Un temps pour les caresses

Un roman français un peu trop symptomatique de la production courante: une histoire et des thématiques ( le deuil, le changement de vie, les bourgeois parisiens, la rencontre avec une jeunette) pas assez originales sur le papier et dans la facon dont elles sont traitées..aussitot lu, aussitot oublié..

Je crois avoir lu tous les romans de cet auteur. Drôle, branché, et je fus un peu surpris de lire cette histoire sur la mort du père.
On arrive à l'âge (j'ai une petite quarantaine) où ça pond à tout va autour de vous, où les vieux copains disparaissent sous les couches et les rendez-vous chez le pédiatre.
Mais c'est aussi l'âge où l'on perd nos proches. Et dans le roman de Thomas Bouvatier, le père du héros se suicide. C'est plus que faire le deuil, c'est aussi comprendre pourquoi son père s'est donné la mort. François, tel un petit saumon paumé, essaie de remonter le fil de ses souvenirs. Ce père distant, cette famille recomposée, ses frangins, l'héritage, à quoi ça rime tout ça.
C'est un roman sincère, drôle, assez décapant, qui parle de notre besoin de tendresse, de cette faille de l'enfant en quête d'affection et qui nous accompagne toute une vie.

Dans son charmant roman Les Aristocrates, Michel de Saint-Pierre exprimait cette très jolie idée qu'un aristocrate est d'abord celui qui parle avec légèreté de sujets graves.
Thomas Bouvatier est beaucoup plus contemporain que Michel de Saint-Pierre mais je vois dans ce roman quelque chose d'assez aristocratique. Très français. Cette manière de parler avec légèreté, humour d'un sujet grave. le décès inexpliqué ou inexplicable. C'est un roman de maturité pour Thomas Bouvatier. le décès du père est un passage à l'âge adulte. le thème du livre est un thème d'adulte. Thomas Bouvatier cherche à comprendre la vie en parlant de la mort avec plus de gravité que dans ses précédents écrits. Et pourtant la même légèreté. Cette forme d'aristocratie lui va bien.

Un roman à l'os que j'ai beaucoup aimée, avec une intrigue forte, existentielle, où le héros est à la fois la potentielle victime et le potentiel meurtrier. Et il entre dans sa quête avec une sincérité touchante. Louise est d'un opportunisme si naturel qu'il en devient presque gênant. Quant au petit frère, j'ai adoré sa verve acerbe et son ambiguité. La réflexion sur le bonheur vrai est ouverte. On attend presque la suite.

UN TEMPS POUR LES CARESSES de THOMAS BOUVATIER
À la mort du patriarche les enfants font face à l'héritage aux non dits et aux ex femmes. On lave son linge sale. Un livre bien construit une plume acérée j'ai bien aimé cet auteur que je ne connaissais pas.