'histoire tragique de Jésus et la belle Marguerite, prototype de la femme amoureuse prête à tout pour l'être aimé.
J'ai adoré l'humour noir de certaines scènes avec un préférence pour celles mettant en scène un énorme matou malicieux, le chat Behémot (clin d'oeil à son homologue félin du Chestshire ?).
J'ai apprécié à sa juste valeur le courage de Boulgakov qui n'a pas hésité à livrer dans ce roman, une critique sans concession du stalinisme avec son lot d'arrestations arbitraires, de dénonciations sordides, de présence policière et d'atteintes de tous ordres aux libertés.
Mais c'est peut-être le questionnement spirituel du Maître qui touche le plus au coeur le lecteur en apportant une fois de plus la preuve que l'âme russe, toute empreinte d'orthodoxie ,est bien loin d'avoir chassé de ses préoccupations le fait religieux qualifié comme chacun le sait d'"opium du peuple" par le pouvoir en place.
Ce beau roman présente des strates de lecture différentes et c'est là toute sa richesse . le tragique à la Karamazov n'exclut pas le fantastique, la critique sociétale se dissimule derrière l'effet comique.
Un roman majeur pour le 20ème siècle qui promet en outre un plaisir de lecture incomparable.
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Un livre qui vaut ses douze années d'écriture! L'ayant écrit entre 1928 et 1940, je dirais pas que l'écriture soit aussi excellente que ça ou encore fluide que c'en a l'air mais Boulgakov a eu toute la prépondérance de nous concocter une histoire complexe d'une façon à être accessible au point que aimer ou pas aimer le livre, on est certain d'avoir parcouru un chef-d'œuvre. Comme un diable qui se déplume à chaque poussée de ses ailes (s'il en a bien sûr) ou comme un dieu qui doit éteindre un feu déployé dans le paradis par l'excès de sa propre lumière, l'auteur s'est attelé à dépeindre l'arrivée d'un demi-dieu qui s'est offert une seule mission détruire la pensée en Russie...on assiste dans Le Maître et Marguerite à la descente d'un diable qui sème de la zizanie dans le monde littéraire et dans celui des artistes...c'est bien dans ce monde où sommeille la pensée...alors il faut l'éteindre cette matière de la philosophie! Ca se fait d'une manière aussi scandaleuse que toute la Russie se retrouve aux abois.
Boulgakov nous transpose dans le fantastique, sur ce, il ouvre la grande porte, c'est le diable lui-même qui fait sa descente à Moscou. Accompagné de ses acolytes, il fait d'Ivan Nikolaïevitch sa première victime, un célèbre poète qui, une fois qu'il ait vu son ami Mikhaïl Alexandrovitch, un journaliste, se faire décapiter par un train, va perdre la raison et va sombrer dans la folie. Puis on assiste à un enchainement de victimes de même genre jusqu'à ce qu'intervienne Marguerite, une femme quelque peu spéciale qui sera transformé en sorcière...
Je suis loin de dire que ce livre est une merveille mais c'est un grand livre! Et ça se lit avec beaucoup d'interrogations!

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J'ai pris un plaisir immense à lire ce roman délicieusement loufoque car il est magnifiquement bien écrit. J'ai rarement éprouvé le sentiment lors de mes lectures d'être à ce point immergé dans le récit que j'en oublie tout le reste. C'est ce qui s'est produit et je souhaite à tout lecteur de ce chef d'oeuvre de vivre la même sensation. Il est fort probable que je relise ce livre plusieurs fois tellement il m'a plu. L'histoire mêle le réel et le paranormal, mais reste toujours imprégnée d'un souci de cohérence pour le lecteur, ce qui la rend particulièrement intéressante.
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Pour avoir déjà lu deux adaptations du roman de Mikhaïl Boulgakov "Le Maître et Marguerite", l'une en bande dessinée et l'autre en pièce de théâtre, je connaissais l'histoire assez complexe de cette diablerie moscovite. Cette complexité est accentuée avec le roman qui donne plus de détails mais c'est peut-être ce qui en fait le charme.
Mikhaïl Boulgakov peint un monde irréel et pourtant ancré dans des lieux qui existent bien. Il nous emmène à Moscou où il propose une sorte de grand opéra dont le chef d'orchestre serait le diable.
Dans la capitale russe des années trente, deux écrivains, Ivan et Berlioz, discutent sur un banc et s'interrogent sur l'existence de Dieu. Ils n'y croient pas. Tout à coup, un personnage apparaît, le professeur Woland accompagné d'un chat qui parle. C'est le diable qui débarque sur terre sans prévenir et va mener Berlioz à la mort et Ivan à l'hôpital psychiatrique. C'est là qu'il rencontre le Maître, écrivain raté et dépressif, auteur d'un livre sur Ponce Pilate et devenu fou suite à l'échec de son roman.
Pendant ce temps, Marguerite, son grand amour, déterminée à le retrouver, se transformera le temps d'une nuit en princesse-sorcière pour se rendre au Bal de Satan.
Ce qui est le plus complexe ce sont les retours à Jérusalem comme une mise en abyme du roman du Maître où sévit Ponce Pilate procurateur de Judée. Comme j'ai peu de connaissances religieuses, je n'ai pas tout compris.
Mais ce qui compte, c'est le texte critique, l'appel à l'imagination comme dissidence face à l'ordre imposé au coeur d'une épopée endiablée.
C'est Patti Smith qui m'a fait connaître Mikhaïl Boulgakov. Dans son livre "M train" elle évoque "Le Maître et Marguerite" qu'elle considère comme un chef d'oeuvre. J'y ai vu une merveilleuse histoire d'amour ainsi qu'une satire politique et un manifeste pour la liberté de penser. Il est certain qu'il s'agit d'un roman-culte de la littérature russe du 20ème siècle qui entraine le lecteur dans une fantastique sarabande méphistophélique.


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