Mémoires de Frank Sheeran, tueur de la mafia américaine, recueillies par
Charles Brandt, écrivain enquêteur. Elles débutent de sa jeunesse, de son passé de GI pendant la Deuxième guerre mondiale, pour se terminer dans la prison puis dans le mouroir où, perclus d'arthrite, il endura une fin de vie douloureuse. Elles évoquent son acceptation dans la mafia italienne – il était Irlandais –, sa montée dans la hiérarchie, son amitié avec le syndicaliste Jimmy Hoffa qu'il tua sur contrat avant de le faire disparaître. Il ne reconnaîtra ses actes qu'à l'orée de sa mort. L'histoire est racontée dans un style très visuel qui inspira probablement de Niro et Scorsese pour produire son adaptation,
The Irishman – excellent film. C'est donc un livre d'action, très descriptif et avec peu de phases d'introspection, on s'en doute. Style direct, alerte, très oral. Un livre qu'on lit comme un thriller, mais c'est authentique, et qui a surtout le mérite immense de montrer de l'intérieur le fonctionnement d'un pan de la société américaine. Celle de syndicats tout puissants – à faire rêver la CFDT –, liés étroitement à la mafia – à faire rêver la CGT – mais aussi très actifs dans les couloirs du pouvoir – à faire rêver Sud, FO et les autres. Les années Kennedy et Nixon occupent une grande partie des chapitres, années où Hoffa installa son pouvoir avec le syndicat des Teamsters. Bref un thriller captivant mâtiné d'une enquête enrichissante.