Le deuxième tome des aventures de Louis Ruest de 1358 à 1366.
Louis Ruest exerce toujours sa fonction de bourreau à la ville de Caen en tant que Maître Baillehâche. Repéré par le roi Charles de Navarre, il va peu à peu gagner l'estime et les confidences de son souverain. Ce dernier le fiance à la très jeune Jehanne d'Aubignac.
Louis s'installe donc au domaine de Hiscoutine, près de Caen et va partager son temps entre remettre le domaine d'aplomb et exécuter la justice à Caen. Au calme, loin des intrigues politiques et libéré de ses pulsions vengeresses, il va graduellement commencer à retrouver un certain équilibre.
Le récit est une très belle fresque des moeurs de l'époque, entre une aristocratie boudeuse et facétieuse qui se régale des complots politiques, et une campagne encline à reconstruire ce que la peste et la guerre ont ravagé, l'histoire fourmille de détails sur les techniques d'agriculture et la vie paysanne ainsi que sur le climat politique et religieux.
J'ai aimé que l'histoire soit moins centrée sur le rôle de bourreau exercé par le protagoniste principal, même si certaines scènes sont toujours assez dures à lire.
Les personnages des deux enfants que sont Jehanne 7 ans et son ami Sam, guère plus âgé, amènent une vraie touche d'innocence.
Louis, en sa qualité de maître des lieux, observe avec intérêt cette enfance qu'il n'a jamais pu connaître et il paraît par moment redevenir presque humain.
Les éléments historiques foisonnent, le pillage du royaume de France par les Routards et l'atmosphère de peur et d'abandon dans les campagnes est bien montré.
J'ai, une fois de plus, passé un très bon moment en compagnie de tout ces personnages.
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J'avais gardé un excellent souvenir du premier volume de cette série, avec ses somptueuses descriptions des boulangers de Paris à la fin du Moyen-Age et une histoire d'adolescence qui ne m'avait pas laissée indifférente...
Hélas, cette suite ne me semble pas à la hauteur du premier volume. Après quelques dizaines de pages d'introduction très chargées en tensions émotives - un peu difficiles à suivre quand on a lu le premier volume il y a des années - on bascule sur une intrigue politique : Louis est convoqué par Charles de Navarre, qui veut faire de lui son conseiller, honneur qui suscite des complots contre lui. Je dois avouer avoir trouvé le ressort d'intrigue quelque peu improbable. Puis, Louis est évincé de la cour et reçoit en dédommagement l'ordre de se marier avec une fillette noble et désargentée, ce qui lui donnera la possession du domaine. L'essentiel du livre décrit comment Louis va faire revivre ce domaine ruiné, conquérir le coeur de la petite Jehanne, et affronter son amoureux.
La description du Moyen Age reste passionnante, mais le rythme de cette partie est très lent, avec beaucoup de redites. La psychologie des personnages est intéressante, avec ce personnage d'enfant martyr devenu adulte et bourreau, qui refuse de se laisser aimer ou de laisser prise à des sentiments. Mais malheureusement, tous ces éléments sont plutôt amenés de manière bavarde par les analyses verbeuses du père Lionel, plutôt que compris par le lecteur.
Un roman a conseiller uniquement aux passionnés de romans historiques.
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Le deuxième tome relate la vie de Louis Ruest de 1358 à 1366. Malgré un métier très mal vu, ce bourreau arrive à être apprécié par le roi, Charles II de Navarre, dit le mauvais. Mais suite à une intrigue, le roi ne peut plus le garder auprès de lui. Il le remercie de ses bons offices en lui donnant le domaine d’Hiscoutine, près de Caen et le fiance à la très jeune héritière des lieux (7 ans) Jehanne d’Augignac. Le mariage entre la Licorne (Jehanne) et la manticore (Louis) aura-t-il lieu ?
J’ai apprécié ce second tome mais le rythme est plus lent. Le personnage principal s’installe dans la vie comme grand maître d’un domaine. Son métier est mis dernier plan.
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Toujours belle écriture, description fouillée et avec le souci de la précision. Ambiance toujours lourde, mais on ne peut pas ne pas aimer le personnage de Louis, malgré sa fonction.
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Nous retrouvons notre héros, Louis Ruest, que la vengeance assouvie à l'égard de son père n'a pourtant pas apaisé.
Il est désormais un homme convoité des puissants, et après avoir éconduit le coeur d'une gente dame et déjoué des complots à la cour du roi Charles II de Navarre, ce dernier lui offre un domaine à condition qu'il épouse la jeune Jehanne D'Augignac.
Le bourreau ne sait pas encore qu'il est l'objet d'un plan orchestré par un être qui l'aime plus que tout et qui à foi en sa rédemption, envers et contre tout.
L'amour pur de Jehanne saura-t-il raviver l'âme noire et éteinte de Louis ? Cet amour sera-t-il assez fort pour résister aux épreuves qui semble s'acharner sur ce colosse à l'âme meurtrie et au coeur brisé, effrayé d'aimer et de se laisser aimer ?
Ce tome 2 du Maître des peines relate une histoire de rédemption touchante, parce qu'humaine. L'histoire de Louis et de Jehanne est émouvante, captivante, et redonne espoir dans l'humanité.
L'intrigue est bien menée et la psychologie des personnages, profonde, constitue un des points forts de l'oeuvre. En effet, l'auteur nous invite à voir au-delà des apparences, à croire au meilleur en chacun, même lorsque l'on fait face au pire.
Les personnages, employés du domaine, forment une belle et joyeuse famille à laquelle le lecteur ne peut que s'attacher.
Bravo pour ce roman transportant, touchant, intriguant, qui amène le lecteur à s'interroger sur la psychologie humaine et sur les raisons et les événements qui font de chacun ce qu'ils sont.
- Les épreuves, bien davantage que le temps, ont le don de modeler l'âme d'un homme. Tu as beaucoup souffert, Louis. Et tu as changé.
- Mon passé est dur à porter.
- Ton présent est dur à accepter.
Louis acquiesça. Antoine dit encore :
- Et ton avenir est dur à imaginer.
- Est-ce ma faute à moi si ma tignasse n'a pas blanchi ? C'est comme ça. Avant, j'étais roux comme Sam.
- Il faut toujours que tu fasses tout autrement des autres, toi, dit Margot, taquine.
- Le gris est trop banal, ma belle. Il donne le vague à l'âme.
- Merci bien, fit-elle en levant les yeux vers l'une de ses propres mèches qui s'était échappée de sa coiffe.
- Oh, mais ne te méprends pas. Tes cheveux à toi ne sont pas du tout gris. Et je te défends bien de leur laisser prendre cet aspect terne. Poivre et sel, voilà ce qu'il sont. L'assaisonnement de mes vieux jours.
Il soupira, assis par terre au milieu du gâchis occasionné par une caisse qui l'avait suivi dans sa dégringolade en bas de l'escalier.
- Pas de bobo, mon père ? demanda Hubert en se hâtant de venir à la rescousse.
- Non, excepté à l'orgueil peut-être, mais on ne doit pas en tenir compte.
Cet après-midi-là, cependant, l'air sentait à nouveau le nord. Aucun flocon n'était encore tombé, car le ciel avait été soigneusement astiqué par la froidure. La terre crissait sous leurs pas comme du sucre candi.
Le Maitre des Peines, Marie Bourassa