Histoire secrète du débarquement

Une visite du très intéressant et très didactique Mémorial de Caen m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur l'opération Overlord.

Cet ouvrage présente de manière simple, vivante et illustrée le contexte de cet événement qui marqua un tournant dans la seconde guerre mondiale.

D'un côté : les forces d'occupation allemandes campent sur le territoire français, protégées par 'le mur de l'Atlantique' sur les frontières de l'ouest et du nord-ouest de la France.
En face : les forces alliées à la Grande Bretagne (Etats-Unis, Canada…) souhaitent libérer l'Europe, et pour cela éviter une défaite de l'URSS sur le front est qui aurait permis à Hitler d'accroître ses capacités militaires à l'ouest.

'Le mur de l'Atlantique' comporte notamment :
- le long des côtes : 12 000 bunkers, mines, fossés antichars, 'hérissons tchèques' (tétraèdres en acier sur les plages pour en empêcher l'accès)
- dans les terres : 'asperges de Rommel' (pieux partiellement enfoncés au sol pour entraver des atterrissages), divisions de Panzers pour 'accueillir' les assaillants…

Le maréchal Erwin Rommel (1891-1944, dit 'le Renard du désert' suite à ses succès militaires en Afrique, nommé en France en novembre 1943) et son supérieur hiérarchique Gerd von Runstedt (1875-1953) sont en désaccord sur la stratégie défensive à privilégier. Le premier souhaite renforcer les défenses côtières pour empêcher un débarquement tandis que le second préfère renforcer la défense à l'intérieur des terres pour défaire les armées. Hitler ne choisit pas franchement de stratégie, et confie la direction de divisions allemandes à chacun d'eux, affaiblissant ainsi les capacités de réaction de l'occupant. De leur côté, les alliés ont opté pour un commandement unique confié à Eisenhower (1890-1969, élu Président des Etats Unis en 1952 puis en 1956).
A cette erreur s'ajoute l'efficacité de la désinformation des alliées sur ses forces et sa stratégie.

L'opération Fortitude fait croire à Hitler que les alliées disposent de troupes et de matériels prêts à débarquer dans la Manche. Quelques semaines avant le 6 juin, une armée fictive manoeuvre au sud-est de l'Angleterre (publication dans la presse de faux bans de mariages entre GI's et jeunes anglaises, véhicules en bois, chars gonflables…), et dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 des 'poupées Rupert' s'autodétruisant à l'atterrissage sont larguées dans le Pas-de-Calais pour faire croire à l'arrivée de parachutistes.
A la demande des alliés, quelques heures avant le débarquement, l'espion Joan Pujol Garcia (1912 Barcelone - 1988 Caracas), alias Garbo (référence à l'actrice Greta), qui s'est secrètement détourné des allemands pour servir les alliés envoie un message codé à son interlocuteur allemand l'informant d'un débarquement en Normandie. Les alliés savent qu'au moment où ce message parviendra décodé aux commandements allemands, cette information sera déjà connue d'eux. Quelques heures plus tard, lorsque Garbo annonce aux allemands que les alliés s'apprêtent aussi à débarquer massivement dans le Pas-de-Calais, ceux-ci renoncent à transporter des troupes du Pas-de-Calais vers la Normandie.
Hitler s'est laisser duper, et a trop cru à ses armes secrètes (fusées V1 et V2). En avril 1944, Rommel avait pourtant prévenu : « Si vous pensez qu'ils vont arriver par beau temps, en empruntant l'itinéraire le plus court et qu'ils vous préviendront à l'avance, vous vous trompez. Les alliés débarqueront par un temps épouvantable et en choisissant l'itinéraire le plus long. Le débarquement aura lieu ici… en Normandie ».

La durée de bataille de Normandie (80 jours, beaucoup plus qu'anticipé par les alliés) montre que cette erreur d'Hitler facilita grandement la tâche des alliés.

Je recommande vivement cet ouvrage de vulgarisation historique, qui donne envie d'en savoir plus. Quelques cartes supplémentaires y auraient été bienvenues.