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EAN : 9782213596679
1243 pages
Fayard (12/06/1996)
4.5/5   15 notes
Résumé :

Pratiquement inconnu jusqu'alors sur les registres de l’Histoire, le peuple perse, depuis sa base de l'Iran méridional (fàrs)., se lance vers 550 av. J.-C. dans une aventure prodigieuse qui, sous la conduite de Cyrus le Grand et de ses successeurs, va aboutir à la création d'un empire immense entre Asie centrale et Haute-Egypte, entre Indus et Danube.

L'Empire perse ou Empire achéménide (du nom de la dynastie régnante) a rassemblé en son sein... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'ouvrage de Pierre Briant est à la mesure du sujet qu'il aborde : si l'empire perse allait de l'Inde à la Libye, son histoire est un énorme volume, une somme de connaissances et d'enquêtes qui peut faire peur au lecteur que les "pavés" impressionnent. Mais si une lecture intégrale est toujours possible, d'autres lectures, transversales, peuvent se faire sans trahir l'esprit du livre, un peu comme un voyageur qui ne pourrait pas tout voir de l'empire-monde des Perses et choisirait sa route à la façon d'Hérodote. Par un bon système de signalisation, d'inter-titres et de références, on peut examiner l'empire perse selon les historiens et voyageurs Grecs, ou le même empire vu par les Perses eux-mêmes, ou bien encore par les Babyloniens, ou par les Egyptiens, ou par les Juifs : la somme de documents textuels, littéraires ou épigraphiques, de langues, de cultures, les études numismatiques, économiques, ethniques et autres, font de ce grand livre un ouvrage de référence pour la période des V° au III°s av. J.-C. et pour le Proche et le Moyen Orient tout entier.
Un seul regret toutefois : les hasards de l'histoire, de l'archéologie et de la géographie obligent l'historien à donner aux récits grecs une importance disproportionnée. Il n'y a pas d'historiens babyloniens ou hindous ou du moins, on ne les connaît pas. Imaginons une histoire des Etats-Unis du point de vue d'un petit village mexicain de la frontière. Parfois, l'histoire perse semble un prolongement de celle des Grecs et peine à se dégager de leur point de vue provincial et étroit : c'est dommage.
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Pierre Briant est professeur au Collège de France, spécialiste d'Alexandre le Grand, il a aussi consacré plusieurs cours à Darius.

J'ai lu ce livre pour la préparation du Capes 2014, concernant la question sur les Diasporas grecques. Mon objectif était d'avoir un aperçu de l'histoire de l'empire perse, ainsi que des éléments généraux sur les conquêtes, sur la gestion des territoires occupés et notamment sur les satrapies. J'ai abandonné l'idée d'en faire une fiche complète. le livre de Pierre Briant est en effet bien plus qu'une synthèse. Il fait plus de 1 200 pages, écrites en petit caractère.

Du coup, le gros reproche que je ferais à ce livre est presque un compliment : il est bien trop détaillé. Cette magistrale synthèse est clairement faite pour les spécialistes, même si des passionnés de l'empire perse (je ne doute pas qu'il y en a) peuvent y trouver très largement leur compte. A mon avis il faut avoir un bon niveau en histoire pour le lire.

Pour résumer : à la fois chronologique et thématique, cet ouvrage donne un vaste aperçu de l'histoire événementielle (notamment la mise en place de l'empire), des structures politiques et sociales, de l'organisation interne (les routes, les satrapies par exemple), évoque les constructions des palais, le fonctionnement de la cour, etc, etc. C'est donc un panorama complet que l'auteur nous propose. Un panorama qu'il veut le plus possible exhaustif, comme il le concède lui-même dans son "introduction".
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L'Iran est de nos jours , surtout pour les faucons Américains , le Grand Satan objet de tous les soupçons et tous les fantasmes. C'est ce qu'était aussi l'Empire Perse pour les Grecs avant qu'ils ne soient les vecteurs de sa chute. Cet immense structure qui fédéra le proche Orient et au-delà fut aussi le creuset d'une brillante civilisation . C'est ce que permet de découvrir ce considérable (1250 p en petits caractères dont 900 d'essai , le reste en notes) ouvrage écrit par un spécialiste universitaire . Il faut du souffle pour en venir à bout mais une fois lu , on a une excellente vision de ce que fut cette immense puissance antique.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La mauvaise réputation de Xerxès chez les Grecs.

Qui plus est, la vision hellénocentrique a envahi les études iraniennes. A preuve l'interprétation que l'on propose habituellement de l'inscription des "daivâ". Faible, cruel, licencieux, Xerxès devient en outre le symbole même de l'intolérance religieuse : "C'est un ton nouveau, un ton propre à Xerxès, le ton d'une religiosité profonde mais intolérante." En s'appuyant sur des sources d'époque hellénistique, on affirme que Xerxès a profondément modifié la politique de ses prédécesseurs, que ce soit en Babylonie ou en Egypte : "Lorsqu'il eut réprimé la rébellion de l'Egypte, il se dépouilla du nom égyptien et traita ce pays d'ancienne culture comme une satrapie ordinaire ; par la démolition du temple de Mardouk, il frappa au coeur les prêtres babyloniens, qui avaient ouvert les portes à Cyrus." Certes l'Empire "demeura debout", mais "son érosion intérieure est seule à faire comprendre comment, aux yeux d'un monde déconcerté, toute cette magnificence s'écroula en ruines sous le poing gigantesque d'Alexandre" (M. Mayrhofer). Où l'on retrouve Platon, à travers un détour sinueux par les sources du centre, elles-mêmes revisitées par la figure d'Alexandre !

Histoire et décadence. Si de telles reconstructions ont pu être proposées, c'est que l'idée même de décadence parcourt toute la littérature occidentale sur le "despotisme asiatique". Cependant, elles ne sont pas fondées uniquement sur une aveugle confiance envers les sources grecques. Elles procèdent également d'une adéquation mécaniste de l'exposé narratif à l'inégale répartition documentaire. Car, à partir de Xerxès, les sources du centre sont incomparablement moins abondantes et diversifiées que sous Darius. Le nombre de documents babyloniens et égyptiens se réduit d'une manière drastique. Aussi bien les documents archéologiques que la plupart des tablettes du Trésor et nombre d'inscriptions royales font essentiellement référence aux travaux de construction du Grand Roi... Le fait reste donc : les sources du règne de Xerxès sont insuffisantes et lacunaires, et il est ainsi exclu de vouloir retracer une histoire narrative continue.

pp. 533-534
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L'inscription de la falaise de Behistoun.
Mais, tout compte fait, le plus nouveau dans ce monument est tout simplement que, pour la première fois, la langue perse (arya) a été écrite. Quelles que soient en effet les discussions, qui continuent, sur la signification précise du §70 et sur l'acte même de la transcription d'un texte déjà gravé en langue élamite, on s'entend aujourd'hui pour admettre qu'il s'agit là d'une innovation majeure de Darius (qui n'hésita pas à l'utiliser à Pasargades, pour capter à son profit le prestige de Cyrus). Jusqu'alors, la transmission en perse de la geste des rois s'était opérée exclusivement par le biais de récitations et de chants, et par l'intermédiaire des maîtres de la mémoire. Certes, la transmission orale est restée une constante tout au long de l'histoire du peuple perse, comme le montre le rôle notable joué, en l'affaire, par les mages. Mais une telle observation donne plus d'importance encore à la première attestation indubitable d'une écriture royale, gravée devant le roi (et portée sur argile et sur parchemin) - exemple suivi par tous les successeurs de Darius. De ce fait même, le Grand Roi entendait lui aussi, et lui d'abord, être un maître de vérité, il entendait contrôler la tradition qu'il voulait transmettre aux générations futures : la parole royale - portée sur le roc - était mise sous la protection d'Ahura-Mazda, contre tous ceux qui auraient l'intention de la détruire : c'est ainsi que le roi transmet non seulement le souvenir de ses exploits uniques, mais également sa généalogie, et qu'il prend à cet effet les mesures propres à la diffusion de sa parole dans tous les pays, après l'avoir en quelque sorte authentifiée, puisque le texte a préalablement été lu devant lui. Dans le même temps, la mémoire royale est figée. Personne, pas même ses successeurs, n'aura le droit de la remettre en cause : sur le rocher le Behistoun, l'histoire de l'historien est niée à tout jamais.

p. 139
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Jugements d'auteurs grecs sur le luxe des rois perses.

... développant leur discours favori, où se mêlaient des jugements péremptoires sur l'inéluctable effet dissolvant de la richesse et une admiration fascinée pour le luxe et la puissance du Grand Roi. Néanmoins, et en dépit de leur parti pris et de leur myopie observatrice, leurs comptes rendus témoignent aussi de la réalité de la splendeur royale, que les règlements auliques se chargeaient de mettre quotidiennement en scène. Car, aux yeux des Grands Rois eux-mêmes, le luxe des palais, la profusion des Trésors, la splendeur des fêtes ou la richesse des tapisseries et des vêtements étaient une marque de leur puissance ostentatoire. C'est bien ainsi que le comprit Héraclide du Pont dans son ouvrage Du Plaisir (Peri Hêdonês), où il s'opposait de manière provocante à la théorie dominante :

"Les tyrans et les rois, maîtres de toutes les bonnes choses de la vie, dont ils ont l'expérience, mettent leur plaisirs à la première place, car le plaisir rend la nature humaine plus noble. En tous cas, toutes les personnes qui s'adonnent au plaisir et choisissent une vie de luxe sont nobles et généreuses : ainsi les Perses et les Mèdes. Car, plus qu'aucun autre peuple dans le monde, ils s'adonnent au plaisir et au luxe, et tout en même temps pourtant ils sont les plus nobles et les plus courageux des barbares. En fait, jouir du plaisir et du luxe est la marque des hommes libres : cela délie et élève l'esprit. Au contraire, vivre une vie de travail est la marque des esclaves et des hommes de basse naissance. " (Athénée, XII, 512a-b, cf Plutarque Artaxerxès, 24.9-10).

pp. 312-313
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Un empire multiculturel.
La faiblesse de l'Empire face à l'invasion macédonienne épouse exactement la force qui l'a cimenté tout au long de la période qui va de Cyrus à Darius III. Les Perses n'avaient jamais tenté de porter atteinte aux traditions reconnues de leurs sujets : multi-ethnique, l'Empire est resté multiculturel, comme en témoigne par exemple l'extraordinaire variété linguistique (e.g. Diodore §53.4) Même si l'unité politique et le brassage des populations ont permis également de remarquables processus interculturels, il n'en reste pas moins que fondamentalement, un Grec se sent grec et parle grec, un Egyptien se sent égyptien et parle égyptien, de même pour les Babyloniens et n'importe quelle autre population, y compris les Perses, qui n'ont jamais cherché à diffuser leur langue ni à imposer leur religion. (...) En d'autres termes, il n'existe pas d'identité achéménide, qui serait susceptible de pousser les populations, dans leur diversité, à se lever pour défendre des normes communes. Dans d'autres types d'Etats - les Etats-nations - une défaite en bataille rangée ne signifie pas la fin de la communauté : celle-ci peut éventuellement organiser une guerre de résistance sur les arrières de l'adversaire. Mais une telle stratégie suppose réalisées des conditions étrangères à l'Etat achéménide. Tout au contraire, les structures politico-idéologiques qui organisent et régissent les territoires et les populations abandonnaient nécessairement le destin de l'Empire au sort des armes, qui décidait rapidement les élites des pays à rallier le vainqueur et à lui transférer leur allégeance. Dès lors que les armées royales ont été vaincues, les dirigeants locaux se sont donc trouvés devant une situation assez simple, que leurs ancêtres avaient connue lors des conquêtes de Cyrus : négocier avec le vainqueur le maintien de leur position dominante à l'intérieur de leur propre société, ce qui passait par la reconnaissance, de la part du vainqueur, des attributs idéologiques de l'identité de la communauté, à savoir la puissance des sanctuaires et la perpétuation des cultes traditionnels. Concessions que non seulement Alexandre était tout prêt à reconnaître, mais qu'il sollicitait lui-même.

pp. 887-888
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Dans ces conditions, s'il existe bien une idéologie royale, parfaitement opératoire au centre, il n'existe pas réellement d'idéologie impériale (...) En d'autres termes, il n'existe pas d'identité achéménide, qui serait susceptible de pousser les populations, dans leur diversité, à se lever pour défendre des normes communes. Dans d'autres types d'états - les états-nations - une défaite en bataille rangée ne signifie pas la fin de la communauté : celle-ci peut éventuellement organiser une guerre de résistance sur les arrières de l'adversaire. Mais une telle stratégie suppose réalisées des conditions étrangères à l'état achéménide. (...) Dès lors que les armées royales ont été vaincues, les dirigeants locaux se sont donc trouvés dans une situation assez simple, que leurs ancêtres avaient déjà connue lors des conquêtes de Cyrus : négocier avec le vainqueur le maintien de leur position dominante à l'intérieur de leur propre société, ce qui passait aussi par la reconnaissance, par le vainqueur, des attributs idéologiques de l'identité de la communauté, à savoir la puissance des sanctuaires et la perpétuation des cultes traditionnels. Concessions que non seulement Alexandre était tout prêt à reconnaître, mais qu'il sollicitait lui-même.

p. 888
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Vidéo de Pierre Briant
Leçon inaugurale de Pierre Briant prononcée le 10 mars 2000. Pierre Briant fut professeur du Collège de France, titulaire de la chaire Histoire et civilisation du monde achéménide et de l'empire d'Alexandre.
Retrouvez ses enseignements : https://www.college-de-france.fr/fr/chaire/pierre-briant-histoire-et-civilisation-du-monde-achemenide-et-de-empire-alexandre-chaire-statutaire
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